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Courtney Barnett et Kurt Vile, coquillages et crustacés

« Over Everything », au-dessus de tout, ces deux musiciens à la beauté trébuchante. Le même sourire mi-gêné mi-ironique, les mêmes tignasses à peine soignées, des têtes de souffre-douleur des cours de récré. Folk rock tourbillonnant, aéré, auto-alimenté, où chacun se donne la réplique, puis se coupe courtoisement la parole, voix et guitares enchevêtrées comme l’écume sur le sable, rouleaux incessants sur une crique oubliée. Une ballade vaguement urbaine, des arpèges solitaires comme des mégapoles, flot des stations de métro à la mesure de la caisse claire. Deux passants inconnus l’un à l’autre, réunis par hasard sur le même banc, se confient tranquillement leurs obsessions, sur fond de lumière déclinante, et de lampadaires désolés.

Le temps de mélanger la voix nasillarde et traînante du “son of a gun” de Philadelphie, et les litanies drolatiques de Courtney Barnett, débit infernal sur fond de voix de philosophe fatiguée ; le temps de faire dialoguer une Jaguar et une Telecaster, le blues du Delta et le garage rock australien, la plénitude et la mélancolie ; la nonchalance nous gagne et l’on a envie de parcourir les fonds sous-marins des fins de journée en compagnie d’un monstre sympathique, à douze cordes et une seule tête, prénommé Kurtney.

« When I’m outside in a real good mood You could almost forget about all the other things Like the big old ominous cloud in my periphery »

Lotta Sea Lice est sorti le 13 octobre 2017 chez Matador Records.

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