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Bernard Herrmann est BO comme un camion

Bernard Herrmann, c’est le Jeff Mills de la musique de film. Il s’est inspiré de ses pairs, a révolutionné le genre et tous ceux qui ont suivi ont fait pareil. On adore et on vous le fait savoir.

Le dernier épisode de la collection Variations est en ligne depuis quelques jours et déjà vous ne comptez plus les fois ou ces mélodies sont venues trotter dans votre tête. C’est normal, Bernard Herrmann fut en son temps le roi du leitmotiv. Vous savez, associer un thème à un personnage, un lieu ou une situation. Une petite mélodie provoquant un rapprochement inconscient dans l’optique d’augmenter l’impact émotionnel. Le mot vient de l’allemand. Un vieux monsieur à moustache l’invente pour parler des œuvres de Richard Wagner. Quand le septième art cesse d’être muet, ce dernier devient le maître à penser de tous les compositeurs de musique de film. Max Steiner dit par exemple : « Si il avait vécu durant notre siècle, Wagner aurait été le Number One« .

En fait, avant la première partition d’Herrmann pour le cinéma, celle de Citizen Kane pour son ami Orson Wells, la musique de film hollywoodienne c’est un peu du copier-coller des romantiques allemands. Herrmann renforce son usage des leitmotivs par une richesse neuve dans l’orchestration : il utilise de nouveaux instruments, des rythmes répétitifs et d’autres techniques modernes. Il constitue un nouvel étalon de composition cinématographique. Un modèle. Bref. Puisqu’on a envie de vous parler de lui, veuillez trouver ci-dessous une liste non-objective de ses plus grandes partitions.

Le jour ou la terre s’arrêta

Le film de Robert Wise, paru en 1951, est resté dans l’histoire pour trois raisons : c’est le premier grand film de SF produit à Hollywood ; la phrase « klaatu verata nektu » est devenu une des répliques de films les plus célèbres ; sa bande originale propose la première apparition d’instruments électroniques au cinéma. Pour accompagner les autres instruments, Bernard Herrmann fait appel à un violon électrique ainsi qu’à deux thérémines, pour un vibrato from outer space.

Le septième voyage de Sinbad

En 1957, Bernard entame une relation avec le producteur Charles Schneer et le maître de l’animation Ray Harryhausen. Ce tandem produit des films d’animation en stop-motion (image par image), ou les personnages évoluent dans un univers fantastique. C’est l’occasion pour Herrmann de composer pour ensembles orchestraux improbables. Pour illustrer certains personnages, il utilise le glockenspiel ou le célesta. Le thème de la princesse se caractérise par l’utilisation de simples violons, mais uniquement en sourdine et dans le registre aigu. Lors des déplacements du terrible squelette, il convoque xylophone, castagnettes et wood-blocks pour signifier le bringuebalement de sa carcasse, l’entrechoquement de ses os.

Voyage au centre de la terre

Deux ans plus tard, Henry Levin et son producteur proposent au compositeur de faire vivre les entrailles terrestres dans l’adaptation du roman de Jules Verne. Pour signifier la descente infernale, Herrmann décide de n’utiliser que des instruments qui jouent dans un registre bas. Il élimine tous les violons et les remplace par une section de vents, dont de nombreux cuivres tels que le tuba ou le trombone. Mais l’élément central de la partition aux sonorités mystérieuses reste l’utilisation de cinq orgues (dont quatre électriques). Afin de figurer l’euphorie de l’aventure et faire rupture avec les sons obscures, il se sert de plusieurs harpes.

Psychose

La sortie de Psychose marque déjà la cinquième collaboration avec Alfred Hitchcock. Pas de chance, ce dernier doit faire face à une réduction de budget. En effet, le film précédent (Vertigo) a été un désastre financier et la Paramount ne voit pas dans l’adaptation de ce roman de gare le succès à venir. Bernard Herrmann transforme cette contrainte financière en un atout considérable en utilisant un orchestre composé uniquement de cordes, qu’il exploite sous toutes leurs nuances. La partition oscille sans cesse entre la tonalité et la dissonance en jouant de superpositions de motifs. Le passage le plus célèbre étant bien sur celui strident et saccadé de la scène de la douche.

Les Oiseaux

Hitchcock avait songé à n’utiliser aucune musique dans Psychose, préférant réaliser une bande son à base d’effets sonores et de bruitages. Herrmann s’y était opposé. C’est finalement dans Les Oiseaux qu’ils reprennent cette idée. Le compositeur utilise alors un synthétiseur créé pour mixer et altérer des sons d’oiseaux. Ainsi, lorsque l’héroïne est attaquée dans la mansarde, les battements d’ailes des oiseaux engendrent à eux seuls l’angoisse. Cette partition est un véritable exemple de musique concrète au cinéma (dès 1963…).

Taxi Driver

Herrmann refusa systématiquement les appels du pied d’Alfred Hitchcock qui lui demandait de composer des thèmes aux sonorités jazz. Ce désaccord fut l’une des raisons de la fin de leur collaboration. En composant la bande originale de Taxi Driver de Scorcese, sa dernière, il s’attaque enfin au jazz symphonique. Pour représenter la solitude de Travis dans la ville, il compose des parties de saxophone solo. Il décède après la dernière séance d’enregistrement.

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