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Mild High Club, l’océanographie pop

Si Alex Brettin était un cétacé à dents, il serait probablement un grand cachalot. S’il était un plongeur, il serait Jacques Mayol. Vous l’aurez compris, le leader du Mild High Club descend profond. Alors chaussez vos palmes, enfilez vos masques et embarquez pour une plongée d’une demi-heure en compagnie du capitaine Brettin.

Le voyage débute en 2012, lorsqu’Alex prend le large pour la première fois. Comme Kerouac avant lui, Brettin trimballe sa frêle carcasse de baroudeur aux quatre coins de l’Amérique. Et, comme le gourou beatnik, il s’y fait quelques amis freaks pas vraiment fréquentables (Ariel Pink et Mac DeMarco, entre autres). A son retour, après trois ans de déambulations, il rapporte un premier album tout droit sorti des 60’s : Timeline. Ce disque pop et psychédélique, fort sympathique quoique légèrement complaisant, Alex Brettin le joue partout jusqu’à rencontrer un certain succès. Cependant, il est encore loin d’avoir assouvi sa soif de profondeur. Alors, à nouveau, captain Brettin largue les amarres.

Pour cette nouvelle exploration, Alex décide d’emprunter le sous-marin jaune de son groupe préféré. Parce que, oui, cette affaire-là a bien quelque chose à voir avec les Beatles. Allez donc écouter « Homage », le second titre de Skiptracing. Dans une interview accordée à Best New Bands, Brettin confiait d’ailleurs quelque chose d’intéressant à propos des Fabs et de Sgt. Pepper’s : « That was the first CD I had as a child. I thought it was a children’s album until I was old enough to realize that it wasn’t. » La remarque est très juste, et elle vaut aussi pour Skiptracing. L’album revêt en effet une dimension hautement infantile. Car, si dans un premier temps il explore les mêmes eaux sombres qu’il avait déjà visitées dans Timeline (« Skiptracing », « Cary Me Back », et le magnifique « Tesselation »), il s’enfonce un peu plus loin encore. Skiptracing évoque ainsi les nombreuses influences qui ont formé ce sacré musicien de Brettin : les Beatles, on l’a dit, mais aussi les Beach Boys, Marvin Gaye, XTC, et le jazz.

Et surtout le jazz. Justement, un nouveau palier est franchi avec « Head Out » et l’apparition du jazz dans la musique du Mild High Club. Le tempo se ralentit, le temps s’étire. La voix d’Alex est lointaine, aspirée dans un flot de reverb, quand elle n’est pas carrément recouverte par la distorsion (« Kokopelli »). La descente (ou la montée, on ne sait plus trop) se poursuit après l’interlude barrée de « Whodunit ». Sur « Chasing My Tail » et « Chapel Perilous », on imagine Brettin disparaître dans son océan psyché comme Mark Renton dans son tapis. Bah oui, personne n’est dupe : Skiptracing est aussi le fruit des drogues. A l’occasion de son passage à La Mécanique Ondulatoire, il y a tout juste un an, Brettin évoquait ainsi, pour Radio Nova, la « pause drogue » qui donna naissance à « The Chat ». Toujours est-il que Brettin n’était jamais descendu si profondément. Espérons qu’il ne remontera plus.

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