MENU
En lecture PARTAGER L'ARTICLE

The Lemon Twigs : une chanson pour une danse

Cachant leurs timidité derrière des accoutrements colorés, Lemon Twigs se foutent royalement des conventions et chamboulent la musique du XXIe siècle. Leurs déguisements et maquillages ne sont que la vitrine de leur folie. Ces frères s’amusent de tout, mais ils font ça si bien qu’ils nous rappellent des David Bowie en herbe. À l’écoute de leur album notre tête tourne. Billy Joel ? Beatles période Sergent Pepper ? Qu’est-ce que c’est que cet ovni ? Mi-yéyé kitschissime, mi-bublegum pop, rock progressif… Lemon Twigs excelle dans la « feel good song » à rallonge. Polyphonie, symphonie, fanfares et chœurs. Ça ne ressemble à rien comme ça rappelle tout. Surtout que ces messieurs mettent le bazar au classique couplet-refrain. Gare à ceux dont le mp3 passe en boucle Tame Impala, Girls, Foxygen, les Temples ou Ariel Pink, Lemon Twigs risque fortement de prendre la relève.

L’accolade dramatique

Chanson : As long as we’re together. Toute bonne chose a une fin n’est-ce pas ? Clôturer une soirée en beauté passe évidement par tout le monde assez ivre pour vouloir chanter un hymne. Tous s’enlacent parce que ça transpire l’amour et agite les poings fermés en rythme sur des classiques tel que « Bohemian Rhaspsody ». Ce titre a tous les éléments pour remplacer ces derniers : une acmé qui assure le côté dramatique, la mélodie qui se la joue montagnes russes, la voix tremblotante à la Bee Gees et les cascades de complaintes de guitares. Usage suggéré : fêter un événement heureux. Une victoire nationale ? Le bon gros tube « Seven Nation Army » a bien fait office d’hymne, alors pourquoi pas ce titre ? Champagne et larmes qui coulent pendant que les voix fausses de tous s’élèvent. Pas sûr que ça arrive mais nous on sait que le potentiel est là.

La toupie tzigane

Chanson : Those Days Is Comin’ Soon. Il suffit parfois de trois notes de musiques. Celles-ci te transportent au cirque. Manger un churros, yeux écarquillés devant le trapèze qui vole au-dessus de toi. C’est la grande réunion tzigane, Goran Bregović arrive en fanfare. Bienvenu chez les saltimbanques, le costume règne et l’ambiance est festive. Tu te vois happé des bras d’un danseur à l’autre, à te laisser tourner telle une toupie, tes pieds touchant à peine le sol. Les cordes sont piquées, les tambours triomphent et la cadence se fait presque oppressante. Vocaux épiques et klaxons hurlants, on parie que la pop progressive et mélodique ne s’est jamais fait entendre si levée et effrénée.

La Morticia

Chanson : Haroomata. Tu en as eu des cauchemars. Jamais se perdre dans la maison hantée n’aura été une chose agréable ? Pas sûr. Lemon Twigs revêtit ses habits noirs et sort la power ballade, sorte d’opéra flippant et grandiloquent avec des moments d’accélérations qui évoquent un flirt avec Dracula et sa horde de chauves-souris. Dents rouges sang et cape bleu nuit de velours, la fête avec Morticia (La Famille Adams) n’est qu’à deux pas. « Haroomata » fait un peu l’effet d’un Phantom of the Paradise. Où le fantôme masqué se lamente sur son piano, la voix railleuse et les chœurs du casting s’élèvent au plafond. La mélodie tanguante fait le suspens, tandis que les âmes tourmentées de Led Zepellin sont de la partie. Lemon Twigs… Mais quelle est cette sorcellerie ? Ça commence par des mouvements languissants qui animent à peine ton corps puis ça se transforme en danse saccadée, en mouvements angulaires possédés.

La sabbatique

Chanson : Baby, Baby. Non, non, rien à voir avec une cover de Justin Bieber. Lemon Twigs signe ici une belle invitation à la paresse. La bande son des après-midis à se prélasser au parc, un Pim’s frais à la main tandis que le soleil te caresse la peau. On l’entend bien, c’est pas avec les -1 degrés d’aujourd’hui que ça se comprend le plus mais un peu d’imagination n’a jamais fait de mal. L’indolence de Connan Mockasin rencontre le groove de Shintaro Sakamoto et les cocotiers se dessinent grâce aux synthés serpentants, la douceur des arrangements, les voix aiguës et les claquements de doigts. On croirait presque entendre le clapotis de l’eau du lac et sentir l’herbe sous nos pieds qui s’agitent en rythme.

Les claquettes

Chanson : These Words. Tu as toi aussi rêvé de te la jouer Fred Astaire et Dean Martin. Ce morceau de piano rythmique semble avoir été conçu à dessein. Tu t’imagines déjà,  faisceau de lumière sur toi, tu es seul(e) sur la scène. Tu commences à chanter doucement. Puis d’un coup tu prends la confiance alors que le tempo s’accélère et que le rythme se lève. Ton pied bat et l’instru t’envahit, tu laisses tes claquettes taper au sol. Solos de guitares en feu, arrangements boogie et chorale enjouée se joignent à ton énergie.

Le slow collé-serré

Chanson : How Lucky Am I. Quel album mythique est complet sans un petit slow ? Même Scorpion en a fait un (ah bon c’est tout ce qu’ils ont fait ?). À combien de soirées (ça va de la fin de séjour en classe verte à la boum) te rappelle-tu t’être retrouvé-e assis sur une chaise à observer la boule disco tournoyant au plafond ? Tu te souviens bien que le choix n’était pas très extensible, fallait faire avec Polnareff, Elton John et Mike Brandt, sinon tu la fermais gentiment en attendant la fin. Les voix prépubères de ces jeunots américains ne te feront pas défaut pour que tu puisses prendre ta revanche. Cette chanson, c’est la seconde chance, l’opportunité ultime de te rattraper. Tu veux danser collé-serré sans pleurer face à la ringardise suprême du panel musical offert ? (No offense aux classiques français) Lemon Twigs t’offre la rédemption.

L’album Do Hollywood en intégralité :

Partager cet article
0 commentaire

0 commentaire

Soyez le premier à commenter cet article
Chargement...
Votre commentaire est en cours de modération
Merci
Une erreur est survenue lors de l'envoi de votre commentaire
Sourdoreille : la playlist ultime
Toutes les playlists

0:00
0:00
REVENIR
EN HAUT