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Et les Siestes Électroniques s’installèrent dans une maison de retraite pour artistes

Quand on aime, on ne compte pas. Chaque année, l’orga des Siestes Électroniques nous ravit de ses programmations, son éthique, ses idées farfelues, ses combats qui donnent du sens. Alors chaque année, on y va de notre faible contribution à dire au monde combien on les aime. Avec sa nouvelle édition à Nogent-sur-Marne début septembre, difficile de passer outre.

« L’artiste doit être l’ennemi du spécialiste »
Sébastien Tellier, On n’est pas couchés, mai 2012

Depuis 2002, l’équipe des Siestes s’attelle à l’impossible réconciliation de deux ennemis intimes: le grand public et la culture de niche. Avec ses musiques plus pointues qu’une bande de criteriums affutés au cutter, l’exploit est, vous excuserez du peu, de taille. Mais comment diantre est-il possible ? Est-on entièrement convaincu de la méthode siestesque ? Arg.

On a souvent présenté le festival dans nos lignes, qu’il se tienne dans son lieu d’origine à Toulouse, à Paris, au Musée du Quai Branly, ou à l’étranger, du Canada au Congo, du Vietnam au Portugal en passant par la Corée du Sud. On a souvent loué ses qualités exploratrices, puisant la matière sonore dans les traditions locales ou mondiales, collaborant avec les artistes locaux, dans une relation horizontale de respect à l’opposé d’un néo-colonialisme culturel de plus. On a souvent trippé des rencontres entre musiques et arts, entre styles éloignés, entre générations qu’il s’efforce à provoquer.

La gratuité, oui, la gratuité, c’est bien là l’une des principales portes d’accès à des cultures inconnues et improbables. Pour l’ouverture à tous, du moins à un bon nombre, pour une faille dans le système lissé de la culture dominante. Mais la gratuité ne serait rien sans l’accessibilité, celle qui permet de découvrir un batteur de free jazz japonais, un popeux fan d’autotune, un soundsystem juché sur un vélo qui marche au solaire ou un folkeux minimaliste en pleine place publique ou au beau milieu d’un jardin municipal. La voilà la force des Siestes. Être là. Y rester. Et ouvrir le portail de son jardin non pas caché mais discret.

Si l’histoire de ses 17 ans en tant que figure de l’exploration musicale parle suffisamment pour le festival, il ne nous incombe pas d’en rappeler les anecdotes et les histoires. Vous pouvez voguer sur son site ou lui demander vous-mêmes son best-of. De notre côté, mieux nous importe de regarder en aval, créer nos histoires, neuves et sauvages, jouissant de leur fascinante puissance d’être des premières fois. Le graal, oui : celui de premières fois sans cesse renouvelées. Ce sera d’ailleurs complètement possible lors de la toute nouvelle mouture des Siestes à Nogent-sur-Marne, en Région parisienne, qui se tiendra les 7 et 8 septembre. L’équipe, tombée sur une maison de retraite pour artistes au cœur d’un somptueux parc, a bien l’intention de créer un intime jardin pour petits et grands, coquins et flemmards. On a d’ailleurs échangé avec Samuel Aubert, son directeur, et Jeanne-Sophie Fort, sa directrice des partenariats et de la communication. Voici leurs mots.

Toutes les infos sur le site du festival et l’event Facebook. Prog en bas de l’article.

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Siestes Electroniques à Toulouse : Cédric Lange

L’interview

Comment expliquer en quelques mots le projet des Siestes à un non-connaisseur de la musique ?

C’est justement le bon événement pour les non-connaisseurs. Tout est pensé pour eux, pour qu’ils puisse venir découvrir de nouvelles choses. Il suffit juste d’un peu de curiosité et à tout moment on peut être saisi d’un coup de foudre musical aux Siestes. Donc en quelques mots : Les Siestes est une manifestation qui aime l’aventure et la découverte et qui offre un cadre très simple et agréable pour écouter, sans a priori, des musiciens contemporains.

La famille Siestes Électroniques s’est-elle étoffée, a-t-elle connu des grands chambardements… ou est-ce toujours la même équipe et fonctionnement ?

C’est une famille sur-composée. Avec des anciens membres toujours un peu là (d’ailleurs l’édition nogentaise nous donne l’occasion de retrouver nos exilés vers la capitale car, rappelons-le, le cœur de l’association est basé à Toulouse), il y a des membres permanents, très investis depuis sa création, il y a de nombreux sympathisants, et puis celles et ceux qui nous rejoignent régulièrement depuis plusieurs générations. C’est une famille qui s’agrandit chaque année, on adopte toute personne motivée !

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Maison Nationale des Artistes en contre plongée

Qu’est-ce qui a motivé l’envie d’une édition à Nogent-sur-Marne ?

Notre rencontre avec la Fondation des artistes, avec laquelle nous avions en commun notre volonté de rendre accessibles les formes artistiques les plus exigeantes au plus grand nombre au moyen de la gratuité. Mais aussi le parc qui se trouve sur place, en plein cœur de Nogent-sur-Marne, avec de majestueux arbres séculaires, de belles étendues d’herbe et la bâtisse qui surplombe le tout. Le cadre, ainsi que la présence de la maison de retraite qui jouxte le tout, nous a motivés à penser un format plus intimiste, plus doux, mais toujours aussi surprenant.

Ça fait quoi de passer la barrière du périph ? Quelles sont les réactions vis-à-vis de ce choix autour de vous ?

En ce qui nous concerne, ça ne change pas grand chose car on en est pas à notre première déclinaison du projet. Quant aux réactions, on attend de voir comment cette première édition va se passer. On constate que nombre d’organisateurs développent des soirées au delà du périph réunissant des publics nombreux, on espère s’inscrire dans cette dynamique.

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Photo : Nicolas Wujek

Avec cette « maison de retraite pour artistes » en écrin majestueux du festival, Les Siestes à Nogent ne ressembleront pas à celles à Toulouse ou à Paris… Pourra-t-on toujours y faire la sieste ? Qu’est-ce qui changera fondamentalement ?

Il sera tout à fait possible d’y faire la sieste, probablement même plus qu’à Toulouse. Le parc de la Fondation des Artistes est un lieu qui respire. Après le musée du quai Branly où on était vite engoncé, on avait envie de plus d’espace. Cette première édition est pensée comme un petit cocon à l’abri de la ville, une petite jauge intimiste dans un grand parc, comme un espace tampon d’avec le tumulte de l’extérieur.

Avant de dérouler le programme jour par jour, vous présentez trois collectifs : le collectif_sin, le collectif Young Echo et le label Halcyon Veil… Faut-il en déduire qu’ils aient un rôle central dans la programmation ?

Oui, on avait envie de mettre en valeur les démarches collectives plutôt que d’envisager notre programmation comme un collier de perles, une succession d’individualités. La musique peut tout à fait être une aventure solitaire mais elle est souvent, au contraire, un phénomène de groupe. Le vedettariat de l’industrie musicale a présenté le musicien comme une personnalité unique mais l’histoire de la musique est, pour une large part, une histoire collective.

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Les Siestes à Toulouse, par Nabil Imarzouk

Un dj set caribéen, de l’ambiant live, un duo de batterie ou une installation sonore… aux Siestes. Y a -t-il une thématique particulière à cette édition ?

Non, pas vraiment. Il n’y en a jamais eu, d’ailleurs. Après si on devait trouver un fil conducteur, la question de l’écoute dans la nature, de l’écoute dans une espace ouvert, à ciel ouvert, nous a pas mal travaillé pour cette édition, plus que d’habitude en tout cas. On ne veut pas reproduire une musique et des comportements de salles de concerts en plein air, il s’agit de proposer autre chose plus en lien avec le lien. On peut appeler ça une démarche in situ ou ambiant, si on veut.

Les Siestes communiquent souvent sur la réunion des publics : les habitués des milieux culturels, le voisinage, les passants, les différentes générations. Quelles sont les principaux souvenirs précis que vous ayez qui confirment cette identité, lors de vos précédentes éditions ?

Disons que c’est toujours marrant (et trop rare) de voir dans notre public des élus, des punks à chiens, la jeunesse dorée, des instagrameurs, des voisins curieux, les fans nerdos de free jazz comme des technos freaks qui attendent que la bass drop.

La prog :

SAMEDI 7 SEPTEMBRE

16h > 17h – Quentin Kôôl~ : DJ set commenté sur la culture soundsystem
17h > 18h – Rabit, Swan Meat & Cecilia : ambiant live
18h > 20h – Young Echo : DJ set dub & atmosphérique
20h > 21h – François Atlas : live

DIMANCHE 8 SEPTEMBRE

16h > 17h – Young Echo : ambiant live
17h > 18h – TGV (Tristan Gaston Vallet) + SPMDJ (Syndrôme Pré Menstruel) + FLY BIEN : live cartographié
18h > 19h – Ding Dong (Cosmic Néman & Quéméré) : duo de batteries
19h > 20h – Rabit : chopped & screwed DJ set
20h > 21h – Lover Club & Erwan Evin De La Sin~ : DJ set caraïbéen

Toutes les infos sur le site du festival et l’event Facebook

Crédits photo en une : Ma mère Un temps de rêve 2016 © Grégoire Korganow

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