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Une pause avec Yasmine Hamdan

En matière de musique indé arabe, certains penseront plutôt ces temps-ci à Emel Mathlouthi, Mashrou Leila ou Bachar Mar-Khalife. Pour nous, il y en a bien une autre qu’on peut définitivement compter, Yasmine Hamdan. Si elle n’a aucune actu en ce moment, l’envie irrésistible d’écrire sur elle nous est venue. Qui pourrait rester insensible à la découverte de Soapkills et de sa chanteuse ?

En pleine nuit, elle se déhanche lascivement dans un café du nord du Maroc. Pieds nus sur le carrelage azur et thé à la menthe brûlant sur les tables. Les yeux de tous braqués sur sa beauté, elle susurre au micro des caprices emplis de tristesse. Ceux-là résonnent sur la ville aux rues bleues. Pantalon de cuir et ceinture de danse à piécettes, mélange de percussions orientales et de guitares électriques, majestueuse, elle mélange les codes de l’occident à ceux de l’orient. Rien n’est interdit lorsque l’on partage le nom du jasmin. Entre deux respirations profondes, sa voix délicate esquisse des trémolos. Ses paroles romantiques s’accordent à des plages musicales ondulantes, mélancoliques et sombres. Cette dame au visage magnétique et à la silhouette voluptueuse s’appelle Yasmine Hamdan. Jim Jarmusch lui-même a su révéler l’étendue de son talent, tout en poésie, dans son dernier film.

Avant de propager seule son charisme, chanson par chanson, Yasmine faisait partie d’un groupe culte du Liban. Trop peu d’entre nous ont eu vent des sonorités ondulantes de ce duo de trip hop. Soapkills n’est pas né à Bristol. Beyrouth est bien loin des pavés mouillés et des briques rouges, loin de l’atmosphère industrielle qui a coloré la musique de Portishead à Massive Attack. Bercés par Oum Kalthoum ou Abdel Halim Fez, par les ouds et la grâce de chansons teintées de tradition, Zeid et Yasmine Hamdan ont su marier, dissocier, imbriquer et expérimenter.

Leur réussite réside en la rencontre de boucles planantes, presque glaciales, de vibratos fragiles, de halètements. Le grain de sa voix à peine voilé empoigne les cœurs. Les percussions frétillantes contrastent des nappes électroniques souvent placides et lentes. Une lenteur qui fait le charme et la sensualité de leurs titres. Grâce à ce mélange unique, leur musique laisse s’échapper pesanteur et tension. C’est ainsi que l’on imagine le spleen. Rêveur, doux et cotonneux. Mais ce lyrisme, loin d’être plat, s’orne de sensualité et de mystère. La sensualité d’une langue aussi complexe qu’élégante.

Il a suffit de trois albums pour que Soapkills devienne une référence, ceux qui ont entamé une fusion avant l’heure. Avant que ça ne devienne la grande mode. Le groupe est à présent séparé. Yasmine continue d’instiller l’extrême délicatesse de sa voix. Elle habite Paris, tandis qu’elle laisse derrière elle, au Liban, Zeid. Elle s’est éloignée du trip hop en deux albums solo. Elle continue cependant de faire goutter la musique arabe sur la pop occidentale qui la définissent autant l’une, l’autre. Parfois elle emprunte la délicatesse de la folk, parfois elle revêt l’ardeur du rock. Mais nul besoin d’en dire plus, les notes évoqueront bien plus que de simples mots.

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2 commentaires

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zeid hamdan 23.12.2016

c est qui ce Hamid ?

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Chayma 23.12.2016

Ah oui grosse erreur, on corrige, merci !

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