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Download Festival : du métal et une alchimie

Mastodonte à l’échelle internationale, le Download festival débarquait pour la première fois en France, à l’Hippodrome de Longchamp pour être précis. L’idée ? Installer un événement métal à Paris, et ce une semaine avant une autre messe, installée depuis dix ans : le Hellfest. Même pas peur.

Le dernier festival métal que nous avions fait était mémorable et datait donc de l’an passé. C’était au Hellfest, au cœur de la marmite clissonaise. Alors au moment de rejoindre l’hippodrome de Longchamp, on avait quelques réserves sur l’ambiance qu’on allait trouver sur place. Après tout, notre crainte n’était peut-être pas si injustifiée. On n’attend pas la même chose d’un événement qui s’est construit pas à pas, d’édition en édition, avec un soutien fort de locaux et de bénévoles, et un festival comme le Download, qui n’est après tout qu’une simple déclinaison française d’un colosse international aux mains de Live Nation. Et même la fatigue post-festival ne nous fera jamais confondre les deux.

Maintenant, parlons de la pratique et de la réalité d’un événement tel qu’il se déroule dans les faits. Et les faits, justement, ne plaident d’abord pas, mais alors pas du tout, en faveur du Download. Dépassé par une affluence pourtant attendue, le dispositif d’accueil scandalise ceux qui devront attendre plus de deux heures avant d’accéder aux concerts. Moins grave, il énerve aussi ceux qui auraient bien aimé siffler l’apéro sans avoir à relever le défi d’une file d’attente délirante. Autant vous dire que ça partait mal.

Et puis on s’est mis à ouvrir les yeux. Non pas sur la déco, quasi-inexistante, mais sur les gens autour de nous. Et bien figurez-vous qu’ils étaient heureux d’être là, malgré tout. Prêts à s’amuser des codes du genre, d’abord. Pogo, circle pit, wall of death : les classiques sont récités, un à un. Dès 16h s’il le faut, devant des membres de Mass Hysteria le samedi et Lofofora le dimanche agréablement surpris et rassurés que les meilleurs représentants français du genre étaient encore et toujours dans le coup. Cette générosité là, sur scène comme dans le public, est belle à voir. Et quand les Baby Metal doivent renoncer à la moitié de leur set à cause d’une panne technique, le public s’en amuse et exhorte un mec déguisé en Pikachu à se libérer de son déguisement. Oui, comme (presque) partout ailleurs. Nos craintes pouvaient donc se dissiper à mesure que les décibels nous cognaient la face.

Et puis le public métal a ceci de particulier qu’il brasse une variété de publics réellement hétérogène, à mille lieux de certains clichés qui les imaginent uniquement tout de noir vêtus et maquillés. De la couleur, on en a vu. On a aussi vu plus de « vieux » (désolé pour nos amis quinqua, mais à l’échelle d’un festival, vous êtes vieux) que nulle part ailleurs, un point favorisé par ce facteur intergénérationnel qui pousse des familles à venir au complet. Papa tenait visiblement à partager avec son fiston sa passion de trente ans pour Iron Maiden le vendredi ou Megadeth le dimanche. C’est ainsi, le métal a ses icônes, immuables et planétaires. Il a la culture du monstre sacré peu propice au renouvellement des figures qu’il vénère. En retour, ces légendes nous épargnent le goût du formol et répondent sur scène par des shows qui laissent à penser qu’entre l’Hippodrome et Disneyland, il n’y a parfois qu’un pas. Gojira et Amon Amarth ont également prouvé que le Death était un courant aussi rassembleur que protéiforme, Ghost et Korn qu’on peut convaincre un public au-delà des genres et approches stylistiques, innombrables dans ce courant. Le métal est un arbre généalogique vertigineux. Il est unique et pluriel. Il est ringard et novateur, il est violence et amour, il est kitsh et beau. Il est un festival de sensations et d’émotions contrariées. Et le temps d’un week-end, il aura trouvé un écrin inattendu à Paris.

Crédit photo : Nicko Guihal
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