Choisir son camp entre rock et électro, ça Nasser à rien

Près de 10 ans d’ancienneté pour Nasser et 4 ans qu’ils n’avaient pas fait quelque chose ensemble. Force est de constater qu’après avoir fait plus de 300 concerts ensemble, le manque était devenu trop fort. C’est donc avec un troisième album que le groupe de Marseille remboîte le pas, avec The Outcome; pour le plus grand plaisir des fans du groupe ou des curieux qui les ont découvert sur la route.

Nasser a toujours eu le cul entre deux chaises, à mi-chemin entre rock et electro. Loin d’être un reproche, c’est ce qui fait toute l’identité du groupe depuis ses débuts. Dans la même démarche, on peut citer Fujiya & Miyagi, LCD Soundsystem et leurs collègues français DBFC dans l’optique « ni groupe ni DJ, mais plutôt club » ; avec des morceaux taillés pour le dancefloor.

Par rapport à ses prédécesseurs, le son a pris un sacré niveau de production. On perçoit que le penchant vers l’électronique l’emporte un peu sur le côté rock. Sans doute le fait que Simon Henner, moitié du groupe, qui s’est aventuré en solitaire avec French 79 y est pour quelque chose. On retrouve dans l’album des morceaux quasi-instrumentaux qui sont dignes de son album (Olympic) qu’il a sorti en 2016, mais la voix de Nicolas Viegeolat vient apporter du relief aux riffs de guitare et aux nappes de synthés analogiques.

Côté vocal, on retrouve également la voix de Kaori Ito, artiste japonaise, qui fait office de fil rouge narratif et vient apporter une dimension mystique qui colle parfaitement avec l’ambiance futuriste des morceaux en question ; « Electric Lady » et « Listeners ». Concernant le reste du disque, c’est comme si vous embarquiez dans un rollercoaster, avec des moments où votre wagon prend de la hauteur progressivement (« Rupture », « The End »), déballe à toute vitesse, s’engage dans des loopings infernaux (« The Outcome », « Can’t Get Out ») avant de ralentir pour un deuxième tour avec des chansons plus solennelles (« Love », « Chaos A.D »).

Nasser c’est aussi une scénographie lumineuse pour une immersion totale. Amateurs de stroboscopes et d’animations minimalistes à la sauce Hawaii & Smith, vous allez apprécier. Le show est rodé et la transe n’est pas loin ; d’autant plus que les morceaux ont une dimension live qui va plus loin que la version studio.

Marseille est en train de devenir la nouvelle capitale de la French Touch avec tous les projets qui gravitent entre electro et rock ; comme avec Kid Francescoli et Husbands. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ces projets se croisent entre eux de manière transversale. Est-ce que le soleil et la mer Méditerranée y sont pour quelque chose ? Le mystère reste entier. Mais depuis plusieurs années, force est de constater que le groove se développe pas mal du côté de la cité phocéenne et qu’il prend de plus en plus d’ampleur.

The Outcome est sorti le 16 mars, et Nasser sera en concert un peu partout, notamment aux Solidays et à la Machine du Moulin Rouge.