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Beirut a grandi

On avait perdu de vue Beirut en 2013, après l’annulation de la tournée en cours pour cause de burn-out de son leader et Zach Condon, la même raison qui l’avait poussé à annuler des concerts en 2008. On pouvait alors croire le garçon trop fragile pour les tournées-marathon qui sont la règle aujourd’hui. Voire trop fragile pour être sur le devant de la scène. A l’occasion de la sortie du quatrième album de son groupe, il nous montre que c’était bien mal le connaître.

Huit années nous séparent de The Flying Club Cup, le magnifique deuxième album de Beirut et de son titre phare « Nantes » (lequel ?). Huit années, c’est peu et beaucoup à la fois. Il n’est plus ce garçon d’une petite vingtaine d’années au visage poupin, à la coiffure en bataille et au regard dans lequel se mélangeaient la timidité et l’émerveillement.

Aujourd’hui, il approche de la trentaine, son visage s’est affiné, la barbe a poussé et son regard est de celui qui a réussi à se relever. Car les dernières années n’ont rien eu d’une retraite dorée pour le natif de Santa Fe. Il a fallu se ressourcer après le burn-out, faire face à un divorce et retrouver l’inspiration. Une nouvelle petite amie stambouliote lui aurait également permis de sortir la tête de l’eau et de revenir aujourd’hui avec No No No.

On pourrait légitimement croire que ses multiples allers-retours entre Brooklyn et Istanbul aient renforcé son goût pour les sonorités des Balkans, cette patte qui a marqué toute sa discographie (mis à part dans son EP Realpeople : Holland où il s’était essayé, non sans succès aux sonorités électroniques). Mais c’est bien le contraire qui s’est produit.

La première chanson de l’album « Gibraltar » confirme l’impression donné avec « No No No », la chanson qui a annoncé le retour de Beirut : les cuivres sont toujours présents mais relégués au second plan au profit des pianos et claviers, la voix est plus posée que par le passé. Ce nouveau son donne à l’ensemble un côté pop ensoleillée d’un dimanche de début mars.

Beirut – No No No

Car plus que le changement de sonorités, ce qui marque c’est le changement de couleur opéré dans le paysage de Beirut. Sur la pochette, au lieu des teintes grises et beiges auxquelles on était habitué, on laisse place à un magnolia en fleurs sur un fond turquoise. Le clip de « No No No » est tout en couleurs et en dérision. Et que ce soit sur « August Holland », « Perth » ou « Pacheco », on retrouve cette pop lumineuse et délicate.

Même ses paroles, qui dépeignent à leur habitude des petites scènes de la vie quotidienne sont plus empreintes d’optimisme que de mélancolie. Et ce alors que les difficultés passées de Zach Condon ne sont pas occultées. Par exemple, il commence son album en chantant « Everything should be fine / You’ll find things tend to stand in line ». Seul  « So Allowed » tranche avec cette atmosphère et qui nous replonge dans le Beirut d’antan, un Beirut plus sombre mais aussi plus bouleversant où la voix si particulière de Zach Condon se lâche pour nous donner la chair de poule.

Au final, Beirut nous revient avec un album très agréable mais court (29 minutes) et avec très peu de fausses notes, mis à part le goût d’inachevé de « At Once » et un « As Needed » sans grand intérêt. Surtout, Beirut semble s’être définitivement détaché de son étiquette « groupe-indé-aux-sonorités-balkaniques-et-créateur-de-Nantes » après The Rip Tide. Ce changement d’atmosphère plus épuré pourrait ennuyer. Mais au contraire, réjouissons-nous.

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