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Laissez-nous vous conter l’histoire d’Infinite Bisous

Un jour de 2017, sous son projet solo Infinite Bisous – partner in crime de Mac DeMarco et Connan Mockasin – le doux Rory McCarthy balançait sur le web, sans promo aucune, son premier album « WithLove ». A l’heure où le respect des dures lois du marketing pour ne serait-ce qu’exister paraît essentiel, certains se font pour autant leur place, sans dire un mot.

Vous en conviendrez, on connaît surtout Infinite Bisous comme le musicien de Connan Mockasin ou de Mac DeMarco, ce qui ne doit pas nous empêcher de lui laisser une chance de se libérer, allons. Avec son EP WithLove, une sorte de pop expé relativement mélancolique, avec synthés et guitares en armes de pointe, on pourrait se laisser tenter, d’ailleurs. Et puis cette voix discrète, son économie de mots, mais des mots qui font écho… mhhh, la tentation est forte… Cette pudeur mêlée à de l’excitation qui nous arrive aux naseaux. C’est bon, on craque complet.

Si l’on remonte cinq ans en arrière, Rory McCarthy vivait tranquillement chez lui au beau milieu du pays des Beatles et bossait à l’époque avec son père dans l’arrachage de dents. Exaspéré de connaître à la carie près l’intérieur buccal de toute la ville, il décide un jour de construire dans la cabane au fond de son jardin un petit studio musique pour que le groupe de son frère puisse répéter. Une occupation comme une autre, dirons-nous. À ce moment là, Rory s’essaie à la musique, et prend de plus en plus de plaisir à jouer et composer. Rapidement, il forme avec son frère le groupe Column qui donnera vie à un seul et merveilleux album A Year In Your Garden, bercé par les effluves lo-fi et vocodées d’un matin la tête dans le traversin. Cet album, enregistré avec son frangin entre 2011 et 2012 donne les prémices de l’univers d’Infinite Bisous, dont l’accumulation de couches d’effets ferait pâlir le dir com de Pampers.

En parallèle, Rory réalise une pelletée de démos et essaie un tas de choses. La plupart des tracks de son album ont d’ailleurs été écrites sur cette période pré-fin du monde, en 2012. À ce moment, la musique devient selon les dires de l’Anglais une manière de se livrer, de manière intime et directe. Loin du job aseptisé qu’il exerçait auparavant, d’autres perspectives s’installent dans son cervelet coloré et l’on imagine l’excitation de ces doux moments de rêve d’une autre vie. Puis, Rory fait face au décès de son frère mais, avec force, parvient à finir l’album et à le sortir, en sa mémoire. C’est lors de cette période, qu’il qualifie de réellement étrange, que Rory se met à écrire principalement sur ses états émotionnels. Durant cette dure période, Rory se crée un univers aux inspirations exploratrices mais bien à lui, et sortira deux magnifiques chansons sur la perte de son frangin dans son futur projet perso, Infinite Bisous : « Life+You » et « The Past Tense ».

De concert en concert, il rencontre Connan Mockasin à l’un de ses gigs à Manchester. À l’époque, Connan vient tout juste de sortir sa masterpiece Forever Dolhphin Love. Rapidement, il lui propose de l’accompagner sur sa tournée pour l’album de Soft Hair (Connan Mockassin et Sam Dust, de LA Priest). De fil en aiguille, Rory rencontre également MacDemarco et en plus de devenir pote avec, il deviendra son bassiste et l’accompagnera lui aussi pour l’une des tournées. Inutile de vous préciser que rien de tout ça n’était totalement triste, mais pas totalement joyeux non plus.

Après avoir tourné en Angleterre avec presque toute la scène indé de ses 19 à 22 ans, Rory décide de s’installer à Paris. C’est là qu’il donne le nom à son projet Infinite Bisous. Ce nom – qu’on aime bien, avouons-le – vient d’ailleurs de la manière dont les Français se font la bise, constamment. Imaginant une idée de transmission, de rhume dans un premier temps, il pense à ce nom, Infinite Bisous.

En mars 2017 sort son premier album solo, intitulé W/LOVE. Balancé sur le web, tel un ballon gonflé au gaz hilarant dans le ciel, Rory publie dix titres particulièrement bouleversants et d’une honnêteté qui file les poils. L’oisif pousse le vice jusqu’au bout : l’Anglais n’hésite pas à se qualifier d’incroyablement non-productif. Rory fait du son quand il en a envie. Pas très start-up nation, tout ça.

Le romantisme, l’amour, l’adolescence sont des sujets qu’il aime à nous chuchoter à l’oreille. Grand romantique, l’album est un assemblage de screenshots de ses états passagers, une vérité qu’on discerne, nouvelle à chaque fois. Dans W/LOVE, très peu de textes, mais les quelques mots résonnent, plus qu’en chanson, en nous. Poète caché ? Peut-être. Dans le morceau « Teenage Sex », l’Anglais traite des premières fois, et nous plonge dans nos souvenirs, le sourire aux lèvres. L’écoute de son album est une percée verticale en engin motorisé, un peu cabossé, au centre de la terre. Pas de trajet retour, on creuse plus profondément à chaque seconde.

Loin du showbiz, Rory défend aussi l’accessibilité de la musique. Payer pour écouter de la musique ? Quelle absurdité pour lui. Son album a donc été sorti sur le collectif Tasty Morsels, dont il fait partie avec ses amis. Ici, pas de sorties, de promos ou d’industrie quelconque autour de la musique, mais de la spontanéité, de l’authenticité et surtout de la liberté. Que son album soit découvert demain ou dans dix ans, le voilà le Graal. Qu’il est doux d’imaginer que son album se balade, perdu dans le web et le nombres incalculable de 0 et de 1 générés en continu.

Pas d’actu pour le moment. Le second album serait déjà prêt mais comme à son habitude, aucune date de sortie n’est prévue, à part ces deux chansons à déguster, m’sieurs dames, « Sole mate » et « @Home ».

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