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Savages : « Transpirer, c’est bon pour la santé »

Savages s’habillera toujours en noir pour faire du rock. Du post-punk disent-ils pour parler de morceaux plus longs et en apparence plus intello que son grand frère trisomique mais marrant, le punk. Sauf que raté, Savages transcende son monde par sa présence, et pas par des plages de bruit blanc. On a échangé avec Fay Milton (batterie) et Gemma Thompson (guitare) autour de la sortie de leur album Adore Life (sortie le 22/01 chez Matador).

Depuis notre découverte en mai 2013 des filles de Savages, ce nom évoque toujours une tripotée de sentiments pour nous. Un post-punk tapi dans l’ombre tentait-on alors dans nos lignes. Plus que ça, ce premier disque, Silence Yourself, sorti sur les écuries Matador / Pop Noire et qui n’a toujours pas pris une ride, nous avait foutu les tripes en vrac. Parce que les textes de Jehnny Beth, ex-chanteuse de John & Jehn, ont la puissance de son ambition. Que ce soit dans les paroles de ses chansons ou sur son blog, où elle n’hésite jamais longtemps à mettre son cœur à ciel ouvert.

La musique de Savages ne peut prétendre ni à l’invention, ni à la finesse, ni au sans-faute. Elle possède la rage, l’urgence et la souffrance du cheval de trait qui fonce. Elle explose avant de sortir de l’atmosphère. Elle accélère en montée. Elle est le rituel par le cri. Elle est ancrée dans son époque vous dites ? Mais non, ne réduisez pas tout.

Les raisons de l’omniprésence du quatuor sur vos écrans et votre affichage de rue sont multiples. En vrac, les concerts maximalistes, le rythme effréné, Pitchfork, le charisme de Jehn sur et en dehors de la scène, l’énergie tendue, la musique ancrée dans son temps, et forcément un peu de sexisme. Savages a probablement bénéficié de l’effet positif du groupe de rock de filles si rares en haut de l’affiche, mais qui voit fatalement son talent remis en question par des éditorialistes (qui assurent que si elles marchent « c’est parce que c’est des filles, nianiania »).

Difficile de taper du poing aussi fort sur la table une seconde fois. Mais c’est justement dans des titres comme « Adore », sublime single sorti il y a quelques semaines, qu’on retrouve toute la grandeur de Savages, dans un domaine moins punk. Empruntant autant à Bowie qu’à Nick Cave dans la prière, Jehn toute gominée (ou avec les cheveux très sales), nous a, une fois de plus retournés. On a rencontré Fay Milton (batterie) et Gemma Thompson (guitare) pour une petite discussion.

INTERVIEW

Savages1

Concept de début d’interview, la première question super-violente : l’amour a-t-il réponse à tout ?

Ok, je viens juste de manger… Pour la peine, je vais te dire d’où le nom « Love is the answer » vient. On était en tournée pendant deux ans constamment pour le premier album. Et Jehn a toujours un carnet de notes sur elle pour noter des paroles. Elle voulait que quelque chose de fort tourne autour de l’amour mais elle ne savait pas comment le traduire en « langage Savages. » A la fin d’un concert du groupe Swans en Hollande, le chanteur Michael Gira a fini un concert un scandant « love, loVE, LOVE » de plus en plus fort. Et tout le monde s’est tu. Elle s’est dit Love… « Love is the answer. » L’amour peut avoir d’autres significations. Comme l’ouverture.

Les paroles traitent aussi du fait que dans la vie, les gens ne souhaitent pas que les autres changent et évoluent trop. Vous avez souvent été confrontées à ça ?

C’est évident, surtout quand tu ne suis pas les conventions ou que tu décides de ne pas juste vouloir une gentille existence heureuse.

J’imagine que beaucoup de fans attendent le Savages qu’ils connaissaient dans Silence Yourself, votre précédent album. Qu’eux les premiers auraient tendance à ne pas vous voir changer ?

Je ne pense pas qu’on ait beaucoup changé. C’est une progression assez douce par rapport à Silence Yourself. On a vu ça comme une exploration de nouveaux champs.

Savages – Adore


Selon vous, quel est le plus gros pas en avant d’accompli depuis vos débuts ?

Principalement d’avoir développé une énergie très forte qui se dégage au sein et autour de Savages. Et qui se transpose sur la musique.

Sur le morceau « Sad Person », je me suis demandé si vous l’aviez imaginé comme on porte un toast à tous ceux qui cultivent la mélancolie ou de faire un auto-portrait de Savages.

Je ne vois pas nécessairement la tristesse exprimée ici comme de la mélancolie. En anglais, désigner quelqu’un comme une sad person est assez offensant. Jehn joue sur les différents sens du mot. Comme une personne malheureuse, sans confiance et jamais satisfaite qui ne fait rien pour changer.

Dans « Adore », Jehn se demande s’il est humain d’adorer la vie ? La question sous-entend-elle qu’il serait plus normal de haïr la vie ?

Oui, c’est facile de détester la vie. Les paroles de Jehn sont très personnelles sur cette chanson. Il semble facile de haïr la vie quand on se sent coupable par amour, notamment.

L’instru sur « Slowing down the world » est bien sentie, la production, l’insertion de bruits industriels, l’intro, le côté drone… Comment la voyez-vous ?

C’est peut-être la plus lente de l’album. J’aime ces grooves très lents qui progressent doucement. On retrouve cette impression dans tous les genre de musique d’ailleurs.

Savages – The Answer

Dans le clip de « The Answer », vous avez voulu rendre hommage à vos fans en les faisant apparaître. Etait-ce un exercice difficile sans tomber dans le pathos ?

Je ne le trouvais pas cliché, plutôt rafraîchissant. Mais je comprends bien. Tu dois faire très attention dans ce genre de vidéos parce que l’image du rock ‘n’ roll a tellement été batardisée par tellement de groupes et d’expériences flashy. On a évité les pièges au niveau du film et du montage.

Vous vous considérez comme des sauvages ?

Plus que jamais.

Pourquoi ?

Parce qu’il faut s’accrocher plus que jamais sur la scène et dans la vie. La vie en tournée est assez sauvage aussi. C’est très back to basics : dormir, manger.

Est-il envisageable pour l’une d’entre vous de ne pas finir en sueur à la fin d’un concert ?

Transpirer, c’est bon pour la santé. A un bon concert, la sueur est comme une pluie de printemps. Très pure et terriblement pétillante (en français dans le texte).

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