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À la mairie avec Delerm pour les noces de porcelaine du label « Tôt ou Tard »

La précision impose de qualifier d’Hôtel de Ville à Paris ce qui se nomme mairie à la campagne. Ceux qui grattent derrière le vernis parisien de Vincent Delerm comprendront que la Province – sa Normandie natale en particulier – revient dans les textes du pianiste amusant. Oui, Delerm ne rime pas automatiquement avec nonchalance et chanteur lancinant. Comme il l’a encore prouvé jeudi dans les salons de l’Hôtel de Ville pour le festival gratuit Fnac Live, humilité et fou-rire se croisent dans la dérision qui orne ses chansons et ses explications.

Prêt à jouer ? Essayez donc de placer dans un couplet « papier peint orange », « essuie-glaces », « la Porte Maillot » et « François de Roubaix dans le dos », le tout sans endormir votre auditoire. Vincent Delerm réussit ce pari. Enfin, avec le pianiste aux cheveux poivre et sel, c’est souvent quitte ou double concernant le seuil d’acceptation. Sous les dorures de l’Hôtel de Ville, les Parisiennes susurraient en chœur des refrains qui se perdaient dans les colonnades. Les barytons ne sont pas la composante première du public de Delerm. Un homme s’est toutefois fait remarquer en ouverture du concert. Le pianiste Yannaël Quenel a lancé la soirée avec Mozart. Pour être transparent, on a cru s’être planté de salon…

A l’occasion des 20 ans du label, ce 21 juillet voyait défiler des artistes signés chez Tôt ou Tard. Le fil rouge était tout trouvé pour le disciple d’Alain Souchon qui a confié plusieurs anecdotes. Celle de sa rencontre avec le fondateur du label flirtait avec le one-man-show. « Quand je lui fais écouter ‘Évreux’, une chanson sur un restaurant asiatique… un soir à Évreux, je sens qu’il faut passer à la suivante. On écoutait la chanson et je voulais qu’il se concentre sur le refrain pour comprendre l’histoire. Et là, son téléphone sonne, donc n’entend rien. Il me dit qu’on reste en contact. Moi, je me dis que c’est fini. » Seize ans plus tard, Vincent Frèrebeau signe toujours son poulain. Le prochain album (A Présent) arrive début octobre. L’autre Vincent a conservé au chaud ses nouveaux titres, laissant uniquement filtrer ce teaser et le titre éponyme de cette future galette.

Vincent Delerm ne serait rien sans référence et name dropping (« Fanny Ardant et moi », « Deauville sans Trintignant »). Lorsque Jeanne Cheral s’invite pour un quatre mains avec un couplet revisité en l’honneur du lieu du concert (« Quand on est Amoureux »), le perfectionnisme et l’envie de bien faire ne font plus de doute. Le fan s’amuse à le voir jouer avec cette image de bobo qui lui colle aux basques. « L’Hacienda », joué à Fnac Live et présent sur son dernier album, n’a rien à voir avec un couple d’urbains allant arpenter les rues de Séville lors d’un week-end prolongé. Le flegmatique assumé évoque le club de Manchester dans lequel Laurent Garnier a été DJ résident avant que Tôt ou Tard n’existe. Déroutante, son interprétation envoie directement l’assistance au cœur d’un après-midi dominical pluvieux.

Définir Vincent Delerm n’est pas aussi simple que laisse transparaître son image auprès du grand public. Ne serait-il pas simplement le fruit de son époque ? Celle qui a repoussé l’âge adulte aux années 2000 mais qui ne peut s’empêcher de fantasmer les années collège où Jeanne Mass, l’UNSS et ce maillot mythique de l’AC Milan se portait lors « de reprises de « La Bombe Humaine » les soirs du 21 juin ». Il y a « Un Temps Pour Tout« , comme le chantonne l’intéressé.

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