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Eggo, petit coeur électronique sensible

Eggo ? Google Images vous répondra invariablement gaufres rondes enrobées de sirop d’érable. Passées ces douceurs gastronomiques, Eggo est aussi l’un des producteurs les plus excitants de cette rentrée. Porté par un superbe EP, le Français nous ouvre la porte de ses songes électroniques. On y croit très fort.

Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je suis Horizon, Drops, Panorama, mais aussi Curves et bien d’autres… De façon moins abstraite, je m’appelle Thierry, j’ai 23 ans et je vis dans un beau bordel de claviers, racks et câbles en tous genres dans un coin de campagne du sud-est de la France.

Sur ta page Facebook, on peut lire ceci :  « J’aime l’idée de rapprocher la musique à la littérature et plus particulièrement à la poésie lyrique.  » Composer des tracks électro, c’est ta manière de faire de la poésie ?
En quelque sorte oui. On peut vraiment assimiler l’écriture d’un poème à celle d’un morceau de musique, et ce particulièrement lorsqu’il s’agit de musique électronique: on se retrouve totalement seul face à une page blanche à travers laquelle on dois livrer et retranscrire ses propres émotions de la façon la plus sincère qui soit. Dans les deux cas, ça relève de l’intime. Au même titre qu’un poème ne peut être ni bon ni émouvoir son lecteur s’il n’est pas complètement imprégné du ressenti profond de son auteur, un morceau de musique ne pourra jamais fonctionner s’il n’est pas fait sincèrement… C’est en tout cas la façon dont je vois les choses. Cette expression de sentiments personnels, ce lyrisme, on le retrouve donc dans ces deux formes d’art, c’est pourquoi j’en conclus qu’un poète au travail doit certainement lui aussi passer par tous ces moments d’euphorie, de  mélancolie et de doutes qu’il m’arrive de traverser lorsque je compose un morceau.

On sent que ta musique draine pas mal d’émotions, dans quel état d’esprit es-tu quand tu composes ?
Tout d’abord, je ne sais pas dire vraiment pourquoi, mais la nuit est habituellement un vecteur d’inspiration pour moi. C’est souvent à ce moment-là que je branche mes machines et que je commence à improviser ou explorer une idée survenue plus tôt dans la journée. A force de bidouillages, les sons qui finissent alors par sortir sont ceux de l’humeur du moment: les nappes aériennes et bleutées viendront accompagner la morosité quand la gaieté, elle, amènera des sonorités plus brillantes. Tout ça se fait assez inconsciemment, je me contente plus ou moins de me laisser aller là où me conduisent les émotions, c’est ce qui rend les choses à la fois imprévisibles et intéressantes.

Parle-nous un peu de ton Panorama EP qui vient de sortir sur Timid Records…
Il s’agit de mon troisième EP, mon second chez Timid records avec qui j’ai eu la chance de commencer à travailler fin 2011. Une totale liberté dans le travail, des gens sympas et sincères… Je pense que j’ai trouvé ma maison, ma famille musicale, et pour longtemps. Le maxi est sortit fin décembre 2012, mais les titres sont assez anciens, je les ai enregistrés entre le printemps et l’été de l’année dernière. Tout cela pour dire que ce maxi à été long à faire puisque je travaille plutôt lentement et que j’aime prendre mon temps pour essayer plusieurs possibilités pour un même morceau, que ce soit pour le choix d’un instrument ou d’une version de mixage. Au final, cela à donné trois morceaux relativement « lumineux » en comparaison avec ce que j’avais pu produire jusqu’alors (on en revient à la question précédente), morceaux dont j’ai eu l’occasion de tester l’impact sur scène tout récemment à Angers, avec d’assez agréables surprises. Ces réactions du public, je viens de me rendre compte à quel point c’est précieux… Le live c’est tout nouveau pour moi, et j’ai la sensation que je ne vais pas m’en lasser de sitôt.

Il contient un remix de Camille Rodriguez. Comment en êtes vous venus à collaborer ensemble ?
J’ai découvert le travail de Camille au moment où JL, le boss de Timid records, m’a annoncé qu’il souhaitait lui proposer justement ce remix du titre éponyme. J’ai immédiatement été emballé par l’idée et j’ai eu le plaisir qu’il accepte de s’y coller, avec brio in fine. Son remix est dingue, plein d’énergie et son approche singulière, je pense que c’est exactement ce qu’il fallait pour compléter l’EP. Au-delà de ça, j’admire sa façon de travailler en live notamment, à travers un setup 100% machines audacieux, une vraie prise de risque avec d’autant plus de plaisir qui s’en dégage. J’ai hâte d’avoir l’occasion de voir ça en direct.

En creusant, on tombe aussi sur d’autres tracks plus anciens, comme The Valley. On t’a découvert via ce morceau. Il raconte quoi ?
On peut dire qu’il s’agit d’une sorte d’ode à la nature, c’est en tout cas comme ça que j’ai imaginé la chose. Mais je n’ai pas envie de lui prêter d’intentions particulières, je préfère laisser la liberté à tout un chacun d’imaginer sa propre histoire, rien n’est figé. J’écris un morceau, je le partage, et à partir de là il ne m’appartient plus vraiment, n’importe qui peut se l’approprier et l’interpréter à sa guise. Je ne veux pas jouer le vieux con, mais je pense que nos imaginations sont mises à rude épreuve de nos jours, au sens où elles peuvent tendre à s’atrophier si l’on n’y prend garde, notamment par l’abus de certains médias. Et si l’art et l’un des remèdes, on aurait tort de s’en priver simplement parce que l’on aurait gâché le plaisir…

Quels autres poètes des musiques électroniques admires-tu en ce moment ?
Je ne suis pas DJ, et donc pas perpétuellement plongé dans le son. Du coup, je n’ai pas l’immense culture électronique que certains peuvent avoir. Autrement, j’aurais certainement eu une liste plus conséquente à te donner… Mais j’admire depuis longtemps des mecs comme Agoria, James Holden, Aphex Twin, Boards of Canada pour ne citer qu’eux, et plus récemment Rone ou Olaf Stuut qui a sorti dernièrement un « Over The Hill E.P. » chez les Zaubernuss, un chef d’oeuvre.

Le track que tu aurais aimé produire ?
Question difficile, mais puisqu’il faut choisir je dirais « A Break In The Clouds (Ambient version) » de James Holden.

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