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Densk, marin d’indus

L’autre jour on vous passait dans notre sélection mensuelle indie un titre de Densk sorti de nulle part qui avait joyeusement percuté nos tympans. Un voyage abyssal, aux accents anti-consuméristes, digne d’un speech de Tyler Durden au mariage de Noam Chomsky et Naomi Klein, et qui nous a mené jusqu’à la maquette prometteuse d’un l’album mystérieux. Aujourd’hui ce sont nos rétines qui prennent leur dose de superbe avec un clip fraichement téléchargé sur les internets. On a donc eu carrément envie de frapper à la porte du desk de Densk pour qu’il nous dise tout de ce petit bijou audiovisuel et du projet dont il est extrait.

Dans le chapeau des néologismes des années (20)20 on parle parfois de musique effondriste. Si on est impatient de découvrir l’intégralité de l’album dans toute sa diversité, on peut complètement ranger ce titre audiovisuel sous ce label. Celui aussi dans lequel les morceaux nous touchent aussi bien par ce qu’ils disent à travers les mots qu’à travers les émotions. Si Densk n’est visiblement pas prêt de tenir l’affiche pour faire exploser ce cocktail dans une salle obscure et moite, on n’épargnera pas nos enceintes ni notre casque HD25 de ce nouvel épice indus.

Interview

Plus qu’un one-man-band, Densk est un one-man-project où tes deux paluches s’occupent aussi bien du son que de la vidéo, du graphisme et de la comm…

Je dirai que je suis le fondateur de Densk haha… même si pour l’instant ce n’est pas encore un groupe. Je suis compositeur, auteur et interprète. Je travaille quand même avec un mixeur et quelques chanteuses sont aussi venues faire des voix sur des morceaux. Je ne prévoyais pas de chanter dessus et puis j’ai eu envie de voir ce que ça donnait. Plus je travaille sur cet album plus je me laisse surprendre par ce que c’est en train de devenir. Pour le clip, un ami graphiste m’a un peu aidé mais comme je suis vidéaste, je l’ai entièrement réalisé. Je ne peux pas concevoir la musique d’un côté et l’image de l’autre. Pour moi ce sont deux choses qui vont ensemble et ce qui m’intéressait c’était de voir « Super Sailor » comme une œuvre complète.

Aucune trace de ces 5 lettres en file indienne sur les réseaux avant janvier 2020, t’étais caché où ?

J’avais déjà composé pour des courts métrages, des pubs ou des petites émissions web. À la base, tout ce que je voulais faire c’était de sortir un album histoire que ces chansons existent. Densk est venu avec l’envie de faire cet album. J’avais beaucoup de morceaux qui traînaient depuis plus ou moins longtemps, certains très inachevés, d’autres presque finis. La musique a toujours été mon deuxième amour après l’image et j’en avais marre que ce soit dans un placard. Je me suis dit « il est temps que ça existe ».

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Tu communiques sur les paroles de tes morceaux, ton clip est comme un karaoké élaboré, tu mets visiblement beaucoup en avant le sens de tes morceaux…

Les paroles se sont rajoutées sur les premières ébauches des morceaux. C’est la première fois que j’en écrivais, qui plus est en anglais et c’est en les ajoutant que j’ai pris pleinement conscience de ce que racontaient mes morceaux. J’ai donc retravaillé mes instrus, puis à nouveaux les paroles en apprenant ainsi au fur et à mesure. Ça a donc fait des allers-retours comme ça. Dans le cas de « Super Sailor » je voulais parler de quelque chose de lourd qui s’écroule, mais les paroles ont finalement beaucoup aidé dans la construction de la chanson. Le clip est né du phénomène des lyrics vidéos qui sont souvent indépendantes du clip. J’aime bien le concept, et j’avais envie de marier les deux. Aussi, je n’aime pas regarder un clip et m’emmerder sans comprendre ce que ça raconte. Intégrer les paroles me rassure pour que ceux qui ne comprennent pas l’anglais – ou mon accent de débutant – puissent prendre tout le sens de cette chanson.

Une importance donnée aussi bien au fond qu’à la forme ?

J’écoute assez peu de choses en français, et je ne comprends pas toujours les paroles à moins de véritablement les chercher. C’est venu en travaillant sur l’album. Plus j’écrivais, plus je redécouvrais des chansons et ce qu’elles racontaient. Quand j’ai commencé je prévoyais de faire de l’électro-indus et plus j’avance plus ça prend des accents pop avec d’autres influences. Je tape au final autant dans du Massive Attack que du Nine Inch Nails, du Depeche Mode, du LCD Sound System ou même des plus vieux trucs comme Public Image Limited, donc pour le moment je marche un peu comme une éponge : une fois que l’album sera terminé, je pourrai savoir quelle musique je fais.

Ce morceau est plein de symboles qui critiquent de la société de consommation et le néo-libéralisme. Comment as-tu pensé la mise en image de ce clip ?

À l’origine je pensais tourner un clip en prises de vue réelles et puis le Covid a débarqué. Pendant le confinement je me suis lancé dans une lyrics vidéo bricolée sur un vieil ordi dans mon coin. Et puis comme j’avais du temps, le clip à pris de l’ampleur jusqu’à devenir une sorte de petit court métrage d’animation. Je me suis beaucoup reposé sur la structure du morceau et ce qu’il raconte. La sonorité old school à l’audio est même évoquée à l’image par le grain. J’ai presque calqué visuellement ce que raconte cette chanson. Toute la première partie est pleine de lumière et de promesses factices. J’avais envie de retracer une histoire du XXe siècle avec cette insouciance d’entre-deux guerres, puis d’après-guerre dans les 60’s qui invitait à consommer et faire la fête sans penser aux conséquences… jusqu’à ce que ça se pète la gueule. Au final, le temps que j’ai passé sur ce clip était assez inattendu et j’avais mis un peu l’album en suspens, mais maintenant que le clip est prêt je vais pouvoir me replonger dedans et j’espère pouvoir le sortir cet hiver.

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Tout un album comme ça, ça va être la déprime pour l’hiver 2020-2021…

Haha non je pense qu’il y a les deux. C’est une sorte de dualité. Il y a ce qu’on ressent tous un peu avec ces histoires de fin du monde mais ça parle aussi d’émancipation d’un monde qui s’écroule. Donc il y a à la fois l’aspect « tout se pète la gueule c’est la merde » et l’aspect « créons quelque chose de nouveau ». L’album sera plus pop que « Super Sailor » avec des chansons variées. Pour le moment je ne m’interdis rien tant que ça reste cohérent. D’une manière générale toute en conservant une base électro-indus il y aura de la pop, des morceaux planants, pêchus et même plus expérimentaux.

C’est une musique qui tape fort avec une vraie cinématique, on est très curieux de voir ce que ça pourrait donner en live, si on oublie un peu le Covid.

C’est pas quelque chose que j’exclus. C’est des morceaux que j’ai envie de jouer en live. Certains prennent aux tripes et donnent envie de secouer le corps. J’attends d’avoir fini l’album, je vais continuer à mettre en images certains morceaux parce que c’est vraiment ça qui m’éclate. Et après on verra. Pour le moment je ne saurai pas comment les jouer sur scène parce que tout est produit en studio et ça ne m’intéresse pas de jouer seul sur scène avec une boîte à rythmes. Je devrai donc monter une équipe. Si je fais un live je veux le faire bien et que ce soit un spectacle autant à voir qu’à écouter.

Tu peux nous dire ce que signifie Densk ?

Je cherchais un mot court et simple qui évoque le mot « dance » mais avec un « k » brutal à la fin qui évoque des noms de villes biélorusses comme Minsk, un truc un peu bétonneux. Ce mot est à la fois dynamique mais aussi massif et très lourd.

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