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Dans le Petit Bain du festival Aurores Montréal

A défaut d’aurores boréales, la péniche de Petit Bain a été notre sémaphore jeudi 7 décembre dernier pour assister à une soirée d’Aurores Montréal. La cinquième édition du festival parisien valorisant la chanson québécoise émergente a arpenté quatre scènes du 3 au 9 décembre. L’hommage à Lhasa par des pointures revenait sur toutes les lèvres. Patrick Watson à la Philarmonie ? Pas pour nous… Place à un événement flottant où deux des trois têtes d’affiche sont… françaises. Plongée dans une soirée qui n’a rien de celle d’un apparent  « Mots dit français » – en référence à Java sur les subtilités francophones de part et d’autre de l’Atlantique, traduisant l’énervement de certains Québecois devant le snobisme de Français moqueurs du langage joliment imagé de la Belle province.

Pourquoi aller à LA soirée d’un festival valorisant la Belle province où deux des trois artistes se partagent entre Rouen et Paris ? Primo, personne ne nous impose qui aller voir que ce soit au Badaboum, au Centre culturel canadien, à la Maroquinerie ou à Petit Bain. Deuzio, cette dernière salle pour un Sourdoreille représente un lieu de plénitude semblable à un cimetière d’éléphants chez Eddy Mitchell (y’a pas que Johnny dans la vie). Apparté pour les clubbeurs adeptes de nos soirées, l’atmosphère d’Aurores Montréal du soir était plus feutrée que vos nuits. Tertio, Nord est un artiste pas encore vu bien que filmé en 360° par notre crew.

Point Bison Fûté : attention au piéton qui snobe l’appli itinéraire RATP, préférant l’inanité de courir sur le pont de Tolbiac depuis la mairie du 12e alors que la ligne 6 vous dépose proche de Quai de la Gare. Le concert solo du Normand devait être bien. L’attaché de presse du festival l’a confirmé. ‘Mouais’, rétorquez-vous avec justesse…

En sueur et au moment où l’happy hour sonne notre glas, le titre « Elle voudrait » de Nord  vivifie nos esgourdes. Le dernier morceau – celui qu’attendaient les fans – sent bon l’insouciance, en compagnie d’une demoiselle souriante. Calibré pour la radio, le boomer (en trop) traduit un single « porte d’entrée » assumé pop pour un artiste qui chante de façon minimale le spleen de l’amour déchu et autres errances nés du doute ou du désir. « Quelque chose lui dit qu’il y a un malaise / Peut-être qu’elle se fabrique une utopie dans sa tête / Elle voit des choses qu’on pas lieu d’être / Elle imagine le monde qui va avec / Et elle voulait que ça existe / Oui elle voulait que ça existe, un peu quand même / Sans que ça puisse être stupide, sans que ça puisse être inutile, sans que ça puisse être futile, sans que ça puisse être impossible ». A défaut d’entendre grand-chose, le sentiment d’identification grandit chez le chroniqueur ayant manqué l’artiste qu’il se réjouissait de décrire. Un sentiment accru au vu d’un public globalement réjoui : ça faisait triplement chier d’avoir été à l’ouest.

A l’issue du concert d’Elliot Maginot, une représentante de lOFQJ, soit l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse, nous a expliqué que sans leur programme sur le développement et le perfectionnement professionnels des 18-35 ans (valable dans tous les corps de métier, à bon entendeur.e…), Nord et Juniore n’auraient jamais reçu de bourse pour structurer leur projet chez nos lointains cousins. Vous comprenez maintenant le pourquoi de leur présence. A l’inverse, c’est ainsi que le grand et jeune québécois jouait à Petit Bain. « Je n’osais pas chanter « Only you » quand je suis venu la première fois il y a deux ans demi, car je parle beaucoup de Paris. Ce soir, je vais tenter. » Bonne idée.

Par respect pour son concert en duo avec une violoncelliste, une oreille amie vous déconseille l’écoute du morceau « Still Alive » notamment mis sur le site d’Aurores Montréal. Si l’accroche fonctionne pour qui aime les arpèges romantiques, la voix d’une justesse absolue est parfois un peu trop perchée dans le corps de ce colosse portant le catogan. Trois titres, ça va. Vient ensuite ce sentiment d’assister à un remake de Bryan Adams. Et là, désolé de faire le « maudit français » mais ça ne va plus. Histoire de goût car Eliott Maginot est foncièrement doué guitare à la main.

Les filles de Juniore avaient leur fanbase, le lendemain d’un concert à Istanbul. Ce quatuor déguisé a remonté le temps pour trouver un ton qui aurait plu à Nico. En fermant les yeux, la chanteuse pourrait être la sœur de Thomas Dutronc. Non pas pour leur jeu de guitare, mais en cherchant du côté de la maman. Brassez la voix de Françoise Hardy et les influences des synthés de La Femme afin de ressentir l’ambiance de ces Parisiennes bien barrées et très amusantes. « La Plage » vous envoie sur le léger clapotis des vagues. Un concert jovial qui nous a – presque – fait oublier la prestation manquée de Nord. Un marabout aux confins de la Gaspésie doit nous poursuivre : on était dégoûtés d’avoir loupé Ludo Pin l’an dernier… après avoir réalisé son statut de Parisien émigré depuis des années à Montréal.

Inexorablement, l’artiste québécois nous a le moins ému. Promis juré craché sur la tête de Klô Pelgag – ou plutôt à côté – que l’on suit depuis ses débuts, ce festival intrinsèquement ouvert mérite d’être promu autant que notre chauvinisme trompeur doit s’estomper. Une soirée ne fait pas un festival, certes ; sa capacité d’échange des cultures oui, en revanche.

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