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Les Gordon : « Je m’efforce de faire de l’electronica acoustique »

Le jeune beatmaker installé à Rennes suit discrètement un chemin bien préparé par Superpoze et Fakear. Le nouveau maillon de cette génération experte en machinerie a plus d’une corde à son violoncelle et n’hésite pas à boucler sa guitare, écouter Four Tet, s’inspirer du live de Daedelus et faire un ciné-concert pour les enfants. C’est l’entretien tappeur de carrés.

Si tu devais expliquer le beatmaking à un enfant de 9 ans, tu t’y prendrais comment ?

« Il y a des sons, tu fais un petit Poum, tchak et puis voilà ». C’est peut-être un peu compliqué pour un enfant de 9 ans. Il faut lui dire que tout est dans la rythmique. Je lui montrerai comment utiliser un Launchpad [ce genre de grand carré avec des petits carrés dessus / NDLR]et un contrôleur.

Quelle est la part de sons organiques enregistrés et de ceux complètement électroniques dans ta musique ?

Dans mon projet Les Gordon, j’enregistre pratiquement tous mes sons, c’est à dire la guitare, le violoncelle, la basse. La rythmique vient des banques de sons. La seule source que je n’enregistre pas moi-même, c’est les voix qu’on peut trouver en acapella où que j’ai dans des packs de remixes. Pour les voix que je trouve sur Internet, je les modifie au maximum pour qu’elles ne soient pas reconnaissables.

Tu parles de Les Gordon comme un projet. Quels sont les autres ?

J’ai un projet de pop electronica qui s’appelle Mondrian, maintenant SNGPR, en duo avec un ami [Roman Oswald / NDLR] qui chante en français. Mais j’ai toujours eu mon projet solo, à l’époque sous le nom Morning Crash, à Lyon où j’ai fait mes études. Les Gordon a trois ans. Et s’efforce de faire de l’electronica acoustique une exploration sonore.

Tu as eu une formation au conservatoire. C’est un héritage que tu ressens aujourd’hui ?

Oui, une formation classique au violoncelle, de l’âge de 10 à 20 ans. Ensuite, j’ai appris la guitare par moi-même et ai voulu découvrir les logiciels comme Fruity Loops, pour faire de l’édition musicale. C’est un héritage forcément présent mais un peu en retrait. Sur le dernier EP et le prochain, il y a beaucoup de guitare. J’ai un côté un peu plus naïf avec la guitare que j’ai appris tout seul. Je n’ai pas la sévérité que j’ai avec le violoncelle.

Comment as-tu vécu le conservatoire ?

Il y a un côté assez stressant dans le milieu classique, avec l’idée du haut niveau. Je jouais du violoncelle et n’avais plus envie de jouer un répertoire où je ne pouvais pas m’amuser. J’avais besoin de composer et de m’attaquer à des choses plus simples. C’est pour ça que je me suis ensuite formé en enregistrant des sons de guitare.

Tu écoutes du Chopin, du jazz et de l’IDM, popularisé par le label Warp. C’est carrément le combo de la musique d’intellos. La pop culture et la musique de masse, c’est l’enfer pour toi ?

Je me suis un peu déconnecté des choses très commerciales. Je suis un peu dans mon monde. Pas que je sois restreint, je peux prendre du plaisir sur des tubes. Mais je suis plus axé sur les découvertes, les scènes indés où il se passe beaucoup de choses.

Quelles sont tes inspirations premières dans Les Gordon ?

Je suis très attaché à Aphex Twin et Boards of Canada pour Warp, Amon Tobin et Bonobo pour Ninja Tune. Beaucoup d’artistes anglais et surtout Four Tet qui est la référence. J’essaie de tracer dans sa voie, au niveau des percussions, des textures et des sons acoustiques. Après sur live, je m’inspire plus des gens comme Daedelus, des précurseurs avec leurs tablettes et puis je fais ma sauce.

L’avantage avec Four Tet, c’est que vu qu’il sort un album par jour, tu as de la matière.

Oui, il est très productif.

Tu sors tout juste d’un ciné-concert pour enfants. Tu peux m’en parler ?

C’est un ciné-concert dans le cadre du festival Tout-Petits Cinéma organisé notamment par une personne qui s’occupe du festival [de cinéma] Travelling à Rennes en co-production avec le Forum des Images. Ils ont invité la violoniste de Dionysos ou encore Florent Marchet. C’est ma première création et ce format-là est amené à se développer. Elle est complémentaire avec Les Gordon. Même si le projet solo est primordial, je suis très attaché à l’image, j’ai une formation de dessinateur. L’idée est d’allier les deux, de poser ma musique sur des courts-métrages, aussi.

Tu fais quel genre de dessins ?

Principalement de l’animation. J’ai travaillé dans le studio Vivement lundi [ça / NDLR]à Rennes. Mais le projet musique a pris le pas sur les croquis. Je réfléchis à apporter une touche visuelle sur le live.

Les GordonLes Gordon / Par Julien B.

L’idée de développement de rêve, ce serait d’avoir la guitare et le violoncelle sur scène ?

Ça irait dans la direction voulue. Pour montrer que j’enregistre et produis tout moi-même.

C’est Fakear qui s’entoure d’une batterie, une basse, un clavier et un violoncelle pour son nouveau live d’ailleurs.

Oui, c’est vrai. Je pense aussi à Cosmo Sheldrake, dans une dimension très live.

Tu n’as pas des masses de concerts dans les pattes jusque-là ?

Non, mais j’en avais déjà avec Morning Crash. J’ai surtout fait une date hyper formatrice aux Trans Musicales devant 9000 personnes, juste avant Stromae. Je remercie d’ailleurs toujours autant Jean-Louis Brossart pour ça. Ça m’a permis de faire une première partie de Fauve, à Rennes à L’Etage. Ensuite, avec ma manageuse, on a beaucoup bossé et Allô Floride [Agence de promotion musicale qui s’occupe en France de Fakear, Stwo, Flume, Gramatik, Madeon] s’est intéressé à moi et qui m’a ajouté à son roster.

Et voici les prochaines dates

Le 6 mars > 1998 Club (BPM Contest) / Rennes
Le 13 mars > Mondo Bizarro / Rennes
Le 15 mars > The Sound You Need Festival / Paris
Le 2 avril > Le Ferailleur (concours Inrocks Lab / Sosh) / Nantes
Le 18 avril > Don Jigi Festival / Vitre

Page Facebook de Les Gordon

Crédit photos : Julien B.

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