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« Je suis capable de ne plus être chanteur, je peux donc le redevenir »

Au moment du passage à l’an 2000, Bell-Oeil sortait son premier album. De la chanson française écorchée vive qui balançait sans retenue son mal-être à la face du monde. Trois albums et une longue pause plus tard, Christophe Bell-Oeil revient transformé. Ce lundi 28 février, il publie Je ne vois pas le monde.

Il avait arrêté de chanter. Fini le groupe, fini de prendre la route. Après une grande aventure de dix ans, Christophe Bell-Oeil s’est offert une pause de cinq. Aujourd’hui sort Je ne vois pas le monde, son premier album solo. L’homme a changé, le chanteur aussi. Loin des grandes angoisses des débuts, il explore la vie côté bonheur, avec plus de simplicité, donc plus de force. Ceux qui aimaient Bell-Oeil parce qu’il était triste seront déçus et ce sera bien fait pour eux. Le chanteur angevin prouve qu’il a autre chose à dire. De belles choses, des choses où l’espoir a sa place. « Je ne vois pas le monde », titre d’ouverture est le meilleur résumé qui soit de la mutation opérée. Le reste s’enchaîne naturellement (« En plein coeur »), pour s’achever sur un plaidoyer en faveur des gens heureux (« Les gens heureux »). Cet album est sans doute la plus évidente preuve du talent de Christophe Bell-Oeil : il se risque à laisser tomber la déprime qui le caractérisait et se révèle meilleur encore.

Le précédent album est sorti il y a six ans, que s’est-il passé depuis ?

Le groupe s’est arrêté en 2006. Pendant deux ans, j’ai fait une sorte de dépression nerveuse. Pour la première fois depuis onze ans, je n’étais plus intermittent du spectacle. Je suis resté une année et demie sans rien faire, à me demander : « Qu’est-ce que je suis, maintenant que je ne chante plus ? » Beaucoup de personnes au chômage traversent la même chose car on confond souvent l’homme avec sa fonction. Ensuite j’ai commencé à me former à l’animation d’ateliers d’écriture. Depuis trois ans, c’est mon métier. Une fois que j’ai pu me trouver, la musique est revenue naturellement. Je me sens bien mieux dans ma peau. Je suis capable de ne plus être chanteur, je peux donc le redevenir sans risque. Ça a été un grand déclic.

Pourquoi un projet solo ?

En faisant ce chemin vers moi, j’ai changé des choses en moi. Je m’assume bien plus qu’il y a dix ans. Ce que je mets en valeur, ce n’est pas moi, mais les chansons. Elles m’intéressent bien plus qu’auparavant. Je voulais faire quelque chose dans la simplicité et la modestie. Sur le disque, je suis photographié sans maquillage, torse nu. Tout le reste en découle. Les chansons ont gagné en simplicité, elles sont plus lisibles et moins torturées, même si je reste une personne compliquée.

Cet album, c’est un peu la découverte du bon côté de la vie ?

Ça me permet de faire le lien entre le côté sombre qui m’a longtemps intéressé et le côté le lumineux. La vie est un mélange des deux. C’est un disque qui parle d’amour car en aimant un peu mieux ce qu’il y a autour de nous, le monde devient plus supportable. L’album se veut plus ouvert vers l’autre, vers les gens heureux, que les précédents. Je voulais raconter le bonheur sans que ce soit gnangnan. Avoir eu deux enfants a changé énormément de choses, les décès aussi. Être confronté à la mortalité m’a obligé à me dire : « Merde, être heureux, ça vient de moi. »

Comment naissent tes chansons ?

C’esr souvent sur la route, parce que je conduis beaucoup pour aller animer les ateliers d’écriture. De plus en plus, cela vient sans réfléchir. Avant c’était laborieux, maintenant, il y a des choses évidentes. Le plus intéressant, c’est l’impression que ça ne vient pas de soi, mais d’ailleurs. Et puis j’aime marcher avec un calepin et un dictaphone en poche. Le disque entier a été composé en marchant. Quand j’ai la mélodie en tête, il suffit de d’avancer et les mots se calent. L’écriture d’une chanson est de l’ordre du pas, de la marche à pied, du corps.

Que gardes-tu de l’aventure avec le groupe ?

On a beaucoup appris, des uns, des autres, du métier. J’ai chanté faux pendant des années, j’ai découvert la composition, l’écriture. Les membres du groupes ont été les premiers a accepter mes chansons. Hélas, à la fin nous étions ruinés financièrement. Mais on a été entiers, on a tout mis. On a fait ce qu’on a voulu, c’est le plus important.

Sur Je ne vois pas le monde, il y a une reprise du premier album (Elle ne supporte plus). Quelle idée…

J’avais besoin de mettre en chanson le changement entre l’ancien et le nouveau Christophe Bell-Oeil. Je l’ai fait en chantant la même chanson, dix ans plus tard et sans crier. Avec cet album que j’ai exploré mon côté posé. Pour le suivant, j’ai envie mettre la purée !

Retrouvez Christophe Bell-Oeil sur Myspace et Facebook.

Tout cette semaine, Sourdoreille soutient la sortie de Je ne vois pas le monde, l’album de Christophe Bell-Oeil. Retrouvez-le mercredi dans l’émission radio, jeudi avec une carte blanche et dimanche pour le clip de la semaine.

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