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Les Vieilles Charrues, une histoire de compatibilité(s)

En marge de Dour, une partie de notre équipe était aux Vieilles Charrues. On y a passé un week-end complètement dingue, grâce à une programmation particulièrement adaptée aux particularités du festival. Alors, qui est soluble dans la marmite de Carhaix ? Voici le taux de compatibilité de onze artistes programmés lors de cette 23ème édition, pour savoir si entre eux et le public carhaisien, il y a moyen de pécho ou pas.

The Black Keys. On avait quelques doutes sur leur rock rugueux dans le contexte Vieilles Charrues. Doutes confirmés, sans qu’on ne puisse reprocher quoi que ce soit au groupe. Ni au public. Certains rendez-vous amoureux s’arrêtent au stade de la courtoisie et échouent là où la magie et la chimie doivent, en théorie, prendre le relais. En théorie. Taux de compatibilité : 42%.

Fauve. On ne sait pas si Fauve va durer. On ne sait pas non plus si le collectif sera capable de se réinventer pour transcender un discours qui va progressivement se vider de son sens, à partir du moment où ça y est, ils la vivent, leur « putain de belle histoire ». Mais ce que l’on sait, par contre, c’est que certains clichés autour du groupe volent en éclats en prenant simplement la peine de regarder autour de soi : Fauve ne touche pas uniquement les lycéennes en chaleur ou mal dans leurs peaux. Non, Fauve touche des jeunes, des darons, des daronnes et des mômes. Taux de compatibilité : 71%.

Bakermat, air dj. Promis, on l’aime bien. Mais quand il balance son tube en quittant ses machines pour venir en devant de scène taper des mains avec le public, ça fait quand même un petit peu drôle.  Taux de compatibilité : 69%.

Elton John. A chaque édition sa légende. Après Bruce Springsteen, Bob Dylan ou Lou Reed, c’était au tour de Sir Elton de raviver la nostalgie. Deux heures généreuses de tubes, à l’heure de l’apéro. Le vieux des vieilles ‘édition 2014’ sait faire le métier. Taux de compatibilité : 82%.

Stromae. Jusqu’ici, -M- pouvait prétendre, sans trembler, au titre de maître des lieux. Il a été découvert ici, puis consacré à chacun de ses 56 passages suivants. Son taux de compatibilité avec les Charrues dépassent donc allègrement les 90%  Mais un bonhomme pourrait le surpasser. Il s’appelle Paul Van Haver, n’a pas encore 30 ans et vient de faire vivre à la prairie de Kerampuil l’un des plus grands moments de son histoire. Une foule compacte comme jamais (jusqu’au bar 8, pour les initiés) et un show époustouflant de maîtrise visuelle, vocale et corporelle. Un enfant sur les épaules de son père qui lutte contre le sommeil en chantant toutes chansons par cœur, un ivrogne made in Charrues, ou un adulte lambda qui verra les différents niveaux de lectures des textes : Stromae plaît à tout le monde et n’est même pas agaçant. Parce qu’être à la fois aussi exigeant et mainstream, aussi novateur et rassembleur, est rare et mérite le plus grand des respects. Devant un tel succès, il pourrait désormais être de bon ton de commencer à lui dauber dessus. La cabale va commencer. Ne comptez pas sur nous. Taux de compatibilité : 99%.

Gesaffelstein. La musique de l’ami Gesa est sombre et angoissante. Alors quand les cieux décident d’accompagner le moment, déclenchent le seul orage du week-end et marient ses éclairs avec les stroboscopes, se dessine alors devant nous, trempés jusqu’aux os, une certaine idée de l’apocalypse. Taux de compatibilité : 81%

Detroit. Le concert offert par Noir Désir, en 2001, appartient à la mythologie des Vieilles Charrues et a profondément marqué la conscience collective des festivaliers. Forcément, quand treize ans plus tard, Bertrand Cantat refoule les mêmes terres, le moment à vivre est potentiellement considérable. Mais comme pour Skip The Use deux jours plus tôt, l’horaire joue en défaveur des retrouvailles. Le moment est pourtant beau et touchant. Il est même électrique quand Fin de siècle, Comme elle vient ou Tostaky résonnent dans Kerampuil. Mais il ne sera pas exceptionnel. A trop attendre un rendez-vous, à trop le fantasmer, la déception pointe parfois le bout de son nez. Jouer sur un autre registre, d’accord. Mais démarrer un concert en acoustique, ici aux Charrues, par Droit dans le soleil puis Gimmer in your eyes était-il opportun ? On en doute. Taux de compatibilité : 64%

Arctic Monkeys. Quand on lit les interviews d’Alex Turner, on a la nausée. Quand on le voit monter sur scène avec son melon, sa gomina et sa veste en cuir, on aurait presque envie de lui en coller une. Mais quand le concert démarre, quand on le regarde jouer et chanter, lui et sa bande, on se demande : « Et si Alex Turner avait raison ? Et si, finalement, Arctic Monkeys était réellement en train de devenir le plus grand groupe de rock au monde ? ». L’hypothèse est plausible. Alors bien sûr, les gars font moins bouger le public qu’un Franz Ferdinand la veille et n’haranguent pas la foule toutes les 30 secondes comme un vulgaire 30 Seconds To Mars. Inévitablement, cela flingue leur taux de compatibilité à venir. Mais l’assurance et la puissance mélodique du groupe semblent sans limite. Taux de compatibilité : 73%

Shakaponk. On n’a jamais été fan de Shakaponk et on ne le sera probablement jamais. Mais quand on avait lu que le groupe avait bossé d’arrache-pied pour faire évoluer son set et le transporter dans une autre dimension visuelle, on ne les avait pas assez pris au sérieux. Grâce à des hologrammes sidérants d’efficacité, Shakaponk nous a fait halluciner, comme cette battle de percus entre le singe virtuel et le réel batteur du groupe. Ah oui, autre fait notoire : de mémoire de festivalier, jamais le public n’était resté aussi nombreux, jusqu’à 3h du mat’, pour fêter un groupe qui joue chaque chanson comme si c’était la dernière de leur carrière. Taux de compatibilité : 91%

Christophe. La question ici n’est de pas de savoir si l’artiste est cramé ou pas. Mais une chose semble claire : une telle formule devant un tel public, ça a autant de chance de fonctionner que Christine Boutin en porte-parole d’une gay-pride. Taux de compatibilité : 9%

Lily Allen. Elle a tout de la gentille pouf. Elle rigole comme un cruche à chaque prise de parole, s’habille comme une pétasse, fume une clope en pleine chanson, fait une vidéo du public avec son iphone, et on en passe. Le tout en alignant des morceaux calibrés FM. V’là le tableau. Sauf que la petite sait chanter, sait s’amuser ET assurer, et sait garder cette fraîcheur qui évite de se taper des concerts millimétrés et sans âme. Lily Allen joue devant 60.000 spectateurs comme elle doit s’amuser dans son salon avec ses copines. Et on vous jure que ça fait du bien. Taux de compatibilité : 83%

PS : Vous remarquez qu’on a pris soin de ne pas parler de nos chouchous Girls In Hawaii. On se soigne. Le traitement va durer tout l’été.

PS2 : On recherche activement la personne qui a brandi à Lily Allen la pancarte « Suce mon front, vieux poney ». Parce que c’était drôle.

PS3 : Pourquoi les gens deviennent si fous quand ils se voient sur écran géant ?

PS4. A tous ceux qui ont vu Requien for a dream mais qui n’ont pas suivi l’évolution de Jared Leto avec les 30 Seconds To Mars, sachez qu’il ressemble désormais exactement à ça.

Crédit Photo Arctic Monkeys – David Adémas / Ouest-France.

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