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Ry X : « J’aime être en club à Berlin, dans une église intime, une warehouse ou une radio »

Autrefois sous son vrai nom Ry Cuming, l’Australien né sur une petite île de 300 habitants faisait de la musique sans vraiment y croire. Et pourtant ça marchait. Il est loin le temps où il faisait les premières parties de Maroon 5 (si, si). Aujourd’hui, il joue dans des églises, dans des petites salles ou…au Berghain. Entrevue avec Ry, homme universel, à propos de la spiritualité et du rôle d’un artiste.

Tu aimes parler du temps où tu jouais sous ton nom Ry Cuming ?

Non (Rires). [Il faisait ça, ndlr]

Pourquoi ?

Ça n’a pas d’intérêt. J’avais une façon de m’exprimer complètement différente, je ne voulais pas déranger. Je sortais de la musique sans savoir qui j’étais en tant qu’artiste. Mais c’était instructif.

C’était un projet un peu jeune mais qui marchait bien : tu as même tourné avec Maroon 5… C’est le genre d’expériences qui marquent ?

(Rires) Oui, c’était bien, c’était une expérience intéressante. Sur le moment, c’est forcément fou, parce que tu joues devant 10000 personnes. Mais encore une fois, ce sont des endroits et des ambiances auxquelles je n’appartiens pas. C’est bien de prendre la température de l’eau pour savoir si tu veux y nager.

Jolie expression. Il y a bien des trucs qui t’ont saoulé ?

Ces mecs sont super, certains sont encore des amis. Mais, niveau musical, tu as des énormes productions qui ont pour but premier d’impressionner, d’être toujours impactant pour une foule de gens très jeunes qui viennent voir leur groupe préféré. Et c’est tout, tu vois. L’idée est loin du cœur, de l’art, de la création et de l’âme.

Donc, maintenant après Ry Cuming, tu es devenu Ry X. Le X pour l’inconnu ?

Oui, à la base c’est ça. C’est aussi pour les collaborations – tu mets toujours Machin X Truc -, la réinvention dans le sens que X signifie tout et donc un nombre d’ouverture musicales infinies. Le nom vient aussi du fait que j’ai beaucoup vécu les nuits berlinoises et c’est comme ça qu’ils présentaient toutes les collaborations.

C’est là où est né ton duo avec Frank Wiedemann [moitié du duo Âme avec qui Ry forme Howling] ?

Voilà, je veux faire de nombreux projets de ce genre.

Tu as déjà beaucoup de projets entre The Acid, Ry X, Howling. Tu bosses dessus en même temps ?

Oui, les trois projets en même temps. Et même d’autres qui n’ont pas encore vu le jour. Je ne suis pas un artiste unidimensionnel. Je ne fais pas juste des chansons à la Ry X, je ne fais pas juste de la house comme dans Howling. Et The Acid est encore une autre partie de moi, la part expérimentale. C’est très important pour moi de jouer simultanément ces trois musiques car c’est ce que je suis musicalement. J’aime être en club à Berlin, j’aime être dans une petite église intime, dans une warehouse, dans une radio.

Pourrais-tu me décrire plus précisément chacun de ces trois projets ?

Le son de Ry X est vraiment brut, intime, peu produit, sans artifice. Je trouve ça tellement rare aujourd’hui de tomber sur de la musique sans grosses productions. C’est juste moi, nu. Physiquement et émotionnellement nu. Howling est similaire dans le côté épuré avec une part sombre d’un club de Berlin à 5h du matin. Et j’ai toujours été fan de musique électronique donc rencontrer Frank [Wiedemann] a été une chance. The Acid est une exploration sonore. C’est très expérimental et ce n’est qu’un début, le style n’est pas figé pour ce projet. Le truc cool, c’est que certaines personnes qui aiment la house et pas trop les chansons font l’effort de découvrir. Les frontières deviennent floues.

Tu as gardé le mystère autour de ton projet The Acid (avec Steve Nalepa et Adam Freeland). Pourquoi cela ?

Hum, je commençais à avoir pas mal de succès avec le projet Howling avec Frank à Berlin, dû au fait que Frank est une pointure dans sa ville. Et, avec The Acid, on s’est dits que ce serait pas mal de laisser la musique s’exprimer d’elle même. Pour que les gens se fassent un jugement vierge. On ne voulait pas que les gens écoutent cette musique parce qu’ils connaissaient la musique de Ry X ou de Howling. On l’a mis naturellement sur Soundcloud et la magie a opéré.

Le silence est important pour toi ? Entre la petite île où tu as grandi et ta maison en bas des montagnes à LA, il n’y a pas foule ?

J’aime bien vivre en ville pendant un moment pour sentir toute l’énergie qui grouille mais je suis plus souvent à côté des montages et de l’océan, juste pour me lever et regarder le paysage. Je suis loin de tout. Je reviens aussi une fois par an sur mon île pour retrouver mes racines. J’alterne entre clubbing d’un côté et surf / yoga de l’autre. Mais, je fais plus régulièrement de yoga que du clubbing.

Tu as de bons amis à Berlin ? Je pense encore à la famille Innervisions, le label mené par Dixon et Âme.

Oui, de magnifiques amis. J’ai vraiment de la chance d’être tombé au milieu de la scène techno berlinoise sans avoir eu à venir de l’extérieur et de la découvrir pas à pas. Et Dixon, Frank, Henrik [Schwarz] et tous les autres sont vite devenus comme des frères.

Comment tu décrirais ce label ?

Il touche à la perfection. Et ils la recherchent cette perfection. Ce raffinement. Tout ce qu’ils sortent est bon. Je te mets au défi de trouver un mauvais morceau d’Innervisions !

La musique de Ry X se rapproche de leurs productions par leur romantisme, leur côté tendre ?

Oui, un jour, Dixon m’a dit : « Depuis que tu es là, tu as changé le jeu ». C’est pas vraiment que j’ai tout changé, bien sûr mais il parlait de l’apport de l’intimité et de la tendresse à la house et la techno qui n’avait pas vraiment été fait avant. Ou peu. Tout ce qu’ils sortent vient du cœur. La balance est parfaite pour moi. Et en club, ça marche parfaitement, les gens se retrouvent très liés.

Tu m’as dit que ton nouvel album, c’était toi « tout nu ». Quelles sont les histoires que tu racontes ?

Je parle de moi tout nu (Rires). Ça parle d’interactions, d’événements importants de ma vie, des filles. Je ne raconte pas d’histoires, c’est très honnête.

Autant de bons que de mauvais moments ?

Beaucoup de mauvais, je suppose. Mais qu’est ce qui est bon ? Qu’est ce qui est mauvais ? Pour moi, les mauvais moments sont des challenges, des moyens d’expansion. Il est inconfortable de grandir. Même dans ton corps, il est désagréable de grandir. Tu grandis avec la douleur. Et ces moments te donnent la chance de pouvoir grandir. Mes chansons parlent de ces moments. Comme Howling et Berlin qui sont des moments très particuliers où je décide de grandir, pas de refouler ni d’oublier.

La douleur est utile ?

La douleur est utile. C’est un outil.

Tu es un spirituel. C’est une spiritualité religieuse ou non ?

Je crois en un Dieu universel mais je ne suis pas religieux. J’ai grandi au milieu de beaucoup de croyances, ma mère me les a apprises, mon père est un poète surfer qui croit en le pouvoir de la nature. Donc, je pense que j’ai grandi avec l’idée de l’univers comme Dieu. La spiritualité est une chose sublime, la religion non. J’écoute beaucoup de musique spirituelle indienne, des raga, du Ravi Shankar. Et ces mecs jouaient de la musique pour l’univers, pas pour les gens qui les regardent dans la pièce. Et si tu y penses, ce sont des choses totalement différentes parce qu’ils jouaient pour tout. Tu joues pour les hommes, la nature, pour toi, tout. J’essaie de tendre à ça.

Tu t’intéresses un peu à la philosophie indienne ?

Oui, j’en connais un peu. Je ne suis ni bouddhiste, indou ou autre mais je m’y intéresse beaucoup. Ce qui me passionne le plus est l’étude de l’impermanence (ça).

Merci

Merci, we were deep !

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