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Faites entrer Editors

Editors fait partie de ces groupes qui ont quasiment toujours divisé la critique et le public. Après un premier album ultra prometteur, tout le monde les voyait comme la relève du rock anglais. Cet espoir s’est ensuite peu à peu effrité pour laisser place à des remarques parfois très dures. Pourtant, le groupe originaire de Birmingham n’a jamais cessé d’évoluer, d’expérimenter. Cette quête perpétuelle de renouvellement les a menés jusqu’à ce sixième album, « Violence ». À cette occasion, nous avons donné la parole aux accusés en discutant quelques minutes avec Ed Lay, le batteur du groupe, pour évoquer avec lui la création de cet album et les critiques qui leurs sont faites.

En 2005 sortait The Back Room, premier album d’Editors. À l’époque, les Anglais sont le groupe à suivre. En tête des charts britanniques, rien ne semble pouvoir les arrêter. Une tournée européenne avec Franz Ferdinand et quelques petits festivals de l’autre coté de l’Atlantique (Coachella par exemple, vous connaissez ?) leur permettent d’atteindre une grande notoriété en peu de temps. Leur second album rencontre, lui aussi, un succès public et critique bien mérité. Ils sont même nommés aux Brit Awards dans la catégorie « meilleur groupe britannique ». Mais ça, c’était avant. Avant qu’ils ne décident de changer légèrement de cap avec la sortie de In This Light and On This Evening qui signe un tournant plus électronique. Ed Lay ne s’en cache pas. « On a toujours eu besoin d’explorer la musique électronique, même sur nos premiers albums. On aime mélanger les styles, mélanger rock et musique électronique. »

S’en suivront deux autres albums renouant plus ou moins avec le son de leurs premiers albums, mais qui provoquent quelques réactions négatives. Alors, quand on a su qu’ils revenaient en 2018 avec 9 nouveaux morceaux, un petit goût de dernière chance vint titiller notre palais, surtout lorsque nous avons compris que les influences électroniques étaient de retour sur ce nouvel opus.« Sur cet album, on voulait pouvoir mettre des grosses guitares au milieu d’une ambiance électronique, et je pense que nous avons réussi à trouver un équilibre plus harmonieux entre ces influences. »

« Nous ne sommes pas en tête d’affiche partout où nous jouons, donc nous devons trouver l’équilibre entre le groupe indé que nous sommes et la tête d’affiche de festival. C’est assez étrange comme sensation. On ne veut pas être un groupe décevant en live, donc c’est toujours un challenge pour nous de trouver cet équilibre. »
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À la première écoute, cet équilibre-là semble avoir été trouvé, mais c’en est un autre qui nous interroge. Celui entre morceaux ultra efficaces, ceux que leurs détracteurs qualifieraient de « mainstream », et morceaux beaucoup plus intimistes et profonds. Il suffit d’écouter à la suite le tapageur « Magazine » et la ballade « No Sound But The Wind » pour comprendre le grand écart effectué. On se demande alors si certains morceaux ne sont pas pensés uniquement comme des hymnes taillés pour les grandes scènes de festivals et disséminés au milieu de titres beaucoup plus intéressants. « On n’est jamais sûr de ce que va devenir un morceau. Des fois, on joue quelque chose et on se dit que ça peut vraiment marcher en live, mais ce n’est certainement pas un point de départ. Nous ne sommes pas en tête d’affiche partout où nous jouons, donc nous devons trouver l’équilibre entre le groupe indé que nous sommes et la tête d’affiche de festival. C’est assez étrange comme sensation. On ne veut pas être un groupe décevant en live, donc c’est toujours un challenge pour nous de trouver cet équilibre.

Cet équilibre semble s’illustrer dans le morceau « Hallelujah (So Low) » où tout les éléments se mélangent sans empiéter les uns sur les autres. Les grosses guitares du refrain, les quelques sonorités électroniques, la voix toujours aussi charismatique de Tom Smith, tout s’additionne dans un morceau qui s’approche de frontières dangereuses sans jamais les franchir. Et cet équilibre, ils ne l’ont pas trouvé tous seuls, contrairement à leur album précédent qu’ils avaient produit eux mêmes. « Très tôt dans le processus de création de cet album, nous avons senti que nous avions besoin d’un avis extérieur. On a travaillé avec Blanck Mass, qui nous a beaucoup inspiré et nous a aidé à retravailler les choses de façon électronique, puis avec Leo Abraham qui est un producteur plus traditionnel. Le plus important pour lui c’est de faire ressortir les émotions des morceaux. On voulait écrire de grands morceaux et ne rien rater d’important, et on a réalisé qu’on ne pourrait pas y arriver tout seul. On a tenté de travailler seul sur notre album précédent, et nous en sommes fiers, mais c’est n’est pas forcément quelque chose qu’on veux refaire. »

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 « On a eu un succès rapide mais je ne pense pas que notre déclin soit pour tout de suite, et l’avis des critiques ne change pas grand chose à cela. »

Vous l’aurez compris, ce nouvel album d’Editors présente encore une fois des défauts, mais l’ambition et la volonté de changement du groupe ne peut qu’être saluée. Certains morceaux de cet album nous suivront sûrement longtemps, tandis que nous laisseront les autres s’épanouir sur scène, où leur place se trouve très certainement. D’ailleurs, ils ne sont pas dupes. Et lorsqu’on leur demande comment ils vivent les critiques de ce type qui leur sont faites ils ne semblent ni surpris ni attristés. Comme ça, tout le monde est content.« On le vit bien. À chaque fois que je lis les critiques de nos albums, même si elles sont mauvaises, les gens ont toujours un morceau préféré, et ce n’est jamais le même. Chacun a une expérience différente de la musique. Je pense que nous avons toujours proposé des choses différentes, nous n’avons jamais fait deux fois le même album. Nous essayons continuellement de composer des morceaux intéressants. On a des fans qui nous suivent depuis le début, d’autres qui nous ont abandonnés, d’autres qui sont arrivés en chemin ; et c’est comme ça. De notre coté, on est toujours là, on continue notre bonhomme de chemin, on continue à grandir et à jouer partout en Europe et ailleurs. On a eu un succès rapide mais je ne pense pas que notre déclin soit pour tout de suite, et l’avis des critiques ne change pas grand chose à cela. »

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