Moins une chronique qu’une sensation forte, ce semblant de papier tente de vous alpaguer sur le brillant disque « Sergeï » de Lucie Antunes, multi-instrumentiste de formation classique bouleversante qui a eu le malheur d’entrer dans notre champ d’écoute.
Quand l’envie vous prend de ne pas vous lever. Quand l’impression que des siècles vous séparent de votre quotidien connecté vous effleure. Quand les images, votre propre vue même vous passe par dessus la tête. Que vous fermez les yeux à vous compresser les globes. Quand vos mains ne vous servent plus qu’à froisser les draps, que vos dents rayent le coton. Quand personne ne doit vous déranger. Que vous n’êtes qu’un cri. Que votre unique action est d’être traversé·e par du son, transpercé·e par une touche de synthé, par le choc d’un vibraphone, la caresse d’un marimba.
Quand vous décidez que les refrains n’existent pas. Qu’ils n’ont jamais existé. Que la vie est un grand couplet joué. Que l’amour et la mort ne se discutent pas. Ou pas maintenant. Quand vous pouvez prouver que la réflexion est une ancienne pratique, la raison une sale manie. Désuète. Que seule la sensation fait corps, et donc esprit. Que vous n’êtes qu’émotion. Que vous n’êtes né·e que pour cet instant.
Alors c’est que vous êtes simplement en train de pleurer toutes les larmes de votre corps à l’écoute du disque de Lucie Antunes, Sergeï, sorti aujourd’hui chez Infiné et CryBaby (le label de Léonie Pernet). Lucie Antunes sera en concert le 17 octobre à La Maroquinerie (Paris) pour sa release party, avec Calling Marian, AJA et autres guests bien choisis.
Magnifique découverte ! J’adore votre façon sans filtre d’écrire avec vos tripes et votre poésie. c’est une belle façon de rendre hommage à une artiste. Merci !