MENU
En lecture PARTAGER L'ARTICLE

Rater une interview en quatre leçons

Intervieweur est un métier à risque. Ceux qui le pratiquent vous le diront : ils ont tous connu au moins un gros ratage dans leur carrière. Notre expérience à Sourdoreille nous permet de vous guider sur cette voie. Exemple avec le cas Arnaud Fleurent-Didier, plantage sourdoreillesque s’il en est. Le résultat est tellement mauvais que vous ne le verrez jamais.

Interviewez un artiste dont vous n’aimez pas le travail

Arnaud Fleurent-Didier est une des révélations 2010. La preuve c’est qu’il était même au Prix Constantin (nous aussi, mais dans le public). Après écoute de plusieurs titres, il faut se rendre à l’évidence : les goûts et les couleurs ne se discutent pas, son travail est certainement de qualité, il a suffisamment de fans pour en attester. Mais, perso, c’est pas notre truc. Persister à l’interviewer dans ces conditions était notre première erreur.

Choisissez le pire cadre

Nous retrouvons le chanteur à 19 heures dans une brasserie de la place de Clichy. Personne dans le café n’est prévenu qu’un entretien filmé va s’y dérouler, nous sommes priés de faire fissa. De son côté, AFD semble avoir enchaîné les rendez-vous tout l’après-midi. Il arrive fatigué, on peut le comprendre. Un café et c’est reparti. Il accepte de jouer le jeu alors qu’il a sans doute très envie de rentrer chez lui. Au cas où nous n’aurions pas compris qu’on gêne, les serveurs repassent s’assurer qu’on va bientôt se casser. Merci les gars, votre soutien nous fait chaud au cœur. Tout est en place, on peut commencer à se planter pour de vrai.

Misez tout sur l’humour

Parce qu’on essaie d’installer un esprit décalé dans le traitement que nous faisons des musiques actuelles, nous avions parié sur un questionnaire thématique et humoristique, soit sur le cinéma (une passion d’Arnaud Fleurent-Didier), soit sur l’enfance (un thème important de son dernier album, La Reproduction). Après les réglages image et son, on commence. Quand le fiasco arrive, on le voit venir dès le début. La première question est un bide : « Dans le remake des Bronzés font du ski, quel personnage voudrais-tu jouer ? » Ça n’amuse pas du tout Arnaud Fleurent-Didier. Il trouve que les questions n’ont pas de sens et reconnaît qu’il n’a pas la tête à ça. Visiblement, on n’a pas non plus le même humour. Les dix minutes qui restent paraissent bien longues. On rame, on rame, mais la sauce ne prend pas. Ne parlons même pas des questions sur l’enfance, c’est un carnage.

Barricadez la sortie de secours

Que faire de cette matière ? Impossible de tenter un montage classique, ce serait totalement inintéressant. Reste deux options : garder peu de choses et tenter le tout pour le tout dans un format condensé. Bof, ça ne cachera en rien notre mauvaise prestation. Seconde idée : ajouter des rires enregistrés pour tourner la situation en dérision. Re-bof, ça fait un peu foutage de gueule de l’artiste, alors que c’est le contraire qu’on recherche.

En guise de conclusion

Quand vous en serez là du fiasco, vous n’oublierez pas de faire profil bas. On ne dit rien au manager et on prie pour qu’il ne nous relance pas.

Partager cet article
2 commentaires

2 commentaires

temps 01.12.2010

Le journaliste n’est jamais très loin du
journal…euh
Les muses sont les seules à permettre que le premier terme ne se transforme pas en second.
Cordialement

Répondre Fermer
Chargement...
Votre commentaire est en cours de modération. Merci
Une erreur est survenue lors de l'envoi de votre commentaire
Teresa K 01.12.2010

j’aime

Répondre Fermer
Chargement...
Votre commentaire est en cours de modération. Merci
Une erreur est survenue lors de l'envoi de votre commentaire
Chargement...
Votre commentaire est en cours de modération
Merci
Une erreur est survenue lors de l'envoi de votre commentaire
Sourdoreille : la playlist ultime
Toutes les playlists

0:00
0:00
REVENIR
EN HAUT