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Gunwood, on the road again

Deux ans après un EP prometteur présenté, notamment, lors d’une réjouissante première partie de Hugh Coltman au Trianon, le groupe Gunwood (ex-Gunwood Circle) a sorti au printemps son premier album, « Traveling Soul ». Une petite pépite d’une maturité assez dingue dans laquelle quelques décennies de folk, de rock et de blues ont été digérées en douceur pour accoucher d’un disque à la fois inspiré, intemporel et résolument personnel.

Autant vous prévenir tout de suite, gros gros risques d’achat d’un aller-simple pour les Etats-Unis, de chaussage de santiags, de port de Stetson et de location de décapotable pour un road trip sur la Route 66 à l’écoute de cet album.

Il faut dire que Gunnar Ellwanger, Joao Francisco « Jeff » Preto et David Jarry Lacombe (aka « l’alphabet à nous tout seuls ») ont sorti le grand jeu. Probablement biberonnés à tout ce que l’Amérique a fait de mieux, de Joan Baez à Bruce Springsteen en passant par Joni Mitchell et Crosby Stills Nash and Young, sûrement aussi bercés de ballades et de chants traditionnels irlandais, ils ont dégainé leurs guitares et fait briller leurs harmonicas pour au final ne garder que l’essence de leurs illustres inspirations et faire leur musique, raconter leur histoire, donner leur version.

Ces fameuses guitares, indiscutable ADN de Gunwood, sont la plupart du temps délicieusement folk, comme dans le single « Rainchild » qui ouvre l’album et lui donne son nom, et dont on ne saurait trop vous recommander la version partagée avec le génial Hugh Coltman. Mais elles se font aussi parfois plus rock, ainsi le solo final de « Swimming », dont la densité tranche avec le texte aérien, et évidemment l’épatante « Rescue », sur laquelle on se voit déjà en concert hocher la tête d’avant en arrière comme des métalleux (métalleux du dimanche, d’accord, mais c’est l’intention qui compte).

L’harmonica apporte la juste dose de blues, et fait immédiatement flasher dans nos petites têtes des images de virées dans le Grand Canyon. Mais si, vous savez, en ce temps où on ramenait des troupeaux de bêtes à travers les plaines et où le soir on chantait tous autour d’un feu de camp.

On s’est aussi laissés ambiancer par « Old man song », on a fermé les yeux et c’était beau comme un western de Jim Jarmush. Mais les deux coups de cœur absolus vont à « More », magnifique ballade douce et paisible avant une ensorcelante envolée finale, et « Afraid of the dark », de ces guitare/voix qui deviennent un classique dès la première écoute.

Quant aux textes, ils sont tout autant que les mélodies et les arrangements une invitation au voyage. Ils disent une profonde envie d’ailleurs, promettent une furieuse et bouillonnante liberté. Au fil des titres, les grands espaces défilent devant nos yeux, attirants, envoûtants, porteurs d’espoir et d’oxygène. Si on osait, on pourrait presque définir cet album comme écolo, tant la nature et les éléments semblent en être la fondation, tant le ciel y est sans limite et la pluie purificatrice.

Il y est aussi question de spiritualité, de générosité, d’ouverture sur les autres, d’aventure et de quête de soi, de quête de sens. Plus encore que des trajets, des trajectoires sont rêvées, empruntées, interrompues puis retrouvées, humaines, humanistes.

Les harmonies vocales entre les trois membres du groupe sont aussi pour beaucoup dans la réussite de l’album et emmènent très loin le lyrisme des textes. On pense souvent au premier album des Gush, Everybody’s God, en particulier quand s’élève la voix légèrement cassée, grave et sexy de Gunnar Ellwanger, qui pourrait être le jumeau barbu de Yan Gorodetzky. On se prend à rêver que les deux groupes fassent un jour scène commune le temps de quelques titres, alors oui d’accord ça ferait du monde à caser mais ça pourrait quand même être pas dégueulasse du tout.

Après avoir écouté l’album (ou avant d’ailleurs), on vous conseille aussi vivement de jeter une oreille à leur reprise de « Girls just want to have fun » de Cindy Lauper, ou comment rendre cajun l’un des tubes les plus sucrés du monde.

Gunwood vient d’annoncer un concert à la Maroquinerie le 12 octobre prochain, avant ça ils auront chauffé à blanc les derniers festivaliers de l’été à Rock en Seine. Yiiiihaaaa !!!

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