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Frànçois Mary cueille Les Fleurs du Mal

C’est une heureuse rencontre : pour sa sixième aventure solo, François Mary a exploré en musique Les Fleurs du Mal. Baudelaire et son spleen, ses regrets de pays qu’il n’a jamais visités, nostalgie du présent et songes sans limites sous le ciel de Paris qui “pèse comme un couvercle” : les maux rêvés à fondre dans la nostalgie chaloupée de Frànçois & the Atlas Mountains – dont Frànçois est la plume et la voix.

Huit titres, autant de rappels des expérimentations passées du groupe saintais, ici réduit à un trio (avec Jean Thévenin à la batterie et Amaury Ranger à la basse). Défilent les lentes ballades hallucinées (“A une passante”, “Vie antérieure”), les mélodies dansantes empruntées aux quatre coins du monde (“Parfum exotique”, “Recueillement”), qui rappellent autant les accents afropop de E volo love que la ferveur électrique de leur dernier disque, Solide Mirage. La poésie de Baudelaire se dissout et s’imbrique dans l’écriture morcelée de Frànçois, les images du premier au service du pouvoir d’évocation de la deuxième.

L’exercice a déjà été abondamment pratiqué par de grands noms de la chanson française, dont Serge Gainsbourg et Léo Ferré. Mais il est exécuté avec brio : au-delà de la richesse musicale, sa réussite se nourrit également de la trajectoire artistique et personnelle du chanteur. L’histoire-géographie de Frànçois Mary vient caresser celle de Baudelaire : né à Paris, en exil à Saintes, Bristol, Bruxelles, il revient à la capitale pour côtoyer de nouvelles influences, respirer une certaine mythologie de la capitale et son dynamisme artistique. En témoignent ses invités, ses voisins de pallier de la chanson française contemporaine : Fishbach et sa voix de “ténébreux orage” qui nous envenime du passage inexorable du temps. Juliette Armanet, voix diaphane, balancement indolent au bord de la mélancolie, “Ordre et beauté / Luxe, calme, et volupté”. BostGehio, comparse de longue date du chanteur, et ses chœurs lancinants et mystiques sur “Parfum exotique”. Mais aussi Voyov, Barbara Carlotti, ou encore Calypso Valois.

Le disque s’achève sur l’ambiguïté du “Rêve Parisien”, longue rêverie éthérée où le sordide côtoie le fantastique. Peut-être un prolongement audacieux du souffle qui anime Frànçois depuis Solide Mirage : “Voulons-nous échapper à la réalité et créer un délire musical, ou voulons-nous nous écrier qu’il y a des choses qui nous concernent tous et desquelles nous devrions être tous conscients ? Les deux peuvent aller de pair.”* Le parfait contrepied de ce qui pourrait n’être qu’un exercice de style.

*Domino Records, page “François & The Atlas Mountains”

© Margaux Shore

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