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Motorama, l’espoir s’habille en noir

Dialogues est déjà le quatrième album de Motorama. On a échangé avec Vladislav Parshin, le cerveau et le cœur d’un groupe auquel on est désormais viscéralement lié. Il faut dire qu’il a tout fait pour.

Motorama, c’est d’abord l’histoire d’un coup de cœur immédiat. Une chanson. « Rose in the vase » imprime immédiatement et durablement la marque du groupe russe, par son humeur mélancolique, son spleen paradoxalement accrocheur. Ce groupe ne vous mettra jamais de bonne humeur. Mais il est de ceux qui rassurent quand on se sent tanguer, de ceux qui maintiennent dans le cocon dont on n’avait de toute façon pas prévu de nous extraire. Il y a du bon à être parfois contemplatif, pour quelques minutes ou quelques heures.  Motorama, malgré sa retenue, sa sécheresse, et la bienveillance toute relative de sa musique, est la bande-son rêvée de ces instants.

Mais le tour de force du groupe est justement de ne pas être un énième groupe de dream-pop qui s’appuie sur vos élans dépressifs. Pas du tout. D’ailleurs, Motorama n’est pas un groupe de dream-pop. Eux, leurs racines, ils les puisent plutôt dans la cold wave, dans ce qu’elle de plus froid. Et toute leur magie est d’y ajouter l’urgence et l’immédiateté propre à la pop. La formidable « Eyes » en est peut-être le plus bel exemple. Voilà ce qui rend la bande de Vladislav Parshin si spéciale et attachante.

« Rose in the vase », notre chanson fétiche, figurait sur Calendar, qu’on a découvert en même temps que Alps, paru en 2013. Une chanson fétiche en appelant une autre, on a appris à considérer le groupe dans son ensemble. S’en est suivi Poverty en 2014, qu’on a saigné jusqu’à la dernière note, jusqu’à son successeur Dialogues, qui sort au moment même où l’on écrit ces lignes. Un disque qui conforme une impression tenace : la musique de Motorama n’est pas d’une noirceur abyssale. Elle reste joueuse, parfois tendre. Elle garde une parte de naïveté qui veut croire que les choses peuvent s’arranger. Comme une percée dans le monde adulte, mais les yeux mi-clos, pour ne pas tout voir, mais pour distinguer quand même les contours lumineux qui maintiennent l’espoir.

A cette occasion, leur label Talitres (qui fête leurs 15 ans mais ça, on y reviendra), nous a mis en lien avec Vladislav Parshin, tête pensante du groupe, pour échanger par mail. Notre première question était simple : Depuis Poverty en 2014, qu’est-ce qui a changé ? « C’est plus profond, nous répond-il. A la fois au niveau des paroles que de la musique, avec notamment des arrangements de cordes, de guitares artistiques, de bongos, de touches électroniques. C’était nouveau pour moi d’enregistrer ainsi et cela aura une influence sur nos concerts.« . Oui, il a bien dit des bongos, cet instrument venu d’Amérique latine. Pour un groupe de wave-pop russe ? Bah oui, sachez-le, là-bas, et plus particulièrement au Pérou, Motorama cartonne sévèrement. « Je ne sais pas pourquoi, s’en étonne également Vladislav. Ils se sentent connectés à notre musique, de façon physique et métaphysique. Je ne peux pas l’expliquer. Peut-être partagent-ils les mêmes émotions que nous… ». 

Un succès là-bas, des tournées chez nous. Mais pour être prophète en son pays,  c’est une autre histoire. Difficile d’entrer dans le cœur de tous les Russes, de les toucher au plus près. Simplement pour un raison toute bête : la géographie. « C’est compliqué de faire une tournée en Russie, à causes des distances énormes. La plus longue a quand même duré 13 dates. ». Il nous rappelle au passage que tous les autres membres du groupes ont encore un boulot, ce qui rend la tâche de faire exister Motorama d’autant plus ardue. « Moi, j’écris aussi des chansons dans d’autres groupes. C’est devenu mon métier, pour l’instant. » nous précise-t-il. Un métier appris à Rostov-Le-Don. C’est . Il n’a pas bougé depuis. « Je ne sais pas si la ville influe sur notre musique. Certainement quelque part, notamment pour les visuels. Je n’envisage pas de partir d’ici. Mais d’un autre côté, je ne vois rien qui m’empêcherait de composer ailleurs. Parfois, certaines personnes ressentent mieux leurs pays quand ils s’en éloignent. »

Motorama_2015_by-Maria-Bartulis

Quand on demande à Vladislav Parshin la chanson qu’il retient de Motorama, celle qu’il mettrait au-dessus de toutes les autres, il refuse de répondre. « J’ai mes chansons préférées, mais c’est un secret. » On aura tenté. On met quand même une pièce sur « Alps ». Simplement parce qu’elle nous semble être l’une des plus inspirées. On s’imagine dès lors qu’il y a mis toute son âme. Et une bonne partie de ses tripes, qui sait. Sait-il faire autrement, d’ailleurs ?

A l’occasion des 15 ans de Talitres, Motorama jouera deux fois consécutivement à la Maroquinerie à Paris, les 9 et 10 novembre. Les 11 et 12, direction Bordeaux et son Rocher de Palmer. En compagnie, selon les soirées, de François & The Atlas Mountains, Flotation Toy Warning, Emily Jane White et Will Samsan. Le détail est ici

Crédit photos : Maria Bartulis

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