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David August, funambule de l’impossible

David August vient de sortir son premier album, « Times », dans l’indifférence quasi-générale. Et pourtant, on tient sans doute là l’un des petits chef-d’oeuvres électroniques de l’année. Quatorze titres lumineux, produit par un jeune funambule de la trempe de Nicolas Jaar. Attention, grand bonhomme.

Il est possible, et même probable, que vous ayez déjà dansé sur l’un des mini-tubes de David August. You Got To Love Me, Moving Day ou Peace Of Conscience, et leur house pleine de naïveté sont venus égayer les playlists depuis 2010. Acte 1, donc : David August, le gars qui fait trémousser les petits boules aguerris avec quelques EP de bonne tenue. Mais ça, c’était avant.

2012. Après avoir tourné comme un petit fou pendant plusieurs années, David August disparaît des radars. Parallèlement à ses études qu’il suit à la Tonmeister de Berlin, le natif d’Hambourg s’accorde une grande parenthèse, annule ses sets et se plonge dans la production de son premier long format. Comme pour se recentrer sur l’essentiel, se dit-on après coup. A l’écoute de « Times », ça en devient une évidence : ce gars-là devait passer par un album pour s’exprimer sur la durée. Au moment où la plupart des producteurs collectionnent les labels pour sortir des EP en rafale, David August, fidèle à Diynamic Music, sort ce premier LP qui, immédiatement, fait écho à l’un des plus beaux disques de la décennie : « Space Is Only Noise », de Nicolas Jaar.

Sorti le 8 avril, « Times » débarque sur la pointe des pieds. Les premiers échos de l’album ne sont pas tous dithyrambiques, loin de là. Attendu comme la poule aux oeufs d’or en pleine réminiscence house, David August réveille les grincheux, qui se sentent lésés par quatorze titres contemplatifs et déstructurés. Malheur. Si bien que, dès le 10 avril, les critiques fusent et le bonhomme s’excuse presque sur Facebook. « Je suis désolé si cet album ne correspond pas à vos attentes ; il est aussi honnête que possible. Je vous demande juste de le comprendre et de respecter ça ». Arf. La modestie du génie, sans doute.

Car c’est bien là toute la force et le caractère de « Times » : il avance lentement, tente des trucs, se casse la gueule pour mieux avancer. La flamme d’Apparat, l’audace de James Blake ou le hors-piste de Four Tet se bousculent dans la tête de David August, qu’on imagine très bien dans sa piaule de cité U, entouré de murs de machines. « Times » est une espèce d’échappatoire, une antidote contre le temps qui file à toute vitesse, une bulle dans laquelle il faut se laisser enfermer. Cet album aurait pu sortir il y a dix ans, et en surprendra plus d’un dans 20 ans. Qu’on se le dise : David August est un génie, et vient de sortir l’album dont beaucoup de producteurs rêvent la nuit.

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