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Musique, gloire et rock indé – Chapitre 1 : Le piège du second album

 

Lâchons-nous. Petit essai en quelques chapitres sur le thème : Musique, gloire et rock indé… Si vous trouvez ça long, vous pouvez toujours écouter les morceaux proposés, promis ça aide.

Musicien, ah quel beau métier ! Quand les charts vous adulent, quand les interviews vous cirent les pompes, quand vos yeux cernés sont la preuve d’une vie d’artiste menée à 150% …


Mais tout le monde sait bien que ce temps ne dure jamais trop, et pour une palanquée de bonnes raisons. Nous ne parlerons pas ici des abus de la vie de rock-star (sex/drugs/rock’n roll pour faire simple), qui, il est vrai, sont souvent responsables de la déchéance d’un groupe. Non non non. Car il y a d’autres facteurs, beaucoup plus vicieux et beaucoup moins analysés. Voici donc le premier d’une petite série d’articles, composés de quelques idées en vrac, accompagnées de musique, bien entendu !

Prenons un exemple simple, et ô combien récurrent. Prenons un groupe X. Très talentueux. Inconnu au bataillon, il traîne depuis quelques années dans les bars ou autres lieux intimistes, sans jamais percer. Et petit à petit, la singularité de sa musique fait que des personnes s’intéressent à lui. S’il a de la chance, un premier album va sortir. S’il est bien relayé, s’il s’inscrit en marge d’un paysage musical un peu morne, ça sera un carton assuré. Le début de la gloire. Et peut-être la fin. Pourquoi ? Une bonne raison : le piège du second album.

Placebo – Nancy Boy

Plusieurs scénarios sont à prévoir :

– 1er album excellent, possédant sa propre signature et tout et tout. Ça enrichit le paysage musical actuel, sur scène ça assure, bref, que du bonheur en boîte.

Alors voilà le deuxième album… plusieurs hypothèses :

1 – 2ème album dans la même veine. Puis 3ème album pareil. Dans 99% des cas, on leur reprochera vite fait de faire tout le temps la même chose. Ou pire, de faire la même chose mais moins bien. Hop, direction les oubliettes. Merci quand même pour les thunes dans les poches des majors. Si on a besoin on sortira un live, on se gênera pas, mais c’est déjà la fin. D’ailleurs, y’a déjà plein d’autres groupes qui attendent de prendre votre place.

2 – 2ème album dans la même veine, mais mieux produit. Résultat, les majors kiffent, les ados kiffent, mais les fans de la première heure trouvent ça moins frais, moins spontané, bref, trop commercial. Et ils ont pas tort.

3 – 2ème album différent. Paf, les fans de la première heure seront déçus. Les critiques se partageront entre le « c’était mieux avant », ou « l’artiste n’a pas su trouver son style ». Bref, très très peu de groupes ont ainsi réussi à faire varier les genres dans l’histoire de leur carrière. Dans tous les cas, en variant les genres, le risque pris est très fort, et les conséquences inévitables. Alors pour ceux qui survivent, vient le troisième album. Soit retour aux sources, soit nouvelle tentative de changement, effort de diversité. A moins d’avoir une fanbase surdémesurée et d’être incroyablement doué (ex : Radiohead, Damon Albarn), la globalité des auditeurs sera perdue, pour ne pas dire déçue. « Oh la la, ce groupe n’a pas de style propre, et puis de toute façon, c’était mieux avant« .

En gros, plus le premier album cartonne, plus il est relayé, plus la fanbase est grosse donc, et plus le deuxième album a de chances de décevoir. Tout simplement parce qu’il y a plus de monde à décevoir.

Alors que faire si l’on veut décevoir le moins de monde possible ? ne faire qu’un album ? Comme on dit au foot, prendre sa retraite sur un coup d’éclat ?

Stanley Brinks, aka André Herman Düne a semble-t-il trouvé une solution qui mine de rien fonctionne, le concernant. Pour garder la maîtrise de son art, il ne le distribue pas, ou très peu. Dès que le succès approche, il s’en éloigne (changement de groupe, changement de nom de scène). De nature méfiante (et l’histoire de la musique lui donne raison jour après jour), il craint que la grande distribution de ses albums lui fasse perdre le contrôle de sa créativité et de son art. Morceaux choisis illustrant ses choix :

Un de ses derniers morceaux avec le groupe Herman Düne, sur l’album Giant (2006)

Herman Düne – Bristol

« I tend to keep away from the press, the TV and the radio
I like to keep my mind clean
When i can i always choose
To focus on what’s here and
Not know what the world wants me to know »

Et un de ses premiers morceaux, juste après avoir quitté le groupe Herman Düne (2006)

Stanley Brinks – Stanley Brinks

« I played in a band, we toured the old world,
the shows were exciting, fun and unheard.
[…]
« In the fall of 2006, I changed my name to Stanley Brinks.
I moved away from my friends and family
and became an enemy of the society
when I changed my name to Stanley Brinks, in The fall of 2006 »

Son frère et ancien complice de scène et de studio Yaya Herman Düne lui, a donc choisi une autre voie, qui implique la grande distribution, la promotion (tv / presse) et les gros concerts. Sur le dernier album en date et donc composé seul (Next Year In Zion), il y a ce morceau, dédié semble-t-il à André, et dans lequel il commente le choix de son frère de quitter le groupe à un moment où ces questions sont apparues :

Herman Düne – When We Were Still Friends

« We’re on different tracks, and on opposite ends,
but was it any different, when we were still friends ?
[…]
You say my dreams do not make sense,
but was it any different, when we were still friends ? »


Bref, tout ça pour en venir à une question essentielle mais jamais posée : le fait de vouloir faire carrière est-il une erreur ? Le succès détruit-il l’artiste ? hum. Je vous laisse réfléchir là-dessus.

La suite au prochain épisode, parce que sinon, ça ferait long à lire d’un coup ( Chapite 2 – C’est quoi, être « indé » ?)

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2 commentaires

2 commentaires

louis 04.03.2010

c’est The question qui agite tous les ciboulots. Pour le groupe le succès en fait permet soit plus de liberté ou plus de pression commerciale
Et en fait les grands groupes, les vrais « indé » en fait, sont ceux qui arrivent à concilier succès (limité ou pas d’ailleurs) tout en traçant leur sillon (Radiohead typiquement) sans laisser ni fan ni rock critic et faiseur de roi sur le chemin. C’est aux fans ou futurs fan de s’adapter aux choix du groupe. C’est une démarche « artistique » et moins « commerciale » pour faire court.
En fait le vrai piège pour un groupe c’est d’avoir le succès au premier album. il faut soit être complètement génial pour s’en sortir (Alex Turner des Artic Monkeys) ou alors c’est la fin directe (Stone Roses et autres)
Dans les public il y a les « chasseurs » amateurs de nouveauté et les « éleveurs » qui aiment plutôt les confirmés.
Mais un groupe peu rester « indé » très longtemps (PJ Harvey).
Il faut juste éviter le morceau qui fera musique de pub, ça c’est impardonnable.
Vivement la suite de l’article.

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MatHelium 03.03.2010

Intéressant… mais on va attendre la suite prochaine pour débattre :-).
Sinon pour info, le virage de Radiohead, c’est surtout 4ème album (Kid A).

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