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Redécouverte de « Meat Is Murder » des Smiths, 30 ans après

Le 11 février 1985, The Smiths sortent un deuxième album en deux ans. Ils entament ainsi la deuxième moitié d’une carrière aussi fulgurante que lumineuse. Pour Morrissey, cet album est l’occasion de montrer son autre face cachée. Derrière la tête d’intello réservé et mystérieux : une grande gueule aux convictions bien établies.

Début 1984, The Smiths sortent un album éponyme totalement à contre-courant de ce qui est diffusé sur les ondes britanniques : en pleine époque où la new wave côtoie les productions mainstream américaines (Lionel Ritchie, Michael Jackson, Wham!), quatre garçons un peu paumés proposent une musique mélancolique et délicate dans la plus pure tradition de la pop anglaise.

Un an plus tard, ils récidivent avec Meat Is Murder. Morrissey se positionne clairement comme le chantre des outsiders d’un Manchester industriel et conservateur pas encore devenu Madchester. Il dénonce à tour de rôle les humiliations physiques (« The Headmaster Ritual »), les amours impossibles, le désespoir (« What She Said »), la méchanceté gratuite (« That Joke Isnt’ Funny Anymore »), la reine d’Angleterre (« Nowhere Fast »), les violences familiales (« Barbarism Begins At Home ») et bien sûr, la consommation de la viande qu’il considère comme de la barbarie. Mais ces dénonciations ne demeurent pas sans poésie (ceci dès les premiers vers de l’album) ni sans force cinématographique (« That Joke Isn’t Funny Anymore »).

Mais ce qui fait la force des Smiths, c’est de ne pas se résumer à la personnalité de Morrissey. La magie des Smiths opère grâce au talent de Johnny Marr, son sens inégalé de la mélodie pop, sa façon d’alléger des thèmes lourds, affiner les envolées lyriques du leader par un jeu de guitare léger et félin. La rythmique soutient le tout, souvent simple parfois très audacieuse (la ligne de basse funky de « Barbarism Begins At Home ») mais toujours efficace.

Co-produit par Morrissey et Marr, mixé par Stephen Street, future figure de la britpop, le son se fait plus catchy et moins sombre que dans leur premier album à l’image de « Nowhere Fast » ou « I Want The One I Can’t Have ». Exception qui confirme la règle, le titre éponyme achève l’album avec une impression de lourdeur malgré la qualité du morceau. Dans ce morceau, Morrissey clame son empathie envers les animaux qu’il met sur un pied d’égalité avec les humains, combat qu’il poursuit toujours avec force, parfois avec excès.


The Smiths – Meat Is Murder

30 ans après, cet album n’en demeure pas moins indispensable au même titre que les autres albums des Smiths. Pour le reste, Morrissey est devenu un personnage à tendance diva, capable du meilleur et souvent du pire tandis que Johnny Marr s’est lancé dans une carrière solo après avoir distillé son talent à droite et à gauche. Même s’il n’y a aucune chance de voir les deux anciens acolytes réunis sur scène pour jouer leurs anciens morceaux (ce qui n’est sans doute pas plus mal), il est plus que conseillé de se plonger dans cette courte et intense discographie qui a marqué l’histoire de la musique anglaise.

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