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Astropolis, 20 ans de rave (2/4)

Vingt ans. Vingt ans qu’une poignée de doux rêveurs agitent la pointe bretonne. Vingt ans que le crew d’Astropolis (ré)invente la rave avec goût. Vingt ans qu’il prend les châteaux d’assaut, convie toutes les musiques électroniques pour des nuits blanches mémorables, les yeux tournés vers Detroit, Chicago, Amsterdam ou Berlin. A l’aube d’un anniversaire mémorable, on a décidé de balayer ces deux folles décennies en compagnie de Matthieu Guerre-Berthelot, l’une des deux têtes pensantes de cette aventure dingue. Voici le deuxième volet : 2001-2004.

Pour ceux qui auraient manqué le premier épisode de cette mini-saga, il se trouve ici.

Luke Slater en 2001.

2001. Back in Brest ! On retrouve la ville où on a organisé nos premiers concerts et nos premiers 400 coups. L’adjoint à la culture de l’époque, Jean Champeau, nous branche : « Pourquoi faire Astropolis à Concarneau ? Faites-le à Brest, vous êtes Brestois et votre shop est ici ». Ok, mais où ? On évoque alors avec lui, pour la première fois, le manoir de Keroual. Le parc est magique. C’est aussi le lieu des garden-parties  un peu classes.

Un nouveau maire arrive à Brest, plus actuel. C’est lui qui imposera dans notre ville la Carène, salle des musiques actuelles. On attaque, on a envie de travailler sur un festival qui casse les chapelles, on a envie de mélanger les styles, toujours dans l’underground. Pas facile. Les conservateurs de droite comme de gauche freinent le projet. L’édition 2001 se fera et sera un semi-échec. On se dit que c’est peut être trop tôt pour mélanger les styles, c’est compliqué de transporter le public du Château de Keriolet (top glamour) à Brest (ville grise et militaire). Pourtant, le plateau remplirait aujourd’hui un stade : Carl Cox, Phoenix, High Tone, Le Peuple de l’Herbe, Luke Slater, Jeff Mills, Kojak, Watcha, Nostromo. On invite aussi Suicide, Rubin Steiner, Schneider Tm.

Deux sets marqueront cette édition : le premier set, en clôture de l’Astrofloor, du Driver (nouveau nom de scène de Manu Le Malin), puis le live de Miss Kittin & The Hacker. Je me souviens de Miss Kittin arrivant timide, se demandant si ça allait prendre. Ils ont ouvert le dancefloor, habitué aux rythmes techno, à un nouveau style : l’électro-clash. Astropolis a sûrement été le premier festival à les proposer et à proposer ce style, qu’on entendra pendant 3 ans.

Heretik en 2002.

2002. La descente est dure : grosse ardoise, notre co-producteur quitte le navire… Il y a 200 000€ de dettes à éponger. On persiste. On avait respecté tous nos engagements, il n’y avait pas de raison d’annuler Astropolis 2002. Et puis, un mauvais enchaînement arrive : une sale soirée étudiante à Brest (5 morts), le délire anti-free party, le 21 avril, Sarkozy comme ministre de l’Intérieur…

L’interdiction tombe. On ira au procès et finalement, le festival aura lieu. On doit tout remonter en trois semaines, avec 200 000€ de dettes aux fesses… Honnêtement, c’est l’édition la plus borderline qu’on ait fait. Sans l’aide d’Antoine et Arnaud de Uwe, Astropolis n’existerait plus. On réussit à faire une soirée au Calao à Quimper avec Andrew Weartherall et Richie Hawtin. La soirée du samedi à Keroual ressemble à une rave-teknival : c’est un joli, bon et un beau bordel. DJ Hype, Jamalski et Elisa do Brasil claquent la cour. Une nouvelle débarque et joue du hip-hop, du Radiohead, de la techno, du breakbeat : c’est Elien Alien. Sacrée ovation. Et mister Garnier termine l’Astrofloor à 9h du matin… Le nouvel adjoint à la culture de Brest, plutôt rock, viendra me dire que c’était vachement bien.

Les 2 Many DJ’s en 2003.

2003. On s’attend à un retour de bâton, car on a un peu forcé la main en 2002. Mais non ! La mairie nous dit que c’est « un beau projet », et qu’on y va ensemble. La rave devient festival. Astropolis investit Brest : on est invités aux Jeudis du Port (l’événement le plus grand public de l’été à Brest). Aphasia, Torgull et les Tambours du Bronx y joueront. On se fait Le Centre d’Art Contemporain Passerelle, revisité par les Aquabassimo, qui y posent une pelouse. On fait jouer la divine Julie Cruise au Vauban dans un décor digne de Twin Peaks – ce sera l’un des plus grands souvenirs d’Astropolis, tandis que les 2 Many Djs explosent la Suite.
Le samedi à Keroual sera une soirée encore mythique et bordeline, vu qu’on accueillait une grosse team de l’underground techno : Kaos, Sirius, 4Q, Steeve Beldam, Circus Alien. Les bonhommes n’ont pas souvent joué dans une soirée « payante ». Ils débarquent avec leur son, la famille et les enfants. L’ambiance est cool. Dave Clarke joue la star, mais renverse l’astrofloor et propose à Miss Kittin de la ramener dans son jet.

Luciano et Villalobos en 2003.

2004. Les 10 ans ! On y croit pas. Soulwax vient jouer sur le port. Villalobos et Luciano défoncent tout au Vauban, tout en faisant fumer toute l’équipe technique, qui ne comprend plus grand chose. Jeff Mills fera un ciné-mix sans autorisation sur « 2001, l’Odyssée de l’Espace ». C’est aussi l’année de Vive La Fête que personne ne connait, et de Nouvelle Vague (on est fans de new wave). Ils arrivent avec une petite chanteuse à accent : c’est Camille. Cela se passe à La Passerelle l’après-midi devant 200 personnes…

Alors, bien sûr, le samedi à Keroual, on s’est fait plaisir : Optimo, Lenny Dee, High Tone, Pendulum, Manu, Speedy J, Producer… et le set mythique de Laurent Garnier qui devait jouer 10h. En fait, il a commencé avant que les gens rentrent, et il a finalement joué 12h. Petit bémol : il devait faire le final sur l’Astrofloor avec Manu, mais les groupes électrogènes ont lâché. C’était une erreur de jeunesse. Voilà, en 2004, on avait un super jouet. Bah on a tout cassé l’année suivante.

A suivre…

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