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Lettre d’amour à Romain Play

La journée n’avait pas prévue d’être si préoccupante. Et puis, de relents de la soirée du week-end en soliloques répétitifs, j’ai réfléchi à ce que Romain Play pouvait apporter dans la vie d’un amateur de rassemblements festifs. J’ai essayé d’être rapide, mais les mots, ça ne vient pas comme ça. Et puis, j’ai toujours bien aimé les lettres.

08h15. Chamanisme. J’ai lu ce mot sur un article, ce matin. Comme une impression de l’entendre à toutes les sauces. C’est pas loin du liberté d’expression de la musique, en ce moment. Est-ce que je suis un chamane si je passe des disques de transe japonaise, de pop psychée, d’afrobeat ? Est-ce que je suis un chamane si je fais des mouvements de bras très lents ? Si je ferme les yeux ? Si mon t-shirt est un arc en ciel ? Si, quand je souris, tu souris aussi ?

10h56. Flashs. Les éclairs de génie, ça existe. Mais il y a surtout les autres. Le plus commun, ce flash d’une soirée, me prend maintenant par surprise, deux jours après le grand chambardement. Rien d’important – c’est embêtant -, juste une impression de moiteur, une ligne de basse qui rebondit, un type qui dort sur une enceinte, un couple qui danse la valse. Et une présence sur scène. Dis moi qui tu es, ma mémoire flanche.

16h34. Camtar. Je m’arrache un peu les cheveux, mais commence à y voir plus clair. On n’est jamais hypnotisés sans raison. Il doit y avoir un truc avec les camions. Pourtant, je m’en fous bien moi, des camions. Alors, si on m’avait dit que je tremblerai pour les essieux d’un bolide qui en plus, se paie le luxe de répandre amour sauvage, paillettes nuptiales et fraternité dansante dans ma vie et celle de mes proches, j’aurais pris le Trans Sibérien manger de la joue de porc chez Depardieu. Mais personne ne m’a prévenu. Alors, je suis resté.

 

19h53. Oiseaux. Tout s’éclaire pour qui sait sonder son esprit, dit le vieux type au bar du coin. Je me souviens du principal. Les gens se marraient tout le temps. Pas de classe, que des emplumés uniques mais liés, pas deux danses pareilles, mais une île aux oiseaux peuplée de pirates punks, de cow-girls moitié sexy, de femmes-panthères au regard possédé, de premiers de la classes hyper-actifs, de dandies et de freaks qui copulent avec le soleil. Mariage pour tous dans ta face, Barjot.

22h12. Musique. De mémoire, le dernier DJ qui a enchaîné des tubes de rock, de l’électro des 90s, du hip-hop et de la disco, il s’appelait Maurice, était employé par l’équipe d’animation d’un village vacances de Saint-André de Cubzac, il y a 17 ans, et c’était le pire été de ma vie. Depuis des années, à travers Romain Play, j’ai arrêté d’être snob. Avec son Camion Bazar et ses amis d’OTTO10, et grâce à ses pairs Laurent Garnier et Gilles Peterson, j’ai essayé d’être moins con.

01h01. Niveau zéro. J’en fais tout un plat, mais c’est important. En anglais, ils ont le terme hedonic treadmill qui signifie en gros que rien n’est jamais aussi bien qu’on l’imagine, aussi affreux qu’on le craint et qu’on revient toujours à un état d’esprit stable. Ça fait des jours que je flotte sur une barge, en état de demi-sommeil, et suis petit à petit revenu à mon état normal. Mais même. Merci, monsieur Romain Play, d’avoir élevé d’un cran mon niveau zéro de bonheur.

Capture d'écran : Sofa Sounds
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