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En route pour Son Dong, la rave éternelle [2/4]

Cela fait des années qu’on cherchait frénétiquement la rave la plus folle de cette planète. Ou plutôt, le spot le plus incroyable pour danser jusqu’à l’épuisement. Et puis le nom de « Son Dong » est arrivé à nos oreilles. Il existerait une grotte gigantesque, du côté du parc de Phon Nha-Ke Ban, au Vietnam, qui abriterait une rave éternelle. On a bouclé notre sac à dos en quelques minutes direction l’Asie du sud est. Passez nous voir, on y est toujours, personne n’a prévu de siffler un jour la fin de l’after.

Ceci est une fiction, et son début [1/4] est par ici.

Nous y voilà. Les pieds dans le vide, balançant au bout d’une corde. En bas, majestueuse et grouillante, la forêt de Son Dong étale ses cinquante nuances de vert à perte de vue. Sous les feuillages, quelqu’un nous assure pour la descente, d’environ 80 mètres. On est ici dans l’une des grottes les plus profondes de la Terre (plus de 5 kilomètres de long, 150 mètres de large et 200 mètres de haut, ça calme). Voyage aller vers la rave, on ne sait même pas si l’envie nous prendra un jour de faire chemin inverse. Petite appréhension. Notre petit corps de fêtard légèrement moite suspendant au bout de son fil ne fait clairement pas le poids face à cette forêt prête à nous croquer. On imagine tout ce qui se cache là-dessous. Mais après tout, on l’a voulu, cette rave éternelle.

Nos mollets effleurent les plus hautes feuilles de la forêt. Nous voilà au cœur des arbres, plongés dans une cacophonie tropicale. La forêt de Son Dong possède son propre éco-système, porté par une flore luxuriante et une faune tout aussi atypique. Ici se côtoient singes, calaos, chauve-souris et quelques espèces chelous d’insectes avec qui nous allons bientôt danser. Magnifique.

Une voix grave nous interpelle. Tout en bas de la corde, on distingue celui qui nous guide gentiment dans cette descente vers la teuf infinie. Marcel Dettmann himself est à la manœuvre, affûté comme jamais. Il sort à peine d’un set de 13 heures, dans un boyau du fond de la grotte ne pouvant contenir que 20 personnes. « Intense », nous lâche-t-il, l’air amusé. Le colosse berlinois a innové au niveau capillaire ; deux petites couettes viennent habiller son visage anguleux, paré de paillettes. Sacré Marcel.

Il fait chaud dans cette forêt. On se croirait dans une pub pour un gel douche, avec ces longues feuilles qui perlent tranquillement. Au-dessus de nos têtes, on perçoit, à travers le toit végétal, la paroi de Son Dong. De gigantesques entrailles souterraines percées de deux énormes trous, ce qui permet à la lumière de rentrer et donc à la végétation de pousser de manière anarchique. L’endroit est calme, même si au loin, les frémissements de la teuf commencent à nous parcourir l’échine.

Son Dong tentes

Toujours pas de raveurs à l’horizon. Juste cet homme assis sur son paddle, au milieu de d’un lac aux eaux immobiles, qui triture ses machines. Nous le reconnaissons à son large sourire qui barre son visage. C’est Brian Shimkovitz, le type derrière Awesome Tapes From Africa. Sur les bords de l’eau, quelques raveurs fourbus siestent devant ce live 100% cassettes, pas loin d’une poignée de tentes installées là. « C’est l’un des dix coins chill out, nous glisse San Proper. Brian est d’ailleurs l’un des organisateurs de cette rave. Mais vous n’avez encore rien vu. Tout se passe au bout du chemin, dans la Grande Clairière. Mais avant cela, on va se prendre un petit remontant ».

Le lutin Proper nous fausse compagnie quelques instants, et le voilà de retour les bras chargés d’étranges galets gris. « Ces boules sont l’élixir de Son Dong. Ces petites pierres sont formées de cristaux de carbonate de calcium, qui se sont agrégées depuis des millénaires. Gardez-en chacun une au fond de votre poche, et léchez-là de temps en temps.  C’est une drogue légèrement euphorisante au goût d’arbousier, et un anti-oxydant naturel. On ne les trouve qu’ici ».

Son dong cailloux

Un coup de langue plus tard, nous mettons le cap sur la Grande Clairière. Elle se situe là, derrière ce mur de stalactites haut de 80 mètres, où nichent des espèces de chauve-souris uniques au monde. Brusquement, San Proper se retourne vers nous, l’oeil inquiet. « Etes-vous bien sûrs de ce que vous faites ? Certaines personnes sont arrivées dans la Grande Clairière il y a plus de deux ans. Elles ne veulent plus en partir. Leurs proches les recherchent, mais Son Dong les a happées. Comme moi ». Les petits cailloux à l’arbousier ont déjà fait leur effet. Les yeux déjà dans les nuages, nous laissons les stalactites derrière nous et nous entrons dans la Grande Clairière.

stalactites

A suivre : épisode 3 la semaine prochaine.

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