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Yves Jamait : « Les médias ne veulent plus relater, ils veulent fabriquer »

Un Dijonnais abonné aux disques d'or parle de sa ville, des médias, de Zaz, de ses ex-métiers et de... la vie en générale.

Le Dijonnais abonné aux disques d’or parle de sa ville, des médias, de Zaz, de ses ex-métiers et de… la vie en générale. Rencontre avec Yves Jamait.

On dirait que l’idée du temps qui passe cogite fortement sous le béret. La crise de la cinquantaine ?

Oui, j’ai l’impression d’avoir encore franchi une étape avec le temps qui passe. Mais c’est quelque chose qui revient dans chacun de mes albums. Je n’ai pas de religion ou de foi, alors depuis que j’ai compris petit que la mort nous attendait, ça m’inquiète un peu. La vie, c’est apprendre à mourir. Enfin, je ne veux pas planter ton après-midi (rires). Et puis, ce qui m’affolait il y a 20 ans m’effraie peut-être moins aujourd’hui.

Y’en a qui est plus que jamais d’actualité. Tu as toujours autant la rage qu’il y a six ans ?

Y’en a qui a mis une empreinte sur ma carrière que je ne renie pas. Je ne me considère pas au fond de moi comme un chanteur engagé mais plus comme un chanteur social. Ça paraît très prétentieux mais l’aspect sociologique m’intéresse plus que l’aspect politique. Y’en a qui a été écrit quand j’étais à l’usine, j’avais le besoin de dire ce que je ressentais à ce moment précis. Il faut que je sente une chanson pour la chanter, c’est tout bête. Tu vois, je viens juste d’en écrire une sur l’Europe. Je ne la sentais pas, l’estimant trop puérile. Je ne l’ai donc pas retenue.

Quel métier parmi ceux que tu as exercés dans ta vie précédente a été le plus chiant ?

Tout ce qui doit avoir rapport avec un petit-chef. J’ai été manutentionnaire : quand on avait un chef sympa et une bonne ambiance, le travail passait assez vite. Mais le petit-chef aigri rencontré à mon époque, ça te pourrit une journée à un point ! L’abus de pouvoir – pas forcément du grand patron – d’un supérieur hiérarchique, il n’y a rien de pire. Le chefaillon peut être incroyablement plus con qu’un dirigeant. Pareil pour les collègues : ce n’est pas parce qu’on est dans la masse qu’on est un mec bien. Il y a des cons partout, y compris dans les milieux populaires.

Le job le plus stimulant ?

Cuisinier, sans hésiter. Ce métier me sert encore tous les jours. Hier soir, après le concert, j’ai fait des makis pour mon batteur qui ne mange pas de porc. Pour les autres, j’ai cuisiné un petit sauté de lentilles. J’aime passer derrière les fourneaux.

Si tu disposais d’un seul après-midi pour nous faire découvrir Dijon, quel serait le programme ?

Je t’emmènerai au Bar de l’Univers, forcément. C’est quand même mon QG depuis 25 ans. On irait ensuite se promener dans une vraie belle ville de province, même si en ce moment c’est un peu Beyrouth à cause des travaux du tram. Dijon a ce côté cosy qui fait que j’aime bien y être. Si c’est jour de marché, il faudrait y passer. J’aime bien aussi marcher le long de Suzon, une rivière qui passe dans la ville.

Tu lis les critiques ou tu t’en fous ?

Je les lis car j’en ai pas suffisamment pour me permettre de ne pas les regarder (rires). Je suis accablé de voir que les journaux ne sortent pas de l’image du titi parisien et du chanteur néo-réaliste. C’est toujours étonnant. Je dirai même que ça a un côté accablant. Il y a un gros problème de fond dans ce métier. Les médias ne veulent plus relater, ils veulent fabriquer. C’est fou, tu ne trouves pas ?

Pour moi, un journaliste est là pour dire ce qu’il a vu d’un concert ou son ressenti d’un disque. Et pas partir des considérations à la con, des à-côté. Aujourd’hui, je lis quasiment toujours les mêmes choses sur moi. Il ne faut surtout pas quitter la ligne… C’est accablant. Et il faut arrêter avec ces mecs qui écrivent les critiques car ils ont reçu des cadeaux des maisons de disques. Beaucoup de choses sont à revoir dans l’approche du métier pour un grand nombre de journalistes.

Des articles t’ont marqué ?

Bien sûr ! Certaines critiques comptent plus que les autres. Vis-à-vis de mon enfance, Nous Deux comptait beaucoup. Ma marraine lisait ce magazine, donc tu peux pas savoir à quel point j’étais fier de leur répondre. Pareil pour La Vie du Rail. Il y a aussi un journal près de Dijon où la journaliste avait fait un super travail. Vraiment, c’était une belle interview, avec une vraie recherche des questions. Plein de journalistes parisiens auraient pu prendre des leçons sur cette jeune femme.

Et l’inévitable dernière question : pourquoi avoir choisi Zaz pour le duo La Radio qui Chante ?

A la base, c’est mon tourneur qui m’a dit que ça pourrait le faire pour mes premières parties. J’ai écouté et ça m’a plu de suite. Ça me paraissait évident de la prendre. Zaz est venue me voir, toute timide. C’est marrant de voir que six mois après, elle avait vendu 300 000 albums et que je la présentais en première partie de mes spectacles comme une petite jeune inconnue. Quand je vois le déversement de haine mis par les journalistes sur son travail, je suis sur le cul (NDLR : on en fait partie). Comment peut-on taper aussi fort sur une chanteuse ? Je crois même que si j’aimais pas ce qu’elle fait, rien que pour prendre le contre-pied, je la défendrai (rires). Faut se calmer les gars !

Crédit photo : Chantal Longo.

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7 commentaires

7 commentaires

FRAIOLI 09.10.2016

Je suis allée à son concert au quai 3 au Pecq dans le cadre de l’Estivale de st germain en laye , j’ai attendu la fin de son concert pour lui faire dédicacer son livre vraiment quelqu’un de profondément gentil et accessible , j’ai peu parlé car intimidé malgré mes 56 ans mais vraiment quelqu’un de simple comme j’aime mais ça je le sais depuis le premier jours où je l’ai entendu sur le plateau de Patrick Sébastien grâce à Mr foulquier et qu’il m’a fait pleurer comme Lio en écoutant dimanche (caresse moi ). Pendant que j’y suis toute a fait d’accord avec lui Zaz a tout d’une grande .J’ai beaucoup aimé aussi Inchallah avec Claudia Meyer mais pour tout dire j’aime tous ses cd que j’écoute tous les jours.Je n’ai été qu’à 3 concerts dans ma longue vie et les 3 etaient …… d’Yves Jamait . Encore merci et joyeux anniversaire Mr Jamait avec un peu d’avance . Catherine F. St germain en laye

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mattlamenace 25.01.2012

Un vrai talent!!! parce que pour séduire les jeunes quand on s’appelle Yves, y a quand même un peu de boulot!

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Nom 11.12.2011

BRAVO l’Artiste

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La BOURGUIGNONNE de NORMANDIE 05.12.2011

Je suis descendue de Normandie … et ce n’est pas la 1ère fois !… pour être au Zénith …. après d’autres concerts … à chaque fois aussi magnifiques ! j’ai déjà mes places pour 3 concerts en 2012 !…. Yves est un artiste sublime !… je fais des centaines de kms pour assister à ses concerts !… bisous Yves.

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pierre84 05.12.2011

je suis venu du Vaucluse pour aller le voir à Dijon au bistrot de la scene, je ne regrette pas, au contraire, un des plus grands chanteurs poetes actuels.

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JUSSEY 05.12.2011

Commentaire Génial ce yves, proche de nous la populace d’en bas. Du bien au ventre de voir cet homme sur scène, sans prétention, tout simplement génial

Gros baisers Monsieur Yves JAMAIT

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