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Octave Noire, symphonies pour soleil synthétique

Octave Noire est un oiseau rare. Un musicien capable de synthétiser plusieurs passions françaises : la pop de Gainsbourg, la new-wave de Daho, l’electro d’Ed Banger et les arrangements orchestraux de Michel Colombier. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie de Monolithe, son nouvel album.

« Je rêve de composer de la musique de film », confie Octave Noire. D’une certaine manière c’est ce qu’il fait avec Monolithe, son nouvel album à paraître le 14 février chez Yotanka. Il capture des scènes de notre quotidien post-moderne avec un regard nostalgique et élégant. Nous avons voulu savoir ce qui se cache dans la tête de cet artiste qui rêve de paysages synthétiques beaux comme un film de science-fiction de 1982.

Flashback

Retour en 2016. Octave Noire, alias Patrick Moriceau, signe Néon. Un premier album sous ce nouveau patronyme (il avait déjà à son actif deux albums sous le nom d’Aliplays, dont l’excellent Happy Ours) en forme de réussite éclatante. Il révèle alors au monde des chansons iconoclastes, entre inspirations gainsbouriennes et envolées orchestrales. En tête de gondole, le single space-opéra « Un Nouveau Monde » propulse sur le devant de la scène ce pianiste, compositeur et arrangeur qui faisait souvent chanter ses morceaux par d’autres. « J’ai dû devenir chanteur, apprendre à être sur le devant de la scène », se rappelle Octave Noire.

Et c’est là qu’on le retrouve aujourd’hui avec Monolithe. Il est toutefois armé cette fois-ci, semble-t-il, d’intentions différentes. « J’ai voulu retourner vers ma culture musicale d’origine : la musique électro », explique-t-il. C’est ce qui saute aux oreilles à l’écoute de ses 10 nouveaux titres : une volonté d’aller vers un son plus direct, plus brut. « J’ai accéléré le tempo et utilisé des boîtes à rythme », poursuit-il. J’ai cherché l’énergie du live ». Parmi les plus belles réussites de l’album, figurent ainsi deux morceaux qui tapent dur. « Monolithe Humain » d’abord, interprété en duo avec le rappeur ARM (retrouvez notre interview), qui emmène Octave Noire sur la voie d’un hip hop littéraire avec une force qu’on ne lui soupçonnait pas. « Sous blister » quant à elle se désespère de la marchandisation à l’œuvre dans nos sociétés. « La beauté du monde à vendre à la découpe. Même nos colères, on les utilise et on met un code barre dessus », se désole Octave Noire.

Ailleurs, on retrouve ce qui fait l’ADN de l’artiste. Des chansons qui se déploient comme des voyages, une écriture singulière, des arrangements orchestraux luxuriants et des synthétiseurs analogiques qui crépitent. La magistrale collaboration avec Dominique A, « J’ai choisi« , est ainsi un sommet de l’album. Pop song mutante qui se déploie en méandres inattendues, elle doit autant à Bashung qu’à Aphex Twin. « L’Avalanche » est généreuse en cascades de cordes synthétiques, de basses tout droit sorties de Melody Nelson et de mélodies soyeuses qui s’enroulent jusqu’à donner le tournis.

« J’ai surtout voulu créer un album solaire », confie Octave Noire. On retrouve cette thématique du soleil dans les textes comme dans le titre de l’album. « Monolithe, c’est une référence aux obélisques, qui sont des rayons de soleil pétrifiés dans la mythologie égyptienne ». On retrouve aussi cette influence solaire dans l’évocation de « Los Angeles » autre single tiré de l’album, cette ville « où tout le monde arrive avec des rêves en bagage ». Le clip, tourné à Tucson par Gaëtan Chataigner, a bien failli ne pas se faire. « A cause d’une erreur sur le jour de départ, j’ai presque raté l’avion !, s’amuse Octave Noire. Finalement tout s’est bien fini et nous avons pu tourner avec des gens incroyables et dans des lieux complètement fous, comme cette ville fantôme à la frontière du Mexique ». Il nous reste ainsi des images acidulées, contemplatives et belles comme un coucher de soleil sur le Pacifique, qui siéent parfaitement, on l’imagine, au film qui se joue dans la tête de notre homme.

Crédits photo en une : Octave Noire, par Fabien Tijou

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