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Astropolis, quelques codes de langage

Les reports, c’est souvent ennuyeux. Alors on cherche toujours d’autres moyens de parler d’un événement. Au retour d’Astropolis, quelques jours après avoir retrouvé notre cerveau resté à la maison, l’idée que le festival avait redéfini certaines notions de langage nous paraissait intéressant. Croyez-le ou non, les mots croisière, kick, Laurent Garnier, Océanopolis n’ont pas la même résonance quand il s’agit d’Astropolis.

Croisière

Dans le langage courant : une croisière est un voyage à titre principalement récréatif effectué en bateau. C’est une forme de tourisme qu’on apparente souvent au soleil, la détente, le calme, le luxe. Parfois même la volupté. Les voyageurs ont par moments ce petit sourire satisfait de ne rien faire d’autre que des allers-retours entre la serviette et la piscine située à l’étage supérieur d’un bateau immense.

Dans le langage Astropolis : une croisière est un tour sur la rade de Brest en pleine tempête. Les participants sont en imper et pourtant complètement trempés. Alcoolisés par de savants mélanges de houblon et de malt ou de Club Mate et de vodka, ils ont ce sourire niais constant pendant toute la traversée en regardant leurs amis. Des collectifs de distributeurs de bonheur comme Station Rose ou Rose et Rosée s’occupent de la scénographie et de l’animation musicale du lieu habituellement nu. Dans une ambiance d’anniversaire voire de kermesse, on y danse le disco, le funk et la house. Il est possible d’imaginer fumer des cigarettes sur le pont, là où les rafales vont bon train. Il n’est pas rare de se trouver en face de matelots qui crieront à l’iceberg en sonnant la cloche. Ne craignez rien, ils sont juste saouls. A noter : contrairement aux discothèques classiques, il est impossible pour le videur de vous sommer de partir. Un « Hommalamer » s’en suivrait.

Kick

Dans le langage courant : un coup de pied lancé vers quelqu’un ou quelque chose. Le kick est souvent accompagné d’une animosité entre le porteur du coup et le récepteur humain, ou matériel. Il est parfois utilisé en cas de bagarre, de jeu débile ou de fatigue matinale. Pour ce dernier cas, la plupart du temps à destination d’une table basse, il est commun d’entendre de la part du porteur de coups les termes « putain, fais chier » ou « ah le fils deup » ou « argh ».

Dans le langage Astropolis : un kick est une frappe martiale, sans cœur ni patrie, un claquement dans l’air, une vibration violente, faisant écho au son de la grosse caisse de la batterie. Aîné bedonnant et gros nounours de la famille techno, il n’a pas son pareil pour déclencher l’activité chez les danseurs. Chez certains DJs comme Tommy Four Seven invité pendant la saison des pluies brestôase, on parlera plutôt de frappe chirurgicale tout droit sortie de l’enfer. Autres fonctionnalités, le kick peut aussi retourner le dancefloor, ne jamais venir quand on l’attend, être rond et rebondissant dans la house music, sentir bon l’infrabasse, donner des vertiges et la nausée. Il ne sort jamais sans sa sœur berlinoise à la voix stridente, la snare, spécialiste des acouphènes, et le petit dernier, le hat, tout mignon tout doux.

Laurent Garnier

Dans le langage courant : Laurent Garnier, né le 1er février 1966 à Boulogne-Billancourt, est un DJ, compositeur et producteur de musique électronique. Il a fondé et dirigé le label français F Communications et reste aujourd’hui le porte-parole de la musique électronique underground en France. Il a œuvré toute sa carrière durant à laver l’honneur des raveurs considérés à tort comme des êtres maléfiques. Et sans âme, forcément. Laurent Garnier, contrairement à son pair populaire David Guetta, est une figure de la musique techno, joue dans des clubs de taille moyenne plutôt qu’à Las Vegas et est reconnu et adulé dans le monde entier pour sa musique. Les places s’arrachent pour chacune de ses prestations à en faire frémir les Rolling Stones.

Dans le langage Astropolis : Laurent Garnier est un DJ de type animal à tendance yéti qui joue avec un collectif nommé le Sonic Crew, lui aussi amateur de la jungle. Tourné vers l’éducation et la culture, il mixe exclusivement pour les enfants. Ces derniers débarquent dans des salles noires où sont mis à disposition brochettes de bonbons, stands de maquillage, graffs sur murs – aussi appelé coloriage -, danse sur de la musique afro, funk, soul, house. Les événements dans lesquels joue Laurent Garnier et ses acolytes sont rendus possibles par des gangs organisés pour la fête. L’un deux, nommé Cookids On the Floor, est d’ailleurs à l’origine de la dernière représentation de l’artiste au Centre d’Art Contemporain Passerelle à Brest. Totalement inconnu dans le milieu, il aime à jouer pour un public qui vient uniquement pour la musique, rien que pour la musique. Une audience pointue qui ne juge que sur la qualité du bonbon et du kick (voir déf : Kick). Les parents, quant à eux, qui jugent beaucoup plus la musique sur le nom, tentent chaque année de s’infiltrer, grâce à leur enfant dans ces lieux privatifs. Mais se voient à chaque fois refoulés à l’entrée, plantés et déprimés devant l’affiche placardée : Kids only.

Océanopolis

Dans le langage courant : Océanopolis est un centre de culture scientifique consacré aux océans, situé à Brest, près du port de plaisance du Moulin Blanc. C’est également un lieu qui se visite. La forme du premier bâtiment, le pavillon tempéré, rappelle celle d’un crabe. Etonnant, non ? Dans cet établissement dédié aux créatures des mers se cache l’un des plus grands aquariums d’Europe, en forme d’atoll polynésien. Un bassin de 17 m de diamètre, contenant plus de 1 000 m3 d’eau de mer, dans lesquels vivent notamment six espèces de requins (à pointe noire, à pointe blanche, requin taureau, requin zèbre, etc.) mais aussi des raies (dont fait partie le très beau poisson scie).

Dans le langage Astropolis : Océanopolis est un centre qui fascine les amateurs d’afters. Lieu paisible regroupant 10 000 animaux et végétaux marins de 1 000 espèces, les festivaliers d’Astropolis vont préférer l’aquarium des poissons trop mignons à la télévision, son point de chute habituel (pas dans cet article, voir déf : Gulli). Les muscles se détendent, l’esprit se calme, l’imagination est à son paroxysme. La créativité atteint son climax lorsque, apeuré par le levé du jour, le Bernard l’Hermite sort soudain de sa coquille aux alentours de 10h. Océanopolis est aussi le fruit de nombreuses légendes dont celle bien connue du chamane Portable (en latin) ou Bodycode (en grec). Un jour qu’il faisait doux à Océanopolis, un artiste soutenu par Astropolis aurait joué et fait danser requins, poissons et foncedés dans l’antre aquatique brestôase. La biodiversité n’aurait fait qu’une, dans une danse magnifique. Comme à l’époque des rave parties ou légumes et être humains cohabitaient.

Allez hop, retrouvez toutes nos vidéos de l’édition hivernale d’Astropolis ici, avec Pavane, Sonja Moonear, ESB, etc.

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