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On est allés chez Bertrand Blier avec Cabadzi pour parler de musique

Rencontrer le maître du cinéma français Bertrand Blier était, pour le narrateur ici présent, l’une des cases à cocher avant de mourir. C’était aussi probablement le cas du duo électro-hip-hop Cabadzi avant que le réalisateur n’accepte de lui laisser ses textes pour qu’il les adapte à sa sauce musicale. Le résultat est sans appel en ce jour d’interview, trois gamins, les yeux pétillants, se retrouvent dans le salon d’un scénariste complètement jeté qui a eu suffisamment de ressource pour pondre des films comme Les valseuses, Buffet froid, Calmos, Tenue de soirée ou Un, deux, trois soleil. Allez Père Castor, raconte-nous une histoire sur Franz Schubert, Maurice Jarre, Lou Reed, Bob Dylan, Serge Gainsbourg, Khaled, Diam’s et Camelia Jordana.

Si personne ne fait du Blier comme Blier, beaucoup scandent Blier comme Blier. Des Valseuses à Buffet froid, quatre ou cinq générations de jeunes et de vieux se relaient pour répéter mot pour mot des dizaines de dialogues. Pour nous autres, Depardieu, Rochefort, Marielle, Dewaere, Blier (père) et tous les autres sont devenus des héros de la verve sous sa plume. Des phrases courtes, des mots répétés comme des mantras… Comme des rythmes, des refrains, du hip-hop, par exemple. C’est justement l’idée de Cabadzi, le duo formé par Olivier Garnier et Victorien Bitaudeau, qui a voulu adapter les dialogues du réalisateur. En est ressorti le disque Cabadzi x Blier, pur produit musical Cabadzi qui ne devrait pas trop vous choquer si vous avez déjà été touché par Fauve, ou, dans un autre état d’esprit, Odezenne.

Avec les Cabadzi, on a donc sonné à la porte de Bertrand Blier pour discuter de ce fameux disque, mais pas que, vous imaginez bien. Bertrand Blier est aussi un réalisateur qui a écrit des films sur le rythme d’une musique, sur la foi d’un coup d’archet, sur la base d’un andante. Gainsbourg a fait une de ses BO, il a fait jouer Diam’s, il est un fan de jazz, de Schubert et de Camelia Jordana. Il est un genre d’ancien consommateur de musique, capable d’écouter de la musique, assis, sans rien faire pendant des heures. Enfin, ça, c’était avant que le silence ne lui plaise encore plus.

Dans l’interview qui va suivre, il y a surtout des bonnes vannes, des histoires sans chute et des blagues de cul.

blier

AFP/Archives

BERTRAND BLIER
& CABADZI,
L’INTERVIEW

Bertrand Blier : Ça s’appelle comment votre magazine ?

Sourdoreille

Bertrand Blier : Quoi ?

C’est la première fois qu’on me la fait.

Bertrand Blier : J’imagine. Ça me fait penser à la pub Audika. Qu’est-ce qu’elle était nulle cette pub. Il y avait tellement de trucs marrants à faire là-dessus mais ils ont fait quelque chose de très carré.

Très bien, alors commençons.

Bertrand Blier : Comment ?

Deux – zéro pour l’humour. Ma première question sera pour Victorien et Olivier. Quel est votre lien avec la filmographie de Bertrand ?

Olivier Garnier (chant) : On l’a redécouvert un peu par hasard : passage télé au début des Valseuses. Parce que ça commence toujours par Les valseuses. Très vite, ça s’est enchaîné avec Tenue de soirée, un film qui nous a filé une tarte beaucoup plus énorme en terme d’écriture, de jeu et d’univers que Les valseuses. Ensuite, on a tiré le fil : Trop belle pour toi… très grand film. Moi, je suis assez fan des films des années 80 que Bertrand n’aime pas trop, comme Notre histoire, Mon homme ou Merci la vie.

Bertrand Blier : Merci la vie, j’aime beaucoup. C’est mon préféré. Mon homme, j’aime pas.

Olivier Garnier : Mais les films des années 70 aussi : Préparez vos mouchoirs

Bertrand Blier : Ah ça, c’est pas mal. On parle de musique.

Olivier Garnier : Oui, de Mozart. Voilà, donc on a filé la pelote et ensuite, on a rencontré Bertrand dès juillet 2015. On avait fait un premier morceau qui s’appelait « Bouche » en maquette et on est venu lui faire écouter dans ce salon. L’histoire a commencé là.

Betrand Blier : Je leur ai dit : « Ok, ça marche ».

« On a dactylographié les dix-huit films de Bertrand Blier pour faire un dictionnaire de punchlines », Cabadzi

Comme ça, aussi simplement ?

Bertrand Blier : Bah, c’est sympa leur machin. Ils m’ont fait écouter leur morceau qui était bien et je me suis dit les autres devraient être pas mal aussi.

C’était pourtant une première pour vous d’accepter qu’on touche à votre boulot ?

Bertrand Blier : Je donne rien, jamais. Mais là, on me demande gentiment… Et puis c’est pour une expérience qui n’a rien à voir avec mon travail, enfin avec le cinéma. Ce sont des mots en musique. Enfin ce sont eux qui vont vous expliquer, moi j’ai pas bien compris.

Comment bosse-t-on avec cette matière brute qu’est l’ensemble des dialogues des films de Bertrand Blier ?

Olivier Garnier : Il y a la méthode d’abord qui est plutôt universitaire qui est de dactylographier tous les dialogues des dix-huit films. Et à partir de là, ça forme une sorte de dictionnaire de punchlines dans lequel on va piocher. Il y a un gros travail d’adaptation littéraire, enfin de réécriture de ces punchlines, sur le temps, l’adressage, la syntaxe pour que ça finisse sur du hip-hop.

Victorien Bitaudeau (beatmaking) : C’est rarement toute une tirade.

Olivier Garnier : Ça nous a permis de mélanger sept ou huit dialogues de sept huit films sur un même morceau. Pour moi, dans la filmographie de Bertrand, il n’y a pas vraiment de répétition, il n’y a que des thèmes qui sont filés. Un film comme Buffet froid, il n’a rien à voir avec Trop belle pour toi. Préparez vos mouchoirs, il n’a rien à voir avec Calmos ou Merci la vie.

 

Olivier parlait de thématiques précises dans vos films, qu’on retrouve dans ces adaptations musicales. Vos films sont donc mûrement réfléchis ?

Bertrand Blier : Ça dépend. Il y a des films que j’ai en notes avant d’attaquer dans le scénario, comme Les valseuses – enfin juste 2 pages sur 450. D’autres où je n’ai rien ou juste la première scène comme dans Buffet froid. J’avais juste une réplique : « Est-ce que vous avez déjà mis un couteau dans un ventre ». La suite vient. Pourquoi ? J’en sais rien. C’est pas prémédité. Mais je jette beaucoup. Je travaille un peu n’importe comment. Là, en ce moment, il y a un scénario que j’essaie de monter qui est dans le style de Buffet froid. Bon, bah je rencontre les mêmes difficultés à le produire que je rencontrais dans Buffet froid.

Victorien Bitaudeau : C’est à cause de la violence ?

Bertrand Blier : Non, c’est plutôt le désordre mental. Dans Buffet froid, on tuait quand même onze personnes sans savoir pourquoi. Pourquoi on tue les musiciens ? On n’est pas obligés de tuer les musiciens même si la musique fait chier.

« On voulait que Gainsbourg écrive pour Bob Dylan et Lou Reed. On n’a obtenu aucune réponse », Bertrand Blier

Plusieurs générations de jeunes et de moins jeunes qui répètent des extraits de vos dialogues comme des mantras…

Bertrand Blier : On m’a raconté plusieurs fois ça, mais je n’en ai pas été vraiment témoin. Mais c’est sûr que quand je tourne un film avec des acteurs comme Depardieu, les gens connaissent par coeur les dialogues. Ça émerge des films.

Ça vous semble comme une évolution naturelle que ces dialogues finissent sur de la musique ?

Bertrand Blier : Non, c’est une aventure exceptionnelle. Ça tient au fait que ces deux mecs en face de toi sont des fous. Et moi aussi. Ce qu’ils ont découvert, c’est que mes dialogues étaient musicaux et moi, je ne le savais pas. Enfin je le savais un peu mais je ne prétendais pas qu’on ferait des musiques avec mes dialogues.

Vous saviez donc au fond de vous que vos dialogues étaient musicaux ?

Bertrand Blier : C’est à dire que ce sont des dialogues qui tiennent la route, qui sont très populaires et qui sont prêts à êtres musiqués par des mecs comme ça.

Olivier Garnier : La stylistique de Bertrand est faite à partir de phrases courtes qui se répètent. Et ça, c’est l’instrument d’écriture hip-hop. C’est une écriture avec beaucoup de consonnes, qui sonne bien en bouche.

Bertrand Blier : Quand je travaille avec des comédiens, je les amène à dire les mots, les syllabes, les consonnes comme je les ai pensés. C’est presque de la musique. Je ne le savais pas. J’ai l’idée de la rythmique et des notes. Je vais dire à une actrice : « Faut pas dire ‘aouw’ mais ‘aow' ».

Victorien Bitaudeau : Par exemple, moi, je trouve que Depardieu, il parle souvent un peu haut, dans vos films. Pas dans Les Valseuses, mais dans les autres.

Bertrand Blier : Il a toutes les voix.

Victorien Bitaudeau : Surtout dans Tenue de soirée.

Bertrand Blier : En même temps, c’est une tafiole, dans ce film. Moi, ce qui m’avait impressionné, c’est Mastroianni dans La journée particulière. Il joue un homosexuel, mais il ne le joue pas, ça se voit à des petits trucs. Et Gérard (Depardieu), il fait pareil, ça modifie un tout petit peu ses cordes vocales, il se positionne, il se met sur ses talons.

Comment vous êtes-vous partagés le boulot pour ce disque Cabadzi x Blier ?

Bertrand Blier : Je leur ai laissé tout le boulot, je n’ai rien fait. C’est un autre métier. Je ne vais pas dire que je m’en fous mais moi, j’ai écrit les films. C’est du passé, on peut les voir à la cinémathèque ou à la télé. Mais la musique, les paroles, c’est leur truc. Si c’est pas bon, c’est pour leur gueule. On n’aurait vraiment pas été raccords, j’aurais dit ‘on arrête tout de suite’. Mais comme ça me plaisait, je les ai poussés à continuer.

Olivier Garnier : À chaque fois qu’on finissait un titre, on venait le voir ici, chez lui. On l’écoutait ensemble, on parlait pas forcément du titre. Plutôt de ses films, des acteurs, de foot…

Bertrand Blier : C’était une aventure très sympathique qui donne un résultat que j’aime bien. C’est du gros boulot. Ils ont réécrit mes dialogues, ils ont fait des trucs de voyous.

« La musique est l’associée du cinéma, c’est comme quand on voit un cul, on met la main », Bertrand Blier

Vous avez écouté la musique de Cabadzi ?

Bertrand Blier : Non, je les connais pas ces gars, je les écoute pas. Et puis plus sérieusement, je suis fâché avec la musique en ce moment.

Il y a une raison à ça ?

Bertrand Blier : Je ne sais pas. Je prends plus naturellement un livre que je ne mets un disque. J’en ai tellement écouté. Il y a un moment où on est fatigués d’entendre du Schubert. Je dis Schubert mais je pourrais en dire un autre. Et puis, y’a des trucs emmerdants dans la musique. Par contre, ce qui revient régulièrement chez moi, c’est le jazz. Ça me met de bonne humeur quand je me mets un gros orchestre, ce matin, bien fort.

Qu’est-ce que vous avez trop écouté ?

Bertrand Blier : Quand j’étais jeune, c’était le jazz. Ensuite, je me suis mis à la musique classique, et là je m’en suis coltiné vraiment beaucoup. Ce que j’appelle beaucoup, c’est quatre heures à cinq heures sans bouger à écouter quelque chose.

Vous ne vous êtes jamais passionnés pour le hip-hop ou les musiques électroniques ?

Bertrand Blier : J’essaie de me tenir au courant, mais pas tant que ça. Comme tout le monde, j’en ai subi. Mais j’étais trop âgé quand c’est arrivé. Je suis toujours un peu à la bourre… Ou en avance, je sais pas. Après, j’écoutais aussi des choses que tout le monde écoutais, j’ai des souvenirs de chanteurs marquants.

Olivier Garnier : Vous disiez que vous aimiez bien Camélia Jordana ?

Bertrand Blier : Elle a une voix qui me bouleverse. Je la connais un peu, c’est une copine. Quand elle se met à chanter, c’est une magie. L’hommage aux victimes des attentats dans la cour des Invalides, c’était fantastique. Là, il faut s’incliner. C’est très rare. Mais je sais pas ce qu’elle fout, alors qu’elle devrait être une star énorme. Elle a un film qui sort, là, avec Daniel Auteuil. Je crains le pire.

Oui, elle vient d’une cité, elle veut devenir avocate et son prof a l’air d’être de droite, mais sympa.

Bertrand Blier : Ouais, mais ça fait chier ces trucs-là.

« C’est bien un film sans musique. Faudra l’expliquer à Scorcese », Bertrand Blier

Vous l’avez vue où pour la première fois ?

Bertrand Blier : À la télé, comme tout le monde à la Nouvelle Star. Elle a pas gagné naturellement, ils ont fait voter le public. Ces cons-là, ils ont voté pour l’abruti qui avait des épingles à nourrices partout, Soan. Faut pas faire voter le public.

Victorien Bitaudeau : En  tout cas, elle a un super projet en ce moment, qui s’appelle Lost avec un groupe, c’est un peu plus électro, downtempo.

Vous aimez bien le downtempo, Bertrand Blier ?

Bertrand Blier : Hein ?

Non, rien.

Victorien Bitaudeau : De la musique lente, quoi.

Bertrand Blier : Ah, c’est une feignante, en fait.

Cabadzi © Adams Carvalho

© Adams Carvalho

La musique, quand il y en a dans vos films, semble avoir une place importante. Vous y tenez tant que ça ?

Bertrand Blier : C’est très important, parfois même avant le scénario. Parfois la musique peut être primordiale. Dans le cinéma, hein, pas dans la vie. La musique est l’associée du cinéma, c’est comme quand on voit un cul, on met la main. La musique, faut y penser avant. La musique que je suis en train de préparer que je vais peut-être tourner, j’ai déjà les songes, je sais déjà quels instruments je veux.

Quels films avez-vous écrit après avoir écouté une musique ?

Bertrand Blier : Les valseuses, sur du Stéphane Grappelli. Son violon magique. Dans Préparez vos mouchoirs, les scènes sont directement le résultat d’une écoute de Mozart. J’ai écrit des scènes entières en écoutant un disque. Par exemple, le Concerto pour clarinette de Mozart, je l’ai écouté, et au deuxième mouvement, l’andante qui dure cinq minutes, je prends du papier et un stylo et j’ai écrit une scène en temps réel, c’est-à-dire que quand l’andante s’est fini, j’avais fini ma scène. C’était la scène : « Tu te rends compte le mec il est mort à 33 ans« , de Préparez vos mouchoirs. Mais je savais pas pourquoi je l’avait écrite, cette scène. J’ai failli la jeter, je savais pas quoi en foutre. Je l’ai gardée, et six mois après, c’était un film.

Il doit y en avoir un autre que j’ai oublié. Autre exemple : Calmos, c’est le son de la contrebasse à l’archet de Slam Stewart. Je l’ai fait écouter à mon musicien Georges Delerue, qui ne connaissait pas et qui m’a dit : « Ah ouais, c’est pas mal« . Alors on l’a fait venir de New York et il a joué avec un orchestre symphonique en recording, c’était fabuleux. Très émouvant, c’était un mec qui savait pas lire la musique, un grand black. Quand il jouait, ça balançait. Sinon, Trop belle pour toi, c’est un film presque entièrement écrit au casque avec Schubert.

Vous suiviez le rythme de la pièce de Schubert pour structurer votre film ?

Bertrand Blier : On l’a presque respecté, oui.

Olivier Garnier : Et Un, deux, trois soleil avec Khaled ?

Bertrand Blier : Il y a eu un disque de Cheb Khaled que très peu de gens avaient qui était genre dans « Les disques maudits des Inrocks » vu qu’il ne se vendait pas. C’était Safy Boutella et Cheb Khaled, un disque fabuleux. Je l’ai gardé quelques années dans les tiroirs et de temps en temps je me disais : ‘Un jour, je ferai un film pour cette musique’. Et j’ai fait le film. Bon je l’ai aussi fait parce que j’étais amoureux de l’actrice. Mais le point de départ, c’est Marseille, et à Marseille, on écoute ça. Et j’avais raison. Il n’y a pas d’accordéon dans les banlieues nord de Marseille, pas de rock non plus. C’est du raï.

Victorien Bitaudeau : Maintenant dans les quartiers nord, c’est Jul.

Bertrand Blier : C’est ?

Jul, c’est un Marseillais…

Bertrand Blier : C’est un rappeur ?

Entre variété et rap…

Bertrand Blier : C’est un peu dans le style d’Enrico Macias ?

C’est à mi-chemin entre le rap et Enrico Macias, à vrai dire…

Bertrand Blier : Voilà un truc qui me fait chier, le rap. Faut dire que je me suis pas attablé pour écouter. J’ai aimé beaucoup Diam’s. Je voulais faire un film avec elle. Elle est venue ici, on a fait des essais, on a tourné. Très bonne actrice. Et j’aimais beaucoup sa musique.

Victorien Bitaudeau : C’était pour quel film ?

Bertrand Blier : Je l’ai pas fait, tu peux pas le voir. Tu veux que je te donne un titre pour que tu sois content ?

Victorien Bitaudeau : C’était pour quel film ?

Bertrand Blier : Ça s’appelait Tous des enculés. Tu l’as pas vu ? C’est dommage.

Vous aimez les films sans musique ?

Bertrand Blier : L’autre jour, j’ai revu Le salaire de la peur de (Henri-Georges) Clouzot. Il n’y a pas une seule musique. Fantastique. Et dans Buffet froid, il doit y avoir à peine quatre minutes de musique. Mais c’est bien un film sans musique, aussi. Faut l’expliquer à Scorcese et à l’autre fou furieux…

Victorien Bitaudeau : Tarantino ?

Bertrand Blier : Non… Enfin, oui Tarantino. Les Américains, ils font un film d’1h30, ils mettent 2h de musique. Des fois, c’est tentant, quand on a des gros moyens financiers, on peut acheter les droits de n’importe quoi. « Je veux les Stones. Je l’achète. » Mais nous, on n’a pas l’argent, alors on est obligés de chercher d’une manière plus aiguë.

Vous avez notamment collaboré avec Gainsbourg…

Bertrand Blier : Oui, il devait faire la musique de Merci la vie. On voulait qu’il écrive pour Bob Dylan et Lou Reed. On a contacté sa maison de disque qui avait contacté Lou Reed et Bob Dylan et elle n’a obtenu aucune réponse. Pourtant Gainsbourg était connu partout dans le monde. Ça aurait été fantastique. Bon, Gainsbourg, je l’ai eu pour Tenue de soirée. Mais il m’a quand même refusé Les valseuses. J’ai jamais bien compris pourquoi. Parfois, il était con. Mais je me suis régalé avec lui sur Tenue de soirée.

Comment ça s’est déroulé ? Il vous a suivi sur le tournage ?

Bertrand Blier : Pas du tout, il est arrivé au dernier moment, les deux derniers jours, il n’avait rien fait et il a pissé tous les morceaux en cinq minutes, comme ça, parce qu’il était extraordinairement doué. Il pouvait faire quatorze morceaux en une demi-heure, il les mettait sur un dictaphone et les musiciens se démerdaient avec.

Cabadzi © Franck Loriou 3

© Franck Loriou

Quelles sont les autres collaborations avec des compositeurs de musique de films qui vous aient marqué ?

Bertrand Blier : Dellerue était charmant. J’ai eu Philippe Sarde, sur Beau père. Et j’ai eu des films où j’ai acheté de la musique. C’est possible d’avoir des compositeurs sur son projet. On peut avoir les gens. Il suffit de leur téléphoner. Mais j’ai eu ni Dylan ni Lou Reed. Mais j’ai eu beaucoup de gens qui m’ont dit oui. J’ai eu, un jour, un coup de téléphone avec Maurice Jarre qui appelait de Los Angeles. On a parlé une demi-heure. Charmant. Il m’a dit : « Venez, venez dans mon studio« . C’était pour Merci la vie. Et puis après on s’est renseignés sur ses conditions financières…

Victorien Bitaudeau : Vous l’avez rappelé ?

Bertrand Blier : Il est mort. Ceux-là je les rappelle pas. Beaucoup de gens sont morts. Non, Morricone, il est toujours vivant. Lui, c’est un tueur. Lui, il dit : « Je veux pas parler au metteur en scène, donnez moi le film, je vais faire la musique« . Il fait la musique et il dit : « Voilà, démerdez-vous, ça coûte un milliard. » On ne peut pas lui parler, donc c’est pas intéressant. La musique, ça se parle. Et un film, ça appartient à un metteur en scène, même si on a Morricone.

Il balance souvent sur Tarantino d’ailleurs.

Bertrand Blier : Il avait raison… Il faut toujours dire : « Ouais, il sait rien foutre, ce mec« . Beethoven, c’était pas aussi bien que ça. Il était sourd.

Pardon ?

Bertrand Blier : Audika.

Olivier et Victorien de Cabadzi présenteront leur spectacle Cabadzi X Blier au 104 à Paris le 29 novembre (avec ARM en première partie), le 2 décembre à Stereolux à Nantes (avec Pumpkin & Vin’s Da Cuero en première partie), le 8 décembre au Fuzz’yon à Lyon (avec ARM en première partie), le 09 décembre au Jardin de Verre de Cholet, le 13 janvier au Moulin du Rock à Niort, le 26 janvier à La Sirène de La Rochelle ou encore le 25 avril au festival Culture Urbaines de Canteleu.

© Christophe Crénel

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