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Alexis HK : « Écrire, si ce n’est pas un besoin impérieux, ça ne sert à rien »

Pour répondre sur ses premières fois, Alexis HK propose de partager un café dans une brasserie parisienne ornée de bois. Confidences amusantes autour d’un petit noir hivernal.  

Ton premier vinyle ou ta première K7 ?

C’était un 45 tours pour les tickets de métro, un tube qui s’appelait T’as Le Ticket Choc. C’était hyper bien produit pour le gamin que j’étais (sourire). Avec ma sœur, on adorait ça. J’avais aussi eu un cadeau : un 45 tours de Jacques Brel avec Jackie. Sur l’autre face, ça devait être Le Dernier Repas.

Le premier instrument ?

Un violon. J’aimais pas trop ça, mais mes parents m’avaient proposé et j’avais dit oui.

Le premier groupe ?

Au départ, j’étais vraiment dans le guitare-voix. A partir du moment où j’ai eu un petit répertoire, vers 22-23 ans, j’ai éprouvé le besoin d’avoir des musiciens.

Ton premier concert ?

Ma première montée sur scène, c’était lors d’un tremplin. Je n’ai joué qu’une chanson. C’était le principe de la scène ouverte : que ce soit un sketch ou une chanson, t’as cinq minutes. Je me suis retrouvé dans la lumière avec une guitare toute décrochée. Il a fallu que je discute le temps de la remettre. Ça a duré cinq minutes mais en termes d’impression, ça a duré trois heures… Au final, les gens ont bien aimé et je suis revenu la semaine suivante. Chaque fois que j’avais une nouvelle chanson, j’allais là-bas. Des fois ça marchait, des fois ça ne plaisait pas du tout. Peu importe, ça me m’était à l’épreuve. C’est parfait quand t’as 19-20 ans.

Ton premier bide ?

Il arrive des fois que tu chantes dans un bar et que quasiment personne ne t’écoute. C’est formateur et nécessaire. Un chanteur à textes en particulier, si tu n’es pas passé par des concerts pourris, tu crois connaître le métier mais en fait tu ne le connais pas vraiment. Je suis passé par des médiathèques où tu joues devant 3-4 personnes. J’ai toujours été dans l’optique qu’un chanteur est comme une guerrier : au lieu d’avoir une arme, t’as une guitare et un micro.

La première personne qui a cru en toi au point de devenir professionnel ?

J’ai rencontré un producteur qui était un mec de mon âge, on était à la faculté ensemble. Je lui ai passé une maquette pourrave sur K7 et il a trouvé ça vachement bien. On a donc produit un truc ensemble, pas très propre d’ailleurs. Ensuite, on ne s’est pas vus pendant 3-4 ans. Quand on s’est retrouvé, j’avais progressé et, là, on s’est mis à produire un album, en 2002.

Comment as-tu dépensé ton premier gros cachet ?

J’ai acheté une guitare. Une belle, crois-moi. Et je l’ai bien choisi, car je l’ai encore. Preuve que c’est un compagnon fidèle (sourire en coin). Quand t’as jamais rien gagné avec la musique et qu’on te file 20 000 euros, ça fait quand même super bizarre. L’essentiel de l’argent, je le remets principalement dans l’achat d’instruments et de matériels. Ça me rend heureux.

La première fois que t’as profité de ta notoriété ?

Tu veux dire avec les femmes (rires) ? Non, sérieusement, ma notoriété est confidentielle. Les gens qui me connaissent m’apprécient de manière assez profonde. Donc oui, je profite d’aller rencontrer les gens qui viennent me voir ou me reçoivent pour échanger avec eux. J’ai un rapport très affectif et non un public de masse. Je n’ai pas un public qui se complait à voir l’artiste passé chez Drucker. Moi, c’est plus un clin d’œil ou une discussion quand je prends un billet de train et qu’on me reconnaît. J’aime beaucoup cette forme de reconnaissance.

La première fan hystérique ?

J’ai connu ça, mais de manière raisonnable. Je discute avec les gens. Si t’es hystérique, il faut d’autant plus te parler et calmer tes peurs, ou je ne sais quoi. Tout redevient ensuite normal.

Ton premier vote ? Quel souvenir ?

A 18 ans, en 1996, ça devait être les législatives. C’est très important d’aller voter mais je comprends les personnes qui ont de gros problèmes ne veulent plus y aller. Voir la politique-people en une des journaux pourris, ça fait peur. Mais il faut trouver le courage d’aller voter. Attention, je ne veux pas juger les non-votants.

Le premier compromis que t’avais nullement envie de faire avec ta maison de disques ?

Franchement, je suis un mec de compromis, c’est la base de la réussite. Je trouve toujours un arrangement. Ah si, j’ai une bonne anecdote : quand je suis rentré chez EMI en 2002, le directeur artistique m’a dit : « On a un problème avec ton image, un peu trop franchouillarde avec l’accordéon et tout ça ». Je lui dis que je comprends. La semaine suivante, il veut que j’aille  absolument dans l’émission « Chanter la vie » de Pascal Sevran. Je lui réponds un non ferme, car je déteste cette émission et lui rappelle que pour redorer mon image franchouillarde ce n’est pas la bonne solution. Pourtant, Sevran si tu voulais vendre des disques, ça marchait très bien… auprès d’un certain public.

Ton premier syndrome de la page blanche ?

Plus qu’un souvenir particulier, j’ai compris en vieillissant qu’il ne fallait pas en avoir peur. On n’a pas toujours quelque chose à dire. Écrire, si ce n’est pas un besoin impérieux, ça ne sert à rien. Je déteste les chanteurs qui chantent leur non-inspiration.

Ta première chanson ?

Chien de vieille. Voir une dame seule en fin de vie dans la rue avec ce chien m’avait inspiré. Je me mettais à la place du chien, puis de la vieille, et me suis dit : « Heureusement qu’ils se sont rencontrés ». J’aime quand il y a à la fois du tragique et du réconfort. Je ne mâchais pas mes mots. Aujourd’hui, je l’écrirai différemment, ferai plus attention à ne pas vexer cette dame.

Ta première oreille ?

Julien, lui, là-bas (le pointant du doigt, au comptoir avec un café, NDLR). Quand j’ai un truc assez abouti, je ne l’envoie qu’à lui. Je veux un petit retour vu qu’on bosse ensemble, c’est important.

Ta première interview ?

Pour Libération, Gilles Renault avait eu un coup de cœur et fait une pleine page avec en titre, « Alexis HK carrément ». Pas mal quoi, émouvant ! (sourire). J’ai appris beaucoup par cette interview qui avait duré 1h30, comme ne pas trop en dire. J’étais en confiance et avais lâché plein de trucs. Maintenant, je ne parle plus de ma mère par exemple, pour qu’elle ait la paix. Après la diffusion, j’ai vraiment senti que ça changeait la donne. Beaucoup d’autres m’ont écouté et contacté.

Le premier journaliste qui a déformé tes propos et a qui t’as voulu faire bouffer sa feuille ?

Oui, plusieurs m’ont consterné. Après, j’en fais pas un cas personnel, il faut juste être professionnel des deux côtés. Ce qui me choque le plus, c’est une mauvaise information, la déformation d’une chose factuelle. Dernièrement, un fanzine écrit que mon dernier album s’appelle Le Présent, C’est Maintenant. Le mec, il confond Hollande et la musique. Et son article, mal écrit, plat, du genre : « L’album est bien et moi je l’aime bien aussi ». C’est même pas qu’il est mauvais journaliste ; il aurait été footballeur, ce mec aurait mis trois buts contre son camp.

Dernière question : imaginons que tu vives actuellement ta seconde vie, qui aurais-tu été dans la première ?

Un objet, c’est sûr que non. Un animal ? J’ai beau les adorer, je pense que ça doit être dur à vivre de l’intérieur. Les grands hommes me fascinent, ceux qui ont joué un rôle fondateur pour l’humanité. Derrière le grand homme, c’est ce qu’il y a dans l’homme ordinaire qu’il me plaît. Ils restent des hommes. Être Martin Luther King ou Gandhi, ça doit être quelque chose. Les grands inventeurs me plaisent aussi. Outrepassons le côté multinationale et les affaires, Steve Jobs a été avant-gardiste. Au départ, il était dans son garage. Quand il quitte Apple, il crée Pixar… Il a créé tout le temps. Idem pour la voiture moderne, pour le concentré de technologies dont elle regorge. Le mec qui se lève le matin et se dit « Je vais faire une bagnole aujourd’hui », respect. Mais je ne les envie pas, je suis très bien à ma place. Là, tu réalises que l’humanité ce n’est pas que France Info. Il y a aussi des créateurs qui font une succession de petits miracles quotidiens.

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