MENU
En lecture PARTAGER L'ARTICLE

Seward m’était conté

Les histoires d’amour empruntent des chemins complexes et sinueux. Il y a les coups de cœur immédiats, dont certains retombent aussi vite. Pour d’autres, la séduction se fait lentement, au fil des mois et des découvertes. Et puis il y a ces histoires, trop rares, qui tiennent à la fois de ces deux ressorts. Seward en fait partie. Vous pourrez retrouver le groupe à notre Sourdoparty 1/2, le 15 septembre à Petit Bain, à partir de 20h.

On n’oublie jamais la première rencontre. Avec Seward, cela prit la forme d’une plongée improbable dans une vidéo à mi-chemin entre le clip et le report de tournée. Au-delà du format, c’est surtout le contenu musical qui perturbe et marque les esprits. Débutant comme une petite ballade pop, le titre vire au free rock complètement déstructuré et explosif.

Très vite, on essaie de grignoter des informations sur le groupe, comme pour stalker une nouvelle rencontre. On sait qu’il s’agit d’un quatuor, originaire de Barcelone. Le reste est bien difficile à cerner. Notamment parce que Seward refuse d’être présent sur Facebook, Twitter, Deezer et autres Spotify.  Totalement à contre courant des sentiers (re)battus, le groupe estime que sa musique mérite d’être recherchée et écoutée sur des supports de qualité : sur CD ou vinyl ou en téléchargement haute définition uniquement. Et bien sûr, en live.

Ce live si particulier, qui donne au groupe sa saveur unique, il a fallu attendre plusieurs années pour le découvrir en France. En octobre dernier, le groupe annonce une date à Paris. Eux qui ne font rien comme les autre se produisent à la Petite Halle de la Villette, lieu dans lequel on n’aurait pas imaginé aller (une brasserie qui propose des concerts pendant que les clients dînent à table – auparavant La Villette Enchantée).

Sur la description de l’événement, le label annonce que le groupe est très excité à l’idée de ce concert dans l’une des villes où ils ont toujours voulu jouer. Et cite le quatuor :

« Seward va invoquer les fantômes de Yourcenar, Foucault, Renoir, Sontag, Proust, Picasso, Ginsberg et jouera ses nouveaux titres en portant un toast aux Espagnols anti-fascistes qui ont libéré Paris des nazis en 1944. Ceux qui ne sont jamais revenus et ne seront jamais oubliés. »

 

Seward, c’est donc bien plus qu’un groupe de musique. C’est un concept. Un idéal. Un chemin. Une expression artistique au service d’une démarche sociale et politique, presque philosophique. Le désir farouche de rester libre et d’expérimenter. Car chez eux, chaque titre devient une expérience à part entière, loin des constructions habituelles couplets/refrains. Pour l’apprécier et la comprendre, la musique de Seward nécessite de s’y plonger totalement, et à plusieurs reprises. A rebours des diktats marketings.

Cette liberté prend tout son sens en live où le groupe bouscule son audience dans un tourbillon sonore. Leur concert parisien en fut la parfaitement illustration. L’occasion d’un nouveau coup de foudre et d’appuyer encore plus notre amour. Assis pendant tout le concert, le chanteur Adriano se déchaîne sur ses différentes guitares et banjos. Les musiciens n’hésitent pas à utiliser toutes sortes d’ustensiles de cuisines, de babioles ou même un parapluie pour agrémenter les arrangements. Pendant les premières minutes, on se dit qu’Adriano joue un rôle. Totalement introverti, avec des gestuelles étranges et perturbantes, il peut s’exclamer jusqu’à en perdre sa respiration la minute suivante. Mais on se rend compte qu’il ne s’agit pas d’une posture artistique et scénique mais bien de la seule et unique façon dont la musique de Seward peut s’exprimer totalement, librement. C’est un concert mais parfois aussi une performance un peu étrange, burlesque et souvent à fleur de peau.

Hors des circuits médiatiques et des réseaux sociaux, Seward réussit à force de concerts, d’EP et d’albums à se faire connaitre et reconnaître à sa juste valeur. Au point d’avoir déjà balancé son free rock au SXSW, à l’Eurosonic, au Sziget ou encore à l’Exit festival.

En cinq années d’existence, le quatuor a sorti 3 albums, liés les uns aux autres, et tous enregistrés en une seule prise : Home Chapter One (2011), Home Was A Chapter Twenty Six (2014), Second Two: Chapter Home (2016). Ce triptyque terminé, Seward continue à composer, écrire et produire. Le 4e album est prévu pour début 2017 et sera cette fois produit par Scott Solter (Two Gallants, St. Vincent, Dirty Projectors). L’occasion d’un nouveau coup de foudre dans cette belle et unique histoire.

Rendez-vous à notre Sourdoparty 1/2, le 15 septembre à Petit Bain, à partir de 20h.

Partager cet article
0 commentaire

0 commentaire

Soyez le premier à commenter cet article
Chargement...
Votre commentaire est en cours de modération
Merci
Une erreur est survenue lors de l'envoi de votre commentaire
Sourdoreille : la playlist ultime
Toutes les playlists

0:00
0:00
REVENIR
EN HAUT