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Une soirée d’ouverture à Villette Sonique

C’est une année (pour le moins) tourmentée lors de la préparation de la douzième édition du festival parisien Villette Sonique. Le changement de la direction artistique en cours de route a filé des secousses à nos amis les festivaliers. Récit de l’avant-scène du festival et de la première soirée du 25 mai, en compagnie de Mogwai, Jon Hopkins et James Holden.

Allez on dégage

Peut-être est-ce parce qu’on a le nez là-dedans toute l’année, mais on avait quand même l’impression que l’édition 2018 du festival Villette Sonique sentait fort le roussis. C’est peu dire qu’après le claquement de porte de son fondateur, directeur artistique et programmateur depuis 2006, les cartes aient été rebattues. Rappelons nous : « Plutôt partir que trahir », Etienne Blanchot s’en était allé « en désaccord profond avec la Direction de la Villette quant au futur et à l’identité de Villette Sonique ».

Avec dans la foulée son attaché de presse qui se fait carrément dégager par SMS le jour de sa prise de fonction (la classe) par la Direction de la Villette, jugeant que désormais il était normal que la nouvelle équipe de programmation possède son propre service de communication, avouez que c’était quand même la méga ambiance.

Ajoutons également un portrait express de Didier Fusillier, actuel président de la Villette connu comme celui qui se bat comme un diable contre les concerts gratuits sur le parc parisien pendant Villette Sonique. Pour la petite anecdote, en 2015, le Canard Enchaîné épingle ce même génie de l’épargne pour son salaire délirant à la Villette (le gars s’est augmenté de 54% par rapport à son prédécesseur). Résultat : une rémunération annuelle de 162.000 euros. Le mois-dernier, c’est la chambre régionale des comptes (CRC) des Hauts-de-France qui pointe un des salaires de Didier lorsqu’il était (aussi) directeur (et toujours conseiller artistique) de Lille 3000. Le gars se faisait tranquillou un tiers-temps payé 75 %. Ah et notre champion cumulait trois emplois.

Une soirée qui fait débat

Si Etienne Blanchot a quand même eu le temps de programmer Marquis de Sade, John Maus, Deerhunter, Flat Worms, Kate NV, Tzusing ou Midnight Sister, ça n’est pas lui qui s’est occupé d’autres gros du line-up. C’est même l’une des raisons de son départ : « C’est devenu l’un de mes points de divergence avec la direction : avoir des têtes d’affiche normales façon Mac DeMarco » confie-t-il à Gonzai. Le fondateur de Villette Sonique s’en va pour ne pas cautionner l’arrivée de grosses machines comme Mogwai, invité lors de la soirée du 25 mai dans la Grande Halle de La Villette, en compagnie des non moins importants (et géniaux) Jon Hopkins et James Holden & The Animal Spirits. « Grosses machines » à relativiser et le line-up bien plus Villette Sonique que Pitchfork-compatible. Pour le moment en tout cas. Ce qui est sûr, c’est que l’événement a affiché un très gros score de fréquentation, foi de festivalier.

C’est en connaissance de cause que notre équipe est quand même sortie de son nid, par pur amour de la musique programmée ce vendredi soir-là, et ce malgré une pensée pour l’équipe qui a tant donné à l’institution intra-murale de la musique indé. Ça ne panse pas les plaies, ça ne sert peut-être même à rien, mais on s’est dit que ça devait être dit.

James hold-up

Parlons de musique, tiens. Avec Mogwai, Jon Hopkins et James Holden, le public a pu assister à trois nouveaux lives. Celui de James Holden pour commencer. L’Anglais mondialement connu pour son remix de « The Sky Was Pink » (de Nathan Fake) a définitivement terminé sa mue du dj et producteur solitaire (époque The Idiots are Winning, 2006) qu’il était au milieu des années 2000 pour devenir le super chef d’orchestre électronique qu’il a toujours voulu être. Après un second album (The Inheritors, 2013) aux accents noise joué au synthé modulaire en compagnie du batteur Tom Page (de RocketNumberNine) et du saxophoniste Etienne Jaumet (de Zombie Zombie), Jamesou a rempilé avec The Animal Spirits, son troisième disque, et le premier avec son groupe… The Animal Spirits. Un groupe composé des deux zigottos précités mais aussi du trompettiste Marcus Hamblett, de la multi-instrumentiste Liza Bec et de Lascelle Gordon du groupe de free jazz Woven Entity. Grosse perche.

Mogwai, mais si… tu sais le post-truc, non ?

Madeleines de Proust d’une génération d’introvertis qui ont connu les années 90 de façon assez asociale pour se taper des morceaux de dix-huit minutes de bruit blanc et de guitares saturées sans trop broncher, Mogwai débarquait ce jour de mai 2018 déjà comme un vieux souvenir auquel on ne cesse de s’accrocher. Pas sûr que le groupe écossais fasse fureur chez les 16-25 ans (en même temps, Moha La Squale a déjà ringardisé Roméo Elvis alors vous pensez bien), il reste pourtant ce groupe « légendaire », dont tout le monde se fout 364 jours par an, mais qu’on encense le jour où l’envie nous prend. On le fait avec hargne, fougue et passion. Et il en faut aujourd’hui de la force de caractère pour garder bien vivante l’image de nos groupes favoris. Avec son neuvième album Every Country’s Sun, Mogwai se penche une nouvelle fois dans nos oreilles absentes et les travaille. C’est enfin avec notre cœur que la formation a joué lors de cette soirée d’ouverture de Villette Sonique, jouant sur les amplitudes et les surprises.

Mogwai – Every Country’s Sun (full album)

« Jon Hopkins, il est trop beau »

Comme c’est un peu la soirée des nouveautés, le festival invite, pour clôturer, le roi de l’electronica. Jon Hopkins est aussi connu comme celui qui fait passer le mouvement techno pour une bande de pouilleux tout juste bon à foncer la tête dans le caisson parce que lui, c’est l’Élégance avec un É et que tous les autres sont des drogués. (On ne fait que citer hein, calmez-vous). Ça fait joli en soirée anti-teuf et ça passe en SMAC et sur France Inter donc fin du débat. Jon Hopkins est aussi énervant que talentueux et ses soutiens sont aussi agaçants que ses détracteurs. C’est évidemment pour lui que se sont déplacés les milliers de participants à la soirée et pas pour le hippie avec une fleur dans les cheveux ni pour la bande de shogazeurs intellos. Avec son nouveau disque Singularity, Hopkins rafle tout, tel le Moderat de l’année ou le Darkside du printemps, des événements indés aux grosses machines en passant par les unes de magazines spécialisés. Et le pire, c’est qu’il est difficile de lui en vouloir. Même à un moment où la pinte a monté très haut dans le cerveau de votre envoyé presque spécial.

Crédits photo en une : Laura Lewis

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2 commentaires

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JC 28.05.2018

Naze votre article on a l’impression de lire les inrocks; aussi aucune mention du fait que Villette Sonique est maintenant un festival qui accueil Pascal Obispo.

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Romain 29.05.2018

Ah cette faculté de l’internaute à envoyer un petit « naze » dans un commentaire de deux lignes.

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