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Greffez-vous un Reynz

« J’ai 20 ans, je suis jeune et insolent », rappait Stomy Bugsy sur le titre « Avoir le pouvoir » extrait de la bande originale de « Ma 6-T va crack-er », en 1997. 20 ans, c’est d’ailleurs l’âge du rappeur brestois Reynz. Avec lui, le code postal 29200 est aussi bien représenté sur la map que le 95200 du Ministère A.M.E.R de la grande époque.

Ce petit prince des lettres rappe et « croque » Brest, son âme, sa jeunesse ivre de fantaisie, de créativité, de mélancolie, de pintes de bières et de vodka russe. Amateur de Feu! Chatterton et de Booba, Reynz a le sens de la formule et « des phrases accrocheuses qui lui feront grimper la montagne » comme il le dit si bien.

Ses sources d’inspiration : son quotidien et les entrailles des grandes œuvres qu’il a étudiées à l’université en lettres modernes à Paris. Ses références littéraires s’exprimant le plus souvent, sous la forme de clins d’œil aux grandes figures, comme Guillaume Apollinaire ou Gustave Flaubert entre autres…

« Devenir immortel parmi ceux qui crèvent / Comme Guillaume Apollinaire, Guillaume Apollinaire Le cerveau fracturé et le cœur en grève / Manque d’euros, d’heure et d’air »

Un mec de son âge qui rend hommage à un poète précurseur du surréalisme, c’est plutôt grisant. Loin d’écrire ses textes à la bibliothèque, Reynz, sait aussi envoyer des refrains catchy et efficaces et balancer des punchlines sarcastiques, comme « tu vas me sucer jusqu’à mourir, j’appelle ça une pompe funèbre » dans le morceau « Reynzizou ». Non, les poètes n’ont jamais été des enfants de chœur ne vous y trompez plus.

C’est d’ailleurs ce qui fait plaisir avec cette jeunesse qui rappe : se foutre d’une posture de rappeur « conscient » ou « inconscient », pendant qu’on y est. C’est la décomplexion. Ce ne sont ni Caballero ni Jean jass – dont il a fait la première partie en décembre dernier avec son comparse Weg, au Cabaret Vauban (la mythique salle de concert de Brest) – qui diront le contraire. Ce soir-là, disons-le comme il convient, ils ont tout arraché, comme de véritables « peaky blinders » brestois.

Brest, cantonnée au rock et à l’électro ? C’est de l’histoire ancienne. Écouter les titres de Reynz, c’est saisir toute la sève d’une génération. Le rappeur brestois se révèle tantôt provocateur ; ruez-vous sur le morceau « Fornique la maréchaussée », qui bouscule les schémas autoritaires avec lucidité ; tantôt introspectif, dans les morceaux où il évoque ses déambulations nocturnes de manière douce-amère. Bref, Reynz est habile et gagne à être connu bien au-delà du Finistère, le territoire où tout commence.

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