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On est allé se balader au festival MOFO

Parce que l’on a développé un sacré lien depuis des années avec Mains d’Oeuvres, il était inenvisageable de rater cette quatorzième édition du festival MOFO. Premièrement, parce qu’il s’est tenu dans un contexte bien particulier cette année, « sans bail et sans complexe », et parce que les organisateurs ont bien voulu nous prêter un manchot gonflable pendant 3 jours. Comment résister.

Petit récapitulatif, histoire de recontextualiser les événements. Le festival MOFO prend place depuis plus de 14 ans dans les locaux de Mains d’Oeuvres, en mettant chaque année le paquet sur la programmation avec un certain penchant pour les musiques underground, bruyantes, glaciales et expérimentales. Un peu à l’image du bâtiment dans lequel les festivités durent pendant trois jours dans une joyeuse communion. Sauf que, problème. L’année dernière, la mairie de Saint-Ouen décide de ne pas renouveler le bail accordé à Mains d’Oeuvres, dans le désir d’en faire un conservatoire de musique classique et un peu moins bruitiste. Depuis, c’est une partie de ping-pong entre les instituions et les tenanciers de Mains d’Oeuvres pour trouver un consensus. On leur avait même écrit une lettre d’amour en soutien. La situation était pourtant parfaitement assumée, puisque le crédo de l’édition de cette année était « sans bail et sans complexe ».

On s’est donc procuré un manchot volant gonflé à l’hélium, baptisé Willy (car le maire de Saint-Ouen s’appelle William), et on l’a traîné partout avec nous pendant trois soirs pour lui montrer comment c’est cool en vrai, Mains d’œuvres et le festival MOFO.

Voici donc une sélection des moments qui nous ont marqués lors de cette édition placée sous le thème de l’Antarctique ; même si on a dû faire des sacrifices au niveau des artistes à voir car tout ou presque s’enchaînait du tac au tac. Et tout comme vous, on est humains, et on a besoin de prendre l’air, de boire des bières et de fumer des clopes pour nous raconter des blagues entre deux concerts, et croiser des vieilles têtes qui traînent dans les parages. On a fait quelques interviews aussi. Nos excuses aux groupes aux laissés pour compte.

WillyPlafond

MATAR EX MIO

Né de la rencontre entre Guillaume Marietta (The Feeling of Love, Marietta…) et Olivier Demeaux (Cheveu, Heimat…), c’est un projet visiblement récent mais qui semble déjà bien en place. Un seul titre est seulement à l’écoute sur le web pour le moment, mais voir le résultat directement à vif sur scène était intéressant ; à mi-chemin entre revendication rock, mélodies blues, percussions électroniques et synthé bien gras. Une espèce d’hybride qui roule à une bonne vitesse de croisière, et c’était plaisant de voir Guillaume Marietta s’énerver un petit peu au chant, comparé à son projet solo qui est bien plus folk. Projet à suivre.

MatarExMio

MAMMANE SANI + BLONDI’S SALVATION

On le considère comme le pape de la musique électronique au Niger, habitué à jouer lors des mariages et de concerts intimistes, mais on l’a découvert assez récemment en France avec la réédition de son seul et unique album sorti en 1984. Fort de l’intérêt qu’il suscite en métropole, il s’embarque dans une poignée de concerts dont un à la Station Gare des Mines où il fait la connaissance des Blondi’s Salvation. C’est là qu’ils commencent à travailler ensemble, et leur passage au MOFO était leur première prestation sur scène, après plusieurs résidences à peaufiner leurs morceaux et enregistrer des pistes démos.

Il a nous a même raconté avoir joué lorsque Macron était venu rendre visite aux militaires au Niger, sisi. Un monsieur qui a vécu pas mal de choses et donc beaucoup à raconter. On avait d’autres concerts à voir mais on n’aurait pas été contre chanter des chansons avec lui tout le reste de la soirée.

MammaneSani
MammaneSaniLive3

AUTISTI

C’était un peu la grosse claque du début de ce deuxième soir, et du festival en général. Sur une échelle de 1 à 10, pour représenter les frissons qui envahissaient ma pilosité corporelle, je devais facile être à 12. Autisti fait honneur au rock progressif et a déballé une prestation démentielle, sans artifices et sans chichis. Ils ne sont pas venus pour trier des lentilles, et ça s’est clairement ressenti. Sur mes poils, en tout cas. Et au niveau de la puissance sonore, surtout.

Ce projet de Louis Jucker et Emilie Zoé, qui jouent aussi dans des projets solos respectifs, agit comme une bombe à retardement qui peut exploser à tout moment ; dès le début d’une chanson ou bien en plein milieu sans crier gare. Victoire de la musique, catégorie révélation MOFO.

Autisti1

NOYADES

Violence à l’état pur, c’était un sacré bordel. Rien à dire de plus, c’était un peu indescriptible. Des décibels, de la violence, des sueurs, plein de pédales d’effets, et de la saturation. Le mieux serait peut-être que vous écoutiez un morceau qu’on va vous glisser juste en-dessous de la photo pour que vous imaginiez un peu la scène. Adeptes du headbang, Noyades est pour vous. Vous pouvez retrouver notre présentation du groupe ici.

Noyades1

CAMERA (& FRIENDS)

La formation instrumentale d’Allemagne était de halte à Saint-Ouen et ont leur a posé quelques questions avant leur show. Habitués à faire des concerts de rues, notamment dans le métro berlinois, ils ne font plus vraiment ce genre de performances improvisées ; même s’ils nous ont avoué qu’aucun de leurs concerts n’était similaire et que la jam-session était de rigueur chez eux. Et c’était effectivement le cas : quasiment aucun morceau de leur répertoire connu n’était interprété, d’autant plus qu’ils ont ramené des collègues avec eux sur scène ; notamment Francisco «KB» Cabala de La Hell Gang/Chicos de Nazca, et un gars qui jouait du cithare.

On leur a demandé si ils avaient déjà été interviewés en France, ils nous ont répondu que oui, ici-même au festival MOFO il y a quelques années de ça et il y aurait même des gars qui les auraient filmés en session improvisée dans les chiottes. Plutôt comique. Sauf que les gars en question, c’était nous. Enfin d’autres nous, mais quand même. Merci la bière.

Ils étaient accompagné de deux invités, un gars au cithare et une guitare supplémentaire avec KB de La Hell Gang et Chicos de Nazca. Ça méritait une petite photo de famille.

Camera1

DOLLKRAUT

Du krautrock dans la plus grande tradition du terme. Sombre, glacial, pendant de longues minutes et de manière répétitive pour faire rentrer le public dans une douce transe progressive. Un dancefloor de la guerre froide assez irrésistible à l’image de leur titre « Rollercoaster ». Une sacrée montagne russe.

Dollkraut1

Petite page de publicité avec quelques aventures de Willy.

WILLY QUI A TROP BU DE BIÈRE

WillyChiottes

WILLY QUI FAIT DU PLACEMENT DE PRODUIT

MammaneSaniLiveWilly

WILLY QUI NÉGOCIE  UN T-SHIRT A DIX BALLES

Mersh

DBFC

Dernier soir, dernier concert, un peu l’apothéose de ces trois jours. La formation qui officie depuis 2014 et leur premier EP sont venus enflammer le public avant de filer en after à la Station. Ni totalement un groupe, ni totalement des DJ non plus, le groupe se définit comme étant un club dans un souci de vouloir rassembler le plus grand nombre. Ils font partis de cette scène (notamment portée par leur label Her Majesty’s Ship) qui mêle electro et rock avec un bon baromètre, comme La Mverte ou Vox Low. Certains parleront d’electro-rock, d’autres de psychotronica, mais rien de mieux pour finir un festival qu’importe l’appellation.

Lors d’une interview qui a été tronquée car le groupe devait aller monter leur matos sur scène (c’est mieux pour jouer), ils nous ont parlé de leur rencontre en 2011 alors que le projet n’était même pas encore né, de leur tube « Leave My Room« , de leur excellent album Jenks sorti en 2017, et de chocolats magiques ingérés au Mexique et qui leur ont inspiré de nouvelles compositions et un nouveau clip. Il aurait été tourné sur une plage, et les visuels visent à restituer ce qu’ils percevaient. Ça s’appellera « The Rest of the World » et ça va clairement vous donner envie de manger des chocolats sur la plage.

Ils nous ont aussi parlé de dystopie, du fait de se projeter dans un futur proche pas si lointain et de comment la technologie nous impacte avec un seul constat global : « nous éprouvons de moins en moins » derrière nos écrans.

On se rattrapera une autre fois pour parler du monde, les gars, parce que la discussion était clairement intéressante. Mais bon, on n’a pas eu le temps de conclure et de trouver des solutions à tous les maux du monde. A défaut, on est allé se déhancher devant leur concert et on met au défi quiconque de rester impassible face à la moindre de leurs chansons. Leur mission de rassemblement et de communion semble bien goupillée. En tout cas, au Mexique, c’est le feu.

DBFC
 

Longue vie à Mains d’œuvres et au MOFO. On se revoit l’année prochaine et même avant d’ici-là, qu’importent les marées et les tempêtes.

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