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Bozar Electronic Arts Festival : l’hallu bruxelloise

On a fait un tour du côté de la belle Bruxelles à l’occasion du BEAF 2014, festival de musiques électroniques, d’art contemporain et de performances, qui a déjà invité Moderat, Jon Hopkins, Legowelt… Pour sa troisième édition, l’orga Bozar Electronic s’est payé une tapée de mecs perchés qui retransmettent leurs rêves et cauchemars en son et en image. Leur musique d’intello a eu pour effet de foutre une belle hallu générale. Il a fallu protéger son corps des assauts de Mondkopf, tomber amoureux de Nils Frahm, danser devant Max Cooper, comprendre l’étrange monde de Robert Henke, partir en bad trip avec Lumisokea.

Crédit photo Nils Frahm : Caroline Lessire

Jean-Michel Albert & Ashley Fure

présentent Tripwire

Tripwire

Sévérité de l’hallu : 87%. Jeudi. Il faut vraiment être dans le trip. La première soirée du festival commence avec le discours de son directeur que personne n’entend – un écho pas croyable. Le bar ne sert pas pendant le discours, donc forcément le stress monte un peu. Et puis bon, le coup de « la bière est à 3€, c’est hors de prix ! » nous fait doucement rire, petits Français que nous sommes. Viens boire un demi à la Gaîté Lyrique et tu comprendras. On est dans les entrailles des Beaux-Arts de Bruxelles, un superbe lieu que l’orga Bozar investit régulièrement pour des soirées que l’électronique et le VJing viennent habiller. En attendant la performance de la soirée, on entre dans une salle sombre où 24 cordes sont tendues à la verticale. Elles oscillent, plongées dans différentes lumières pendant que de petits sons – façon film à frissons – surgissent de partout. L’oeuvre d’un Français et d’une Américaine a d’ailleurs déjà été présentée à Scopitone. Départ 30 minutes après, les yeux plissés par le retour à la lumière et un monde si… normal. + d’infos sur l’oeuvre.

Cod.Act présente Pendulum Choir

Puissance du WTF : 75%. Jeudi. « Bon les gars, j’ai une idée : vous allez vous mettre sur 9 plateformes inclinables, à un mètre du sol. Vous allez chanter en chœur, en canon, comme vous voulez. Moi, je vous contrôle de loin, avec un joystick. On va bien se marrer. Il faut imaginer que vous êtes des particules organiques, et on dira que ça a un rapport avec le futur, la robotique, la technologie et l’humain. Bref, je sais pas, soyez imaginatifs, bordel. On ajoutera que c’est une une « œuvre aux accents prométhéens » dans notre description du projet, et ça passera nickel ». Voilà ce que se sont peut-être dit les mecs à l’origine de la performance. Et puis, Beaux-Arts oblige, à la fin du show, une étudiante nous glisse : « Nan, mais en fait, l’intention des metteurs en scène était plus d’étudier le mouvement que les vocaux. C’est clair, quoi (…) Alors, vous êtes étudiants en quoi ? Arts plastiques, archi, sculpture ? ». Plombier, tais toi. On retourne se cacher dans la salle aux cordes, ça rassure, c’est chaud, c’est doux, ça sent l’café, l’savon d’Marseille. + d’infos sur la performance.

Nils Frahm, un prodige est dans la salle

et c’en est presque énervant

Nils Frahm

Nils Frahm – par Caroline Lessire

Génie pur : 97%. Vendredi. Difficile de parler de tête d’affiche dans un festival comme le Bozar Electronic. Mais puisqu’il faut toujours en trouver une, prenons Nils Frahm. Paradoxe pour le seul qui peut s’étonner d’être dans un festival de musiques électroniques, avec son piano et son Rhodes. Ce n’est pas la première fois que le compositeur hambourgeois est convié à Bruxelles : ça avait déjà été le cas lors du Bozar Electronic Weekend, où il avait partagé l’affiche avec Modeselektor, Rustie, Jacques Greene, etc. Sa virtuosité quasi-énervante (de ces gens trop parfaits), la poésie de ses mélodies, l’épaisseur de son son ont fait de ce concert un laps de temps magique. Les superlatifs fusent, les tonnerres d’applaudissements s’enchaînent, Nils Frahm est bien le génie que tout le monde attendait. Difficile de contredire l’évidence. Site officiel.

Mondkopf : oublier toute logique ou tenue,

souffrir ou dormir

Mondkopf

Mondkopf et Greg Buffier – par Caroline Lessire

Expérience de survie : 60%. Vendredi. On a beau lire et écrire des choses sur l’album « Hadès » de Mondkopf, quand on ne l’a pas vécu en live, il est difficile d’évaluer la violence et la radicalité de sa musique. Ce qui s’est déroulé se passerait bien de mots. « Hadès » en live, c’est Mondkopf aux machines et Greg Buffier (du groupe Saaad) à la guitare. C’est une foule complètement hétérogène qui comprend des possédés, des endormis, des convulsés, des choqués, des apeurés. Les Beaux-Arts se sont punkisés : impensable. Les débuts techno de Mondkopf semblent s’éloigner de plus en plus. Ce projet dark ambient / post-hardcore et son récent virement au grindcore sont des preuves supplémentaires de son inclination à l’intensité. Bref, ne lui faites surtout pas écouter le dernier Sébastien Tellier. Page Bandcamp.

Robert Henke présente Lumière

6ème acte de Lumière, par Robert Henke, enregistré le 25 avril 2014 au Donaufestival à Krems an der Donau, en Autriche

Créativité du VJing : 90%. A l’origine, Gerhard Behles et Robert Henke sont connus pour leur duo Monolake, fondé en 1995. Aujourd’hui, seul Henke porte ce projet, et parallèlement propose des performances VJing / live électronique, sous son propre nom. Le spectacle qu’il a présenté au Bozar s’appelle Lumière. C’est une création vidéo/son de grande précision. Si le VJing semble bien plus complexe que l’ambient / musique industrielle, l’ensemble tient la route. Et comme au Bozar, on est au pays des chercheurs, des architectes et des geeks, il faut rappeler que ce sympathique artiste utilise un contrôleur MIDI nommé Mododeck qu’il a construit lui-même et qui garantie une approche plus intuitive en live. Vous êtes loin, très loin de la musique de guitares. On n’a pas pu s’empêcher d’imaginer le petit Robert, faisant le nerd dans sa chambre « Robert, sors jouer avec les autres garçons de ton âge et cesse de mettre des bouts de métal dans le micro-ondes – Mais c’est de la musique, maman ! – … Mais qu’est ce qu’on va faire de toi, mon petit Bob ». + d’infos.

Max Cooper : et le public se mit à danser

Max Cooper

Mérite d’avoir fait danser la luxueuse Salle Henry Le Boeuf : 70%. Une semaine à peine après Scopitone, rebelote avec Max Cooper. Sauf qu’entre ces deux shows, on croirait le jour et la nuit. Eh oui, passer derrière Kangding Ray et devant Derrick Carter demande une sérieuse science du dancefloor. Ce n’est évidemment pas la même histoire de jouer après Robert Henke et avant Fuck Buttons… Max Cooper a déroulé un live déstructuré, torturé et plus rythmé que la plupart des artistes avec qui il partageait l’affiche. Le généticien de métier (dont l’imagerie s’en ressent) a montré à son public un grand live audiovisuel. Max Cooper n’a pas perdu son temps en venant à Bruxelles et il vous remercie bien : « I’ve never seen any event quite like that before – classical concert hall gets loose! ». Site officiel.

Lumisokea, bad trip : 93%/ Young Echo, fun trip : 68%/ Fuck Buttons, good trip : 90%. Une fin de festival folklo où on a vu le crew de Bristol (les mecs sont 10 sur scène) passer du reggae, du hip-hop, du dubstep, de la tek… Une salle en mode grosse redescente de fin de week-end avec Lumisokea, et un live psyché, shoegaze, post-rock du duo Fuck Buttons.

Ratages débiles : 20%. Ben Frost et Tim Hecker. Saigner les deux artistes pendant deux semaines sur Youtube et les louper = les joies des festivals.

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