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Le label Pan European a 10 ans : Flavien Berger, Maud Geffray, Poni Hoax, Buvette racontent

Entre pop, rock et électro, des sonorités étranges, languissantes ou pêchues, en 10 ans, le label Pan European a fait son chemin, affirmant toujours un peu plus son identité. Des établis Nicolas Ker et son Poni Hoax au plus récent Buvette, Arthur Peschaud et son équipe ont le don de flairer le talent, de créer et d’aider des carrières singulières. Pan European Recording fêtera bientôt ses bougies au Point Ephémère avec une tapée de guests, de concerts et d’expositions. On a demandé à certains artistes de la maison de nous raconter leur Pan European à eux, leur expérience et leurs meilleurs anecdotes.  

BUVETTE

J’avais déjà rencontré Aurélie Mercier de Pan European à la Cantine de Belleville lors d’un concert en décembre 2012, en connaissant un peu le catalogue du label. Après s’être quittés ravis, quelques mois passèrent ponctués d’appels d’Aurélie pour me dire de venir à Paris afin de rencontrer Arthur. Ce que je fis au printemps 2013. Le rendez-vous que j’imaginais formel s’est transformé en une vraie soirée de joie et de danse à deux dans le bureau. Tout fut implicite. Un an plus tard, Flavien Berger et moi avons été invités par Judah Warsky pour jouer à sa carte blanche au Point Éphémère. L’après-midi même, on s’est rencontrés puis on s’est assis côte à côte à table, pour signer les contrats que nous tendait Aurélie. La soirée fut magnifique.

LAURENT BARDAINNE (PONI HOAX)

Un moment drôle pour moi est quand j’ai amené Joran, notre tourneur, pour le présenter au label et quand on est rentré dans le local du Point Éphémère, c’était tout enfumé, on voyait des silhouettes barbues chevelues genre hippie hivernal, mais la musique c’était du gros porn funk avec sexy saxo, une musique de drague, le contraste était sublime.

FLAVIEN BERGER

Un des rituels qui nous rassemble chez Pan European c’est avant tout écouter de la musique. C’est la première chose que j’ai fait avec Arthur quand je l’ai rencontré, c’est écouter de la musique jusqu’à pas d’heure. Je me souviens d’un soir enfumé dans le studio du label au Point Ephémère où, presque religieusement, Judah nous a fait écouter « Buenas tardes amigo » de Ween, il nous commentait en direct la musique et j’avais l’impression d’assister à une scène de film tant ses commentaires étaient précis et justes. Nous étions en cercles, assis sur les amplis, je prenais une méga claque.

JUDAH WARSKY

Alors, c’était à L’Autre Canal à Nancy, pour une soirée Pan avec Fla, Buv, Koudlam et moi-même. La veille j’avais joué à Strasbourg, très tard, au Mudd Club, et je m’étais couché à l’aube dans l’appartement au-dessus du club prévu à cet effet. Quelques heures plus tard, réveillé en catastrophe par le taulier, je file à la gare pour pas rater mon train : mon réveil n’avait pas sonné. Enfin si, il avait sonné mais je ne l’avais pas entendu. Enfin si, je l’avais entendu mais je ne m’étais pas réveillé. Enfin si, je m’étais réveillé mais j’ai choisi de me rendormir.

Bref je me retrouve dans le Strasbourg-Nancy, épuisé, défonceman, sale, sentant la tise, et je m’endors en positon assise malgré ma voisine de train qui écoute de la musique au casque tellement fort que j’entends jusqu’aux respirations du chanteur (elle écoute les Violent Femmes). Puis je suis tiré du sommeil par la vibration de mon téléphone dans ma poche : c’est Phil, le taulier du Mudd Club à Strasbourg qui m’informe que j’ai oublié de lui rendre les clés de l’appart et que je vais devoir les lui poster. Enfin arrivé à Nancy, je retrouve toute ma bande, il y a une douche dans la loge, on écoute de la musique (encore les Violent Femmes, je leur dis que c’est la deuxième fois aujourd’hui), bref, tout va bien.

Ce soir-là, j’ai une nouvelle chanson que je viens d’écrire, c’est « En Soirée », un morceau guitare. Je demande à Koudlam s’il veut bien me prêter sa guitare. Il est d’accord pour que j’utilise sa spare, malheureusement il m’en informe par message sur mon répondeur au lieu de me le dire en personne – en fait, il fait un peu la gueule parce que quand j’ai pris une douche ça a apparemment inondé sa loge. Du coup, j’utilise sa guitare pendant le concert et évidemment en plein milieu de mon ceau-mor, elle cesse de marcher, et lui devra faire son concert avec sa spare, qui cessera elle aussi de fonctionner en plein milieu de son set. Après les concerts, une meuf vient voir Buvette au merch, lui dit qu’elle est fan, qu’elle est venue de Strasbourg exprès pour le voir, et qu’elle a l’impression que le mec qui a joué après lui était assis à côté d’elle dans le train. Impassible, Buv lui répond : je parie que t’es fan des Violent Femmes ? La meuf fait : mais oui comment t’as deviné ?! Bref, elle vient me parler au bar, elle habite à Stras, elle connaît bien le Mudd Club : je lui file les clés pour qu’elle aille les rendre, bim ! Tout est bien qui finit bien, enfin sauf que pendant les semaines qui ont suivi, j’ai soigneusement évité Koudlam parce qu’il avait grave envie de me péta.

MAUD GEFFRAY

Première rencontre avec Arthur. C’était un soir il y a quelques années. Gael, mon petit ami, tenait à me présenter son meilleur pote, Arthur. Arthur nous rejoint dans un café. Je réalise vite que mon mec a pris du LSD et qu’il avait un peu oublié de nous le dire. On décide de partir chez moi tous les trois. A peine arrivés, Gael s’allonge sur le canapé, sourire aux lèvres, il ferme les yeux, il nous a déjà oubliés. Je me retrouve avec Arthur, on écoute ma collec’ de vinyles en refaisant le monde, c’est limpide. Arthur a un appétit d’écoute du genre insatiable, la nuit défile, on discute de tout, il me parle de son envie de monter un label de musique qu’il voudrait appeler Pan European Recording. Il veut décloisonner les genres, il a plein d’envies et tout paraît simple dans sa bouche. Son énergie fait du bien, tellement en décalage avec l’industrie musicale pessimiste à laquelle je suis confrontée au quotidien, où les gens passent beaucoup trop de temps à se plaindre en constatant les baisses de ventes de disques. Le jour pointe son nez, mon mec se réveille, surpris, on n’a pas vu le temps passer. Arthur file rejoindre sa copine, avec ses idées plein la tête, ses cheveux longs bien calés derrière les oreilles, ses baskets sans lacets, et une bière à la main.

LISA LI-LUND AND THE BIG CRUNCH THEORY

Pan European, c’est le label qui s’introduit dans mon lit. Arthur a mis sur les deux compilations Voyage des morceaux que j’avais enregistré dans ma chambre, dans un état tertiaire, je ne sais pas s’il le réalise mais à chaque fois je lui ai juste envoyé une maquette enregistrée sur le mode « mémo » de mon ordinateur et il les a direct envoyées au pressage.

THOS HENLEY

C’était un jeudi soir. Judah et moi étions dans la salle de répétition du Point Éphémère comme chaque jeudi soir. Arthur était assis à l’arrière, cigarette à la main, il travaillait, penché sur son ordinateur portable. Je montrais un accord à Judah. Il suggérait où le placer dans la chanson que nous étions en train de créer. Il nous a fallu à peine une heure pour la terminer. Arthur avait éteint son ordinateur. Il lança qu’un jour Pan European pourrait peut-être sortir cette chanson. Six mois plus tard, cette chanson s’est transformée en neuf autres. Nous sommes au studio. Arthur est encore une fois juché au dessus de son ordinateur, mais cette fois-ci il travaille sur mon album à moi. À l’écoute de mon single rugissant dans les enceintes, je souris. Ça me paraît fou la différence que six mois peuvent faire. C’est pour ça que j’aime Pan European. Ils sont ouverts à tout. Leur vision est large. Ce qui a débuté par une simple suggestion, une idée lancée dans l’air d’une chambre enfumée s’est transformé en un album. J’ai hâte de faire le prochain.

Le festival Pan European aura lieu au Point Éphémère en trois temps : le 18 janvier avec Lisa Li Lund, Calypsodelia, Sphaèros (Aqua Nebula Oscillator), Arielle Dombasle et Nicolas Ker; le 19 janvier avec Thos Henley, Flavien Berger et guest ainsi que le 20 janvier avec Fantomes, Judah Warsky, Koudlam et Turzi, Hanaa Ouassim, Maud Geffray, JohnKool Records en dj set. Le festival est accompagné du 18 au 29 janvier d’une exposition comprenant performances, tournois de Ping-Pong et goûters. Retrouvez tous les artistes Pan European dans la compilation digitale Rewind 2017 – 2007 sortie le 9 décembre dernier. Pour l’écouter c’est ici.
 
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