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Portrait de Hip Opsession, le festival du rap qui est mieux maintenant

On est devenus fans d’un festival de hip-hop nantais. Il s’appelle le Hip Opsession et rend hommage à toutes les branches de cette culture : danse, graff, beatmaking, rap de chez nous et transatlantique. Voici un panorama des activités couvertes par cet événement qui a lieu du 05 au 21 février à travers les témoignages du directeur Nicolas « Nico » Reverdito, mais aussi des mots de Busdriver, Anton Serra et son guitariste Baptiste.

Le début de l’aventure

Nicolas « Nico » Reverdito. Le projet Hip Opsession s’est lancé en 2005. A l’époque, on a constaté une forte présence d’acteurs locaux, d’artistes dans toutes esthétiques mais il n’y avait pas de plans fédérateurs qui permettaient de valoriser et de mettre en avant tout ça. Y’avait le festival Energi pop qui s’est arrêté en 2002 et qui prouvait qu’il y avait une vraie demande sur la culture hip hop.

Dès le départ, la ville de Nantes a été intéressée par le projet. Elle a directement répondu que la culture hip-hop avait toute sa place à Nantes. Ils ont attendu de voir comment le projet allait prendre forme avant de nous faire confiance et de nous accompagner. On s’est au départ surtout associés à des lieux de diffusion de la ville : le Lieu Unique, la BaraKaSon et l’Olympic. Aujourd’hui, ils sont une quinzaine de lieux à nous soutenir.

Panorama des activités

Nicolas « Nico » Reverdito. L’objectif est de présenter toutes les esthétiques, donc musique, danse, arts visuels et toutes les sous-esthétiques. De montrer que le hip-hop, c’est pas que pour les mecs à casquette. En danse, on essaie de valoriser les différents styles de danse, des battles, du break, des créations. En musique, on essaie d’aller du rap classique français, à des soirées plus jazz, plus électro, plus expérimentales, montrer les origines et la nouvelle scène. On essaie de mettre en avant le rap, le DJing, le human beatbox, le beatmaking. Le graff, c’est là où on est le moins bon et on travaille à le mettre au centre du festival.

Anton Serra et Baptiste (guitare). Nous voyons ça [le festival Hip Opsession] comme quelque chose de conséquent, à la vue de l’affiche proposée. Nous sommes très heureux de participer à cet événement. Pour le coté pluridisciplinaire, ça va de soi pour un festival hip-hop de représenter toutes ses branches. [Pour le show avec Lucio Bukowski et Oster Lapwass dans le cadre du festival] nous voulons, comme à chaque fois, prendre le public à contrepieds,entre classiques et inédits, acoustique et électronique.

Le hip-hop en France

Nicolas « Nico » Reverdito. Il y en a de moins en moins [d’événement hip-hop] qui sont transversaux. Il n’y a que des gros festivals autour de la danse, autour des battles, de la création chorégraphique, des festivals de musique. Mais tous très cloisonnés. Je pense que plus il y en a, mieux c’est. Plus il y a d’activistes, d’acteurs, plus on habitue le public et on le rend curieux et plus on fait profiter la communauté. Après, la situation n’est pas spécifique au hip-hop, c’est la situation économique qui fait que c’est compliqué pour tout le monde et qu’il y en a qui ont du mal à se développer.

Anton Serra et Baptiste (guitare). En France nous n’avons pas à rougir de la qualité et de la technique proposée par nos représentants.

Nicolas « Nico » Reverdito. Le Dooinit [lui] à Rennes, qui est un beau festival avec une belle programmation bien pointue, léchée, thématique, qui a du sens et de la gueule. Le festival En Vie Urbaine [lui] à Niort, un petit festival qui a un vrai cachet et une vraie identité. Et Hip Hop Dayz [lui] à Lille, qui est un ancien festival, un des plus vieux à ma connaissance, et qui était aussi une influence d’Hip Opsession au début pour son côté transversal et le côté participatif avec les lieux de diffusion du territoire, les acteurs.

L’underground et l’indépendance

Nicolas « Nico » Reverdito. Souvent la qualité va souvent avec un côté underground. Nous on défend plus le hip-hop qui ne va pas remplir des grosses salles que du hip-hop mainstream. Des fois, j’en viens à me demander si le côté pointu n’est pas un gage de qualité. Donc être une culture sur-représentée et visible ne ferait probablement pas le plus grand bien au mouvement. Je préfère rester dans une niche qui priorise la qualité à la quantité. Après ce qui manque en France, c’est un gros festival d’été comme il peut y avoir dans les pays de l’Est qui permet de voir en plein air des gros plateaux infaisables dans une salle.

Anton Serra et Baptiste (guitare). L’indépendance est une vaste plaisanterie pour notre part car nous sommes dépendants, et oui il faut l’admettre, des réseaux sociaux,de YouTube et compagnie, des programmateurs, des acharnés de l’associatif qui combattent chaque jour, pour que leurs
lieux perdurent, et surtout du public.

Busdriver. L’underground n’existe plus vraiment dans le rap. En tout cas, aux Etats-Unis. Je ne refuse jamais de jouer pour un festival markété. Je remercie chaque jour payé, mon collectif a besoin de ressources, on a besoin d’argent pour dire fuck à l’hégémonie culturelle. Pour casser les conventions.

Les nouveaux moyens de promotion

Nicolas « Nico » Reverdito. J’ai la sensation qu’avec les nouveaux médias et les réseaux sociaux, il y a une vraie dynamique. Il y a beaucoup de projets qui fonctionnent sur des réseaux différents. Aujourd’hui, c’est la sortie de l’album de Demi Portion qui, je crois, est premier des ventes sur iTunes. Le gars, il fait tout tout seul ! Il est indépendant et c’est la preuve qu’il y a encore d’autres moyens pour rentrer dans le marché classique de la musique. Donc, oui, il y a une vraie créativité. Et le slogan, « le rap, c’était mieux avant, on en est loin aujourd’hui ». Il y a une dizaine d’années, on pouvait se dire que c’était un peu vrai mais maintenant on peut voir que le rap se porte bien. C’est à se demander si c’est pas cette punchline qui a motivé les rappeurs.

Anton Serra et Baptiste (guitare). En général nos moyens de promotion sont les réseaux sociaux et YouTube qui nous ont permis de nous faire connaitre par un plus large public. Nous pensons que ces derniers sont suffisant pour pouvoir promouvoir notre musique.

Les artistes à ne pas manquer

Busdriver. Afrika Bambaataa est le pionnier. La fusion d’autant de styles différents est la clé de l’innovation pour le hip-hop. Ça influences les collectifs de beatmakers et inspire le rap encore aujourd’hui. Il aura toujours mon respect.

Anton Serra et Baptiste (guitare). Pour le festival : Akua Naru, Gavlyn & Oh Blimey, les femmes quoi ! Sur la scène française : Vald, Dooz Kawa, Demi Portion, les potes quoi !

Les projets de développement

Nicolas « Nico » Reverdito. On est en train de remettre à plat le format du festival pour une nouvelle version d’ici 2017. L’idée est qu’on soit moins lié au au budget pour que le graff soit mis au centre du projet. On va aussi développer un projet de création autour de la danse hip-hop. Une culture sous représentée alors qu’il y a une grosse scène en France et en Europe. On veut travailler là-dessus avec pas mal de salles dans l’agglo. Cette année, on a arrêté le T.K.O. qui était un battle DJ et beatbox et on a constaté qu’il n’y avait plus de DJ qui était chauds pour le scratch et le turntablism. Donc on se demande comment les remttre en avant.

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