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Il se passe quoi depuis 15 ans dans le rock à Bordeaux ?

Eh ça va pas de faire des titres pute à clics comme ça ? Ouais, ben on se calme. Avec Aymeric Monségur, coordinateur de Bordeaux Rock, on est revenus sur plus d’une décennie de rock avec cette asso qui fait bouger les lignes dans la métropole du sud-ouest.

Eh bien oui, il s’en passe toujours des trucs dans le rock à Bordeaux. Ça vous la coupe, tous ceux qui aiment à dire que seule une équipe de descendants d’aristos du vin et d’amicales de voisins mécontents dirige l’amie girondine. Ça vous fera revoir votre jugement, qui sait ? Alors parlons de rock, avec notre interlocuteur Bordeaux Rock. Fondée à la base pour déterrer des joyaux rock enfouis dans la timeline du monde moderne, engloutis sur l’autel de la mort annoncée du rock, embourbés dans le puits sans fond qu’est la discographie mondiale des musiques actuelles, l’association a bien grandi.

Dans la sublime métropole, que ses détracteurs aiment appeler la belle endormie ou le petit Paris, on n’a attendu personne pour rebattre les cartes de la culture, année après année, souvent contre les lubies conservatrices des institutions. C’est peut-être aussi pour ça, qu’elle est aussi belle la culture à Bordeaux, elle s’est faite à sa sauce. Et si les anciens la découvrent avec des objectifs de réédition des grandes années du rock, l’association est aujourd’hui, de concert avec les nombreux acteurs placés dans l’agglo, très au courant des nouveaux talents qui émergent : les Petit Fantôme, Cockpit, Hot Flowers, The Artyfacts, Petit Vodo, Charles X et TH da Freak en font partie. Elle les accompagne et les soutient, sur disque et sur scène. Admirablement, on pourrait dire.

Car c’est avec la scène que Bordeaux Rock s’est fait une nouvelle jeunesse, avec son festival annuel de musique et un autre de documentaires musicaux. Elle est un exemple de durabilité et d’adaptation à son temps, avec son ouverture aux musiques synthétiques notamment, et le tout sans trahir d’un iota son credo de départ : tout foutre en l’air.

Alors qu’elle s’apprête à fêter la quinzième édition de son événement phare, dans le quel elle a le chic d’accueillir Fixmer/McCarthy, Peter Hook (New Order / Joy Division), Thurston Moore (Sonic Youth), King Khan (Louder Than Death), Mars Red Sky, TH da Freak, Tender Forever, Astaffort Mods et plus d’une vingtaine de groupes rock locaux, on s’est dit qu’on serait quand même cons de ne pas leur taper la discute.

Alors figurez-vous qu’on l’a fait. Incrédible, non ?

bordeaux rock

INTERVIEW

Pouvez-vous me présenter les membres de l’équipe de Bordeaux Rock, rapidement ? Que faisiez-vous avant ? Et de quelle envie est venue l’idée de créer BR ?

Aymeric Monségur : L’association Bordeaux Rock a été créée en 2004 par d’anciens activistes du rock bordelais de la fin des années 70 et début 80’s. Après 15 ans d’existence les personnes suivantes font toujours partie du CA : José Ruiz (ex-membre des groupes Stilettos et Gamine et aujourd’hui journaliste à Radio France), Richard Berthou (ex-manager du groupe Stalag et aujourd’hui régisseur dans le cinéma) et Didier Mauroux (ex-chanteur du groupe Les Stagiaires, retraité). S’ajoutent au CA : une bonne équipe d’une vingtaine de bénévoles, un service civique et 2 permanents : Elodie à la communication et aux partenariats et moi-même coordinateur de l’association depuis 2005. Au début l’idée était de raconter l’histoire du rock à Bordeaux, avec notamment ce qui s’était passé dans les 80’s et 90’s. L’association avait alors sorti, en tant que label, les compilations Bordeaux Rock 1977/1987 puis 1988/1998 avec, couplée à chaque sortie, l’organisation d’une soirée de reformation des groupes. La première édition du festival Bordeaux Rock en 2005 était en fait l’une de ces soirées.

Dans un même temps, nous avons participé à la sortie de l’encyclopédie sur le rock bordelais (Bordeaux Rock(s) de Denis Fouquet aux éditions du Castor Astral) et parallèlement à la sortie des rééditions d’albums de groupes fondateurs du rock bordelais : Strychnine, les Standards, Gamine, Stilettos… Puis très vite, dès janvier 2006, nous avons eu envie de nous intéresser à la scène locale actuelle avec la sortie de la compilation Bordeaux Rock 2006. Au départ, les ventes de disques étaient plutôt bonnes et le Festival Bordeaux Rock servait de vitrine promotionnelle pour les disques. Avec le temps, la partie live s’est développée au sein de l’association au détriment du disque.

Quels sont les grands événements qui ont façonné l’histoire de BR ?

Aymeric Monségur : Depuis 15 ans, nous démarrons l’année en janvier à Bordeaux avec le festival Bordeaux Rock qui se déroule sur 5 soirées. Depuis 8 ans, nous proposons également Les Plages Pop, rendez-vous estival gratuit au Cap-Ferret au mois de juillet. Enfin, nous avons créé en 2015 Musical Écran, l’un des rares festivals français consacrés au documentaire musical qui fêtera donc ses 5 ans en avril 2019. Nous poursuivons également notre activité de label avec la parution de quelques disques une à deux fois par an.

Bordeaux est souvent vue comme une ville de rock. De quoi parle-t-on et à qui pense-t-on en premier quand on allie Bordeaux et rock ?

Aymeric Monségur : Je pense que les gens pensent en premier aux groupes des 80’s, ce que l’on appelle ici l’âge d’or du rock à Bordeaux avec des groupes comme Camera Silens, Strychnine, Gamine, Kid Pharaon… et puis bien sûr à Noir Désir, sans doute un des groupes les plus populaires de rock français pendant une vingtaine d’années. Depuis déjà quelques temps, des groupes comme JC Satan, Kap Bambino, Magnetix, Year of No Light, Mars Red Sky, Petit Fantôme font parler d’eux nationalement et internationalement pour certains. Le groupe le plus populaire actuellement à Bordeaux n’est pas vraiment un groupe de rock, puisque je dirais qu’il s’agit d’Odezenne.

C’est bien joli tout ça, mais sans structure comme la vôtre, on n’aurait pas ce débat. Quels sont les autres acteurs qui, à Bordeaux, promeuvent le rock ?

Aymeric Monségur : Il y a les historiques Allez les filles et leur festival Relâche l’été (soul, garage, blues, rock), l’Iboat qui a une programmation à l’année très dense et de qualité dans tous les styles de musiques, les 4 SMAC (Rock School Barbey, Rocher de Palmer, Krakatoa et Rock&Chanson) et bien sûr le Void, Le Café Pompier, des petits lieux comme l’Antidote, La Voûte, l’Avant-scène, le Novo local, l’Astrodome, le Wunderbar, le Chicho, l’Athénée libertaire… Il y a également pleins d’assos qui organisent des événements et sortent des disques : Les Potagers natures, Make it Sabbathy, Flippin Freaks, We are vicious , Microkosm… Et j’en oublie plein.

Après 15 ans d’activité, qu’est-ce qui a vraiment changé à Bordeaux ? Est-il plus intéressant ou facile de trouver des événements, artistes et disques de qualité sur la métropole ?

Aymeric Monségur : J’ai l’impression que ça perdure, il reste pas mal d’endroits à la cool. Il y a toujours des disquaires : l’excellent Total Heaven mais aussi la Charcuterie, Deep end, Bambalam et oto disques petit nouveau, plus branché musiques électroniques. Il y a des clubs rock qui ont disparu et d’autres qui se sont créés. Il y a toujours des collectifs de groupes très actifs. Par exemple, il y a 15 ans il y avait le collectif autour de l’Asso Nette (Calc, KIM, Pull, Tender Forever, SIN CABEZA…), il y a 10 ans le collectif ICEBERG (Crane Angels, Petit Fantôme, Jc Satan, Botibol…) et aujourd’hui il y a les petits jeunes du collectif  Flippin Freaks (TH da FREAK, SIZ , Wet Dye Dream…).

L’EBM de Fixmer/McCarthy, la légende de New Order Peter Hook, ou encore une autre légende du Sonic Youth, Thurston Moore… Vous avez dans l’idée de ratisser large sur les esthétiques rock. C’est ça, l’adn de Bordeaux Rock ?

Aymeric Monségur : Oui et bien plus ! On le prouve tout au long de l’année, à travers notre festival Musical Écran notamment ou on passe des documentaires qui racontent l’histoire de toutes les musiques, avec notre versant plus pop l’été au Cap-Ferret (Les Plages Pop) et des concerts ou dj sets que l’on organise tout au long de l’année. Par exemple en 2018, cela allait de Lydia Lunch à Altin Gün en passant par Zombie Zombie ou encore Habibi Funk. Même si notre adn de départ est très rock, on a aussi évolué avec les musiques qui nous entourent, et l’association a pris cette direction assez naturellement.

On pense forcément à J.C.Satàn comme groupe de rock local majeur en France. Pouvez-vous nous parler des groupes locaux récents qui cassent tout ?

Aymeric Monségur : Sans hésiter TH da Freak ! Nous sortons le prochain disque en mars en co-production avec Howlin Bananas. C’est déjà son troisième album alors qu’il a à peine 25 ans. Il a des influences très 90’s (Nirvana, Dinosaur Jr, Pavement …) et le disque est truffé de tubes. Sinon j’aime beaucoup Lonely Walk, Cockpit ou et Bootchy Temple mais ils sont pas nouveau nouveau.

Depuis 2015, vous avez aussi ajouté à votre actif le festival Musical Écran, en partenariat avec le Cinéma Utopia, que vous avez introduit précédemment. Quel est son champ d’action ?

Aymeric Monségur : Avec Musical Écran, on souhaite proposer sur une semaine complète, une sélection de documentaires venus des quatre coins du monde qui reflètent l’énergie créatrice de la musique. On part à la découverte de musiciens, de mouvements, de scènes, de villes, à travers les époques et les genres musicaux. La programmation se constitue de films rares et d’avant-premières et l’on essaie toujours, dans la mesure du possible, de coupler la projection à une discussion avec le réalisateur du film ou bien un artiste ou intervenant en lien étroit avec les thématiques abordées. À l’issue de cette folle semaine, un jury de professionnels et le public du festival décernent les prix du meilleur documentaire musical aux réalisateurs lauréats. On propose également en fin de semaine, en prolongement des projections, des soirées dj sets gratuites dans la somptueuse Cour Mably.

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1 commentaire

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Clacla 16.01.2019

Bizarre de parler de rock à Bordeaux sans parler de Datcha Mandala ;)

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